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Histoire de l’Apologétique Chrétienne: Justin Martyr, pt. 2

Histoire de l’Apologétique Chrétienne : Justin Martyr, pt. 2

Un regard sur sa méthode et sa défense du Christianisme

            Chadwick décrit l’attitude intellectuelle de Justin Martyr, face au Christianisme, de la manière suivante : « Si le christianisme est vrai, il n’a rien à craindre de l’examen. L’apologiste ne doit jamais descendre aux sophismes ingénieux pour gagner un argument et doit parler sans crainte ni faveur [ici Justin parle des flatteries manipulatrices] comme celui qui n’a rien à cacher. La faculté rationnelle que Dieu a donnée à tous les hommes est un instrument providentiel pour arriver à la vérité. L’argument impartial va convaincre les lecteurs impartiaux. Les seules ennemies dont le Christianisme devrait craindre est l’ignorance de ce qu’il est et les préjugés qui empêchent les hommes d’en prenant soin de dissiper leur ignorance. »[1] Justement, une citation de sa première apologie nous démontre que Justin Martyr est certain que l’homme, même l’homme qui n’est pas régénéré ni intéressé à l’évangile, peut être convaincu de la vérité du Christianisme, mais que ce n’est pas nécessairement un processus qui est facile, « Mais nous savons qu’il n’est pas facile de changer en peu de mots un esprit possédé par l’ignorance…Aussi pour convaincre les amis de la vérité, voulons-nous ajouter quelques mots. Peut-être qu’à la lumière de la vérité l’erreur se dissipera. »[2] Justin pense, aussi, que les philosophes païens auraient découvert certaines vérités au sujet de Dieu, sans la révélation divine venant des prophètes et apôtres. Ce qui est vrai, ne devrait pas être nié, mais, reconnu.[3] Il faut reconnaître, par exemple, que le Christianisme va plus loin, et dit plus au sujet de Dieu que ce qui peut être même imaginé par les philosophes et penseurs humains.[4] Voilà une des premières approches, d’un apologiste chrétien, à la question de la relation entre la théologie chrétienne et la philosophie païenne. Justin n’est pas hostile à la philosophie païenne, même s’il pense que la philosophie païenne contient beaucoup d’erreurs. En fait, à travers cette œuvre nous voyons Justin en train d’utilisé des sources païennes pour défendre la foi chrétienne. Ce que nous allons voir, est qu’il cite les sources païennes pour démontrer que la doctrine chrétienne n’est pas si différente, à plusieurs points, des meilleurs philosophes païens (tel que Platon). Ceci nous fait penser à l’apologia de l’apôtre Paul quand il était à l’aréopage à Athènes. Dans cet enseignement, comme nous avons vu, Paul cite un auteur païen, aux païens, pour faire un point.

La première apologie de Justin est adressée à l’empereur Antonin Pieux, et à ceux de sa maison. C’est une apologia, et non une exposition complète des doctrines chrétiennes, alors il ne faut pas attendre à trop de développement des doctrines chrétiennes. Il commence l’apologie en faisant appel à la recherche naturelle de l’homme de la connaissance de la vérité. « La raison veut que ceux qui sont vraiment pieux et sages estiment et aiment exclusivement la vérité et refusent de suivre les opinions des anciens, quand elles sont mauvaises. Car non seulement la saine raison ordonne de ne pas suivre ceux qui font ou enseignent l’injustice, mais l’ami de la vérité doit de toute manière, même au péril de sa vie, même en danger de mort, observer la justice dans ses paroles et dans ses actions. »[5] Avec cette introduction Justin faite, appelle à son audience pour qu’ils écoutent son apologie sans préjugé, et avec le désir de suivre la vérité jusqu’au bout. Nous voyons, ici, que cette œuvre est écrite comme une défense qui serait présentée devant un juge. Notons les mots suivants, « nous venons vous demander de nous juger selon l’équité et après un mûr examen. »[6] Justin va continuer à utiliser ce type de langage à travers l’apologie, en suppliant les lecteurs de juger de manière juste, après avoir bien saisi les faits. Notez, dans l’introduction, la référence à une doctrine qui était partagée par Socrate, Platon et Aristote. Justin dit, « Car pour nous, nous savons que personne ne peut nous faire de mal…Vous pouvez nous tuer ; nous nuire, non. »[7] En écrivant ceci Justin pensait à ce que Socrate aurait dit lors de son apologia devant le tribunal qui l’accusait d’être athée (parce qu’il nié l’existence des dieux grecs), « Vous aussi, juges, il vous faut avoir bon espoir face à la mort et garder à l’esprit cette vérité-ci : à un homme de bien, aucun mal n’est possible, ni durant la vie ni après la mort, et les dieux ne sont pas indifférents à sa situation. »[8] Il se réfère à Platon, explicitement, un peu plus tard dans son introduction, en notant que Platon (il l’appelle « un ancien ») avait dit que « si les princes et les peuples ne sont pas philosophes, il n’y a pas de bonheur pour les États. »[9] Ici il cite une ligne de la République de Platon.

Le but de cette Première Apologie est de répondre à des accusations qu’on portait contre les chrétiens dans le deuxième siècle. Pour défendre le Christianisme Justin examine chacune des accusations, et expose les doctrines du Christianisme, ainsi que les actions des chrétiens, en disant, « Un nom n’est ni bon ni mauvais : ce sont les actions qui s’y rattache qu’il faut juger. »[10] C’est-à-dire, ce n’est pas juste de jugé quelqu’un par le simple fait qu’il porte un nom. Au contraire, il faut le juger par ses œuvres, parce que ce sont ses œuvres qui montrent le caractère et les croyances d’une personne. Il illustre ce point en notant que l’empereur ne condamne pas ceux qui prétendent être philosophes (c’est-à-dire, ceux qui prends le nom « philosophe »), mais qui enseignent l’athéisme véritable, ou les mauvaises actions des dieux gréco-romains (en approuvant l’immoralité des dieux grecs).[11] Pourquoi, alors, est-ce qu’il condamne ceux qui prennent le nom « chrétien » qui fuit le mal et qui n’enseignent pas les impiétés ?[12] Où est la justice de ce type de jugement ? Justin procède à montrer que toute ceux qui auraient enseignait le vrai Dieu contre les faux dieux, et la justice contre l’injustice, étaient tuer par les forces des ténèbres, telles que Socrate, Jésus, et maintenant les chrétiens.[13] Il explique que les chrétiens sont traités d’athées pour les mêmes raisons que Socrate était traité d’athée : parce qu’ils nient l’existence des multiples dieux des Grecs et Romains, mais affirment l’existence d’un seul Dieu.[14] Justin dit, « Voilà pourquoi on nous appelle athées. Oui certes, nous l’avouons, nous sommes les athées de ces prétendus dieux, mais nous croyons au Dieu très vrai, père de la justice, de la sagesse et des autres vertus, en qui ne se mélange rien de mal. Avec lui nous vénérons, nous adorons, nous honorons en esprit et en vérité le fils venu d’auprès de lui, qui nous a donné ces enseignements…et l’esprit prophétique. »[15]

Notez, ici, la formule trinitaire de Justin : « Nous croyons au Dieu très vrai, le Père de la justice…le fils venu d’auprès de lui… et l’esprit prophétique. » Il ne fait pas de distinction d’essence des trois personnes de la trinité, mais affirme, clairement, qu’il n’y a qu’un seul Dieu qui est Père, Fils, et Esprit-Saint. Notez, aussi, la référence au « verbe (logos) », un terme qui est très important pour les philosophes néo-platoniciennes, mais aussi le nom donner à Jésus en Jean 1. Justin soutien que le « verbe » de Socrates—sa parole qui était écrite dans l’apologie, et le « Verbe…devenu homme et appelé Jésus-Christ »,[16] disent la même chose : la condamnation de l’idolâtrie et la condamnation de la méchanceté et les actions immorales.

Justin, comme un bon avocat, réponds à un des arguments qui est amené contre les chrétiens—qu’ils sont condamné des pires actions. Pour défendre le christianisme de cette attaque, il démontre, premièrement, que les chrétiens n’ont aucun intérêt à faire le mal, mais qu’ils sont persuadés que Dieu désire qu’ils fassent le bien.[17] Il explique, en suite, que les chrétiens pourraient mentir quand ils sont questionnés, mais, malgré les menaces de mort ils affirment sans peur qu’ils sont chrétien—c’est-à-dire (et, nous voyons la rhétorique puissante, ici, qui aurait dû attirer l’attention d’un philosophe de l’antiquité), les chrétiens préfèrent la vérité à la vie terrestre.[18] Dans ce contexte il fait une affirmation qui nous fait penser à 1 Pierre 3 :15 (et me fait penser qu’il pensait au même texte). Après avoir expliqué que nous attendons la vie éternelle et incorruptible, c’est-à-dire, de « vivre avec Dieu, le père et le créateur de l’univers. », et expliquer que les chrétiens croient que « ceux-là pourront obtenir ce bonheur, qui auront témoigné à Dieu par leurs œuvres qu’ils l’ont suivi et qu’ils ont aspiré à cette vie qui s’écoulera auprès de lui, inaccessible au mal. »,[19] Justin dit, « Voilà en peu de mots notre espérance, la doctrine que nous avons apprise du Christ et que nous enseignons. »[20] Un peu plus tard Justin va répéter, dans une allusion à 1 Corinthiens 15 :19, que « notre espérance n’est pas de ce temps présent. »[21] C’est suivi par une référence à un autre des dialogues de Platon, le Gorgias, où Platon parle du jugement céleste qu’attendent tous les hommes après le mort, « Platon dit que Rhadamante et Minos puniront les coupables traduits à leur tribunal ».[22] Le but de cette référence est de démontre que ce n’est pas seulement les chrétiens qui enseignent qu’il va y avoir un jugement divin de tous les hommes après la mort. La différence entre Platon et le christianisme est que « nous disons nous aussi que ce jugement sera rendu, mais par le Christ. »[23]

Tournant vers l’accusation que les chrétiens sont des athées, Justin explique que c’est vrai que les chrétiens n’offrent pas des sacrifices aux idoles ni aux images de Dieu, parce que, « Nous ne croyons pas en effet que Dieu soit semblable à ces images que l’on dit faites en son honneur. »[24] Sa critique des idoles et les artistes qui les ont fabriqués font penser à Isaïe 42 et 45, et en Jérémie 10. Il continue en faisant remarquer, dans une phrase qui est probablement inspirée d’Actes 17 :24-25, que le seul vrai Dieu « n’a pas besoin des dons matériels des hommes, puisque nous voyons qu’il donne tout. »[25] Notez, ici, qu’il distingue entre les choses qu’ils savent, et les choses qu’ils ont apprises et crues. Les choses qui sont connues sont les choses qui peuvent être connues par la raison humaine à travers ses observations de la nature (Rom. 1 :19-20) : que Dieu n’a pas besoin de rien, mais qu’il est la source de tout ;[26] et qu’il ne dépend pas de quoi que ce soit pour son existence.[27] Les choses qui sont apprises et crues sont les choses qui ne peuvent être connu que par une révélation divine : que Dieu fortifie et soutiens ceux qui s’efforce à l’imiter, que Dieu a créé l’univers, que Dieu offre la vie éternelle, etc.[28] Notez, dans cette section, une phrase qui nous prépare pour la théologie négative que nous allons voir développer plus tard, « tous les attributs de ce Dieu, qu’aucun nom créé ne peut nommer. »[29]

Justin tourne, maintenant, à une autre accusation qui est amenée contre les chrétiens, qu’ils attendent un autre royaume, ce qui sous-entend, pour les accusateurs, que les chrétiens se préparent pour s’attaquer à l’Empire romain. Mais, dit Justin (et sa réponse à des répercussions pour n’importe quelle tentative de comprendre la relation entre l’état et l’église), nous attendons, effectivement, un royaume, « mais c’est du royaume de Dieu que nous parlons. »[30] Les chrétiens ne sont pas contre l’Empire romain, mais, dirait Justin (dans un point qui nous fait penser à la conclusion de l’Apologie d’Aristides), les chrétiens sont les meilleurs citoyens qu’un empereur pourrait vouloir, parce que, « d’après notre doctrine, nul ne peut échapper à Dieu, le méchant, l’avare, le perfide, pas plus que l’honnête homme. »[31] En effet, dirait Justine, « Si tous les hommes avaient cette conviction, personne ne voudrait commettre un crime d’un instant. »[32] Les croyances chrétiennes font en sorte qu’ils sont les citoyens les plus désirables, en théorie, pour n’importe quel pays. Ceux qui n’ont pas la crainte de Dieu n’ont pas, non plus, la crainte du gouverneur. Justin supplie les lecteurs de considérer ce qu’ils font quand ils condamnent les chrétiens : c’est-à-dire, ils condamnent ceux de l’empire qui sont les plus vertueux, mais laisse aller ceux qui sont injustes et immoraux. Mais, dit Justin, nous attendions à un tel traitement parce que c’était prédit par Jésus.[33] Il note (et c’est un argument qui va revenir souvent à travers l’histoire de l’apologétique), que les prophéties accomplies rendent la foi des chrétiens inébranlable. « C’est le propre de Dieu d’annoncer l’avenir et de montrer réalisé ou fait ce qu’il a annoncé. »[34] Justin affirme qu’il pourrait arrêter là, mais il pense que les lecteurs voudraient connaître la vérité, alors, au lieu de donner une simple défense du christianisme (contre ces adversaires), il va tenter de les convaincre de la vérité du christianisme. « Peut-être qu’à la lumière de la vérité l’erreur se dissipera. »[35] Ainsi fini la première section de la Première Apologie.

Dans la prochaine section il explique ce que les chrétiens croient concernant comment adorer véritablement le seul vrai Dieu. Nous voyons, dans cette section, trois points d’intérêts : (1) Justin décrit Dieu comme étant éternel, immuable, et le créateur de tout ;[36] (2) la formule trinitaire est, ici, un peu plus développée que celui qu’on a déjà vu. Sa manière de l’expliquer pourrait être un peu mêlante, parce qu’il parle de second et troisième rang. Il faut se rappeler que les chrétiens, à ce point en histoire, sont toujours en train d’essayer de trouver la bonne manière de parler de la trinité. Nous allons voir, dans les travaux des auteurs des années 300-400, la développement et défense de la Trinité. Ce que Justin cherche à exprimer par ces termes est les enseignements du Nouveau Testament que (a) Jésus est engendrés du père et envoyés par le père, et (b) que l’esprit est envoyé par le père et le Fils. (3) Notez, finalement, que Justin n’a pas de trouble à reconnaître la présence, dans la Bible, d’un mystère : une doctrine qui est vraie, cohérente, mais incompréhensible, et qui doit être acceptée par la foi.

Il présente, en suite, la preuve que le christianisme enseigne la véritable moralité. Il commence en expliquant que la foi des Chrétien en lui, a changé leurs vies.[37] Pour soutenir le fait de ses changements, il prend le temps pour expliquer plusieurs des enseignements de Jésus sur la moralité.[38] Justin finit cette section en suggérant que l’empereur punit, justement, ceux qui se disent chrétiens, mais qui n’agissent pas selon les enseignements de Jésus, « Punissez donc ceux qui ne vivent pas conformément à ces préceptes et qui ne sont chrétiens que de nom : c’est nous qui vous le demandons. »[39] C’est nous qui vous le demandons. Les Chrétiens, dit Justin, sont tellement dédié aux enseignements de Jésus, et à la vie exemplaire à laquelle il les a appelés, que Justin lance à un défi à l’empereur : tuer nous si tu vois que nous ne vivions pas une vie exemplaire comme Jésus nous demande. Si je peux me permettre un commentaire pour les chrétiens contemporains, est-ce que nous sommes prêtes, nous, aujourd’hui, à lancer ces défis à notre société qui nous entoure ?

Justin ne tient pas la philosophie en mépris, mais, au contraire, il reconnaît, comme nous l’avions déjà fait remarquer, que les philosophes ont souvent trouvé des vérités, même au sujet de Dieu, et la fin des temps. Il qualifie ce point en notant que là où les philosophes se sont trompés, les chrétiens tiennent la vérité. Justin demande, après tout ce qu’il vient de dire, « Si donc, sur certains points, nous sommes d’accord avec les plus estimés de vos philosophes et de vos poètes, si, sur d’autres, nous parlons mieux qu’eux et d’une façon plus digne de Dieu, si seule enfin nous prouvons ce que nous affirmons, pourquoi cette haine injuste et exceptionnelle contre nous ? »[40] Par exemple, les Chrétiens sont d’accord avec Platon que Dieu a créé l’univers (Justin fait référence au dialogue Timée de Platon) ; avec les Stoïques que l’univers va être détruis par le feu ; avec les philosophes et poètes grecs en générale, qui enseignent que les injustes vont être punis éternellement pour leurs mauvaises actions ; et même avec certaines penseuses grecques, telles que Ménandre, qui enseignaient que le créateur dépasse infiniment la créature.[41] Nous allons revoir ce type de commentaire, concernant la relation entre les écrits païens et les écrits chrétiens, à plusieurs reprises à travers l’histoire de l’apologétique chrétien.

Tournant vers les évènements entourant la vie de Jésus Justin fait remarquer que ce n’est pas plus étrange que les histoires qui sont racontées au sujet des dieux des religions à mystères et les mythes gréco-romains.[42] Il note, par exemple, que les mythes parlent des actes immoraux, quoi que Jésus nous encourage à la sainteté ; mais, plus important, même s’il y avait des ressemblances entre les histoires mythiques et la vie de Jésus, seules les histoires de la vie de Jésus sont vraies. Les chrétiens recommandent qu’on croie Jésus parce qu’il a réellement fait tout ce qu’on dit de lui.[43] « Jésus-Christ seul est proprement le fils de Dieu, son Verbe, son premier-né, sa puissance, et il s’est fait homme par sa volonté pour nous apporter une doctrine destinée à renouveler et à régénérer le genre humain. »[44] Nous allons revoir ce même type de défense à plusieurs reprises, mais notamment chez C. S. Lewis, dans son livre Miracles.[45]

Justin tourne, un peu plus tard, vers une défense de la divinité de Jésus-Christ. Il propose que le fait que Jésus fût l’accomplissement des prophéties soit offert comme démonstration de sa divinité.[46] Avant de regarder les prophéties, Justin explique que l’empereur pourrait aller consulter la traduction grecque de l’Ancien Testament qui était traduit par les Juifs, et qui est utilisé par les Juifs—le septante.[47] Il explique, aussi, qu’il y eut des longues périodes d’années entre la réception des prophéties et l’accomplissement des prophéties.[48] Les versets auxquelles il se réfère sont, entre autres, Genèse 49 :10-11, Isaïe 7 :14, 9 :6, 11 :1, 10, 65 :2, Nombres 24 :17, Michée 5 :2, et Psaume. 22 :16-18. Il y a un interlude, dans lequel il offre une explication de la relation entre la souveraineté de l’homme dans les prophéties et la liberté de l’homme.[49] Il continue, par la suite, avec d’autres prophéties accomplies.[50]


[1]Chadwick, JMDC, 278.

[2] Martyr, Première Apologie, 23.

 

[3]Ibid., 43.

 

[4]Ibid.

 

[5]Ibid., 3.

 

[6]Ibid., 5.

 

[7]Ibid.

 

[8]Platon, Apologie, 41c-d, dans Euthyphron et Apologie de Socrate, trad. Frédérick Têtu et Bernard Boulet (Québec : Collection Résurgences, 1995), 52. Il se peut que Justin pensât aussi à une section du Phédon, 63e-64b, où Socrate, parlant avec ses amis avant son exécution (punition pour avoir « enseigner » qu’il n’y avait qu’un seul dieu), aurait dit, « il me paraît raisonnable de penser qu’un homme qui a réellement passé toute sa vie dans la philosophie [la poursuite et amour de la sagesse] est, quand il va mourir, plein de confiance et d’espoir que c’est là-bas qu’il obtiendra les biens les plus grands, une fois qu’il aura cessé de vivre…que tous ceux qui s’appliquent à la philosophie et s’y applique droitement ne s’occupent de rien d’autre que de mourir et d’être mort (Platon, Phédon, trad. Dixsaut (Paris : GF-Flammarion, 1991), 212.). » Aristote, aussi, avait dit, dans l’Éthique de Nicomaque, « mais s’il est vrai que l’activité domine souverainement notre vie, comme nous l’avons dit, aucun être heureux ne deviendra misérable…jamais l’être qui possède le bonheur ne peut être misérable (Aristote, Éthique de Nicomaque, t. 1, ch. X, trad. Jean Voilquin (Paris : GF-Flammarion, 1965), 36.). » Pour Aristote la seule personne qui peut véritablement possédée le bonheur est celui qui vit la vie de vertus parfait.

 

[9]Martyr, Première Apologie, 5-6.

 

[10]Ibid., 7.

 

[11]Ibid., 9.

 

[12]Ibid.

 

[13]Ibid., 11. Il fait encore référence à l’Apologie de Socrate.

 

[14]Ibid.

 

[15]Ibid.

 

[16]Ibid., 11.

 

[17]Ibid., 13-15.

 

[18]Ibid., 13.

 

[19]Ibid., 15. Certaines pourraient avoir tendance de faire le saut avec cette affirmation qui semblerait enseigner un salut par les œuvres, mais c’est n’est rien d’autre que ce qui est enseigner en Jacques 2, et l’affirmation qui allait être connu, chez les Calvinistes, comme la persévérance des saints. Autrement dit, celui qui aurait réellement cru en Jésus-Christ allez démontrer visiblement par ses actions, par la grâce divine, la véracité de sa foi.

 

[20]Ibid., 15.

 

[21]Ibid., 19.

 

[22]Ibid.

 

[23]Ibid.

 

[24]Ibid., 15.

 

[25]Ibid., 17.

 

[26]Ibid., 17.

 

[27]Ibid., 19.

 

[28]Ibid., 17-19.

 

[29]Ibid., 17.

 

[30]Ibid., 19.

 

[31]Ibid., 19.

 

[32]Ibid., 21.

 

[33]Ibid., 23.

 

[34]Ibid.

 

[35]Ibid., 23.

 

[36]Ibid., 25.

 

[37]Ibid., 25-27.

 

[38]Ibid., 27-35. Dans cette section il fait référence, explicitement, à Matt. 5 :28-32b, et un multitude d’autres versets.

 

[39]Ibid., 35.

 

[40]Ibid., 43.

 

[41]Ibid.

 

[42]Ibid., 43-45.

 

[43]Ibid., 47.

 

[44]Ibid., 49.

 

[45]Lewis, Miracles.

 

[46]Martyr, Première Apologie, 59-87.

 

[47]Ibid., 61.

 

[48]Ibid., 63.

 

[49]Ibid., 87-93.

 

[50]Ibid., 93-109.

 

Histoire de l’Apologétique Chrétienne: Justin Martyr, pt. 1

Justin Martyr (c. 103-165 après J.-C.)

Sa vie et ses écrits

            Quasiment tout ce qu’on sait de la vie de Justin Martyr vient de ses propres écrits, tels que la première apologie et Dialogues avec Tryphon.[1] Justin Martyr était, né, selon son propre témoignage, à Flavia Neapolis, une ville en Syrie, Palestine.[2] Goodenough fait remarquer que Flavia Neapolis était près de Sichem où on trouvait le puits de Jacob.[3] Semisch note que cette ville était dominée par la culture Greco-Romain.[4] Son père s’appelait Priscus, et son grand-père Bacchius.[5] Élevé un païen,[6] Justin nous informe, dans son Dialogue avec Tryphon, qu’avant de se convertir au christianisme, il a cherché une formation en philosophie.[7] Il nous explique, dans le deuxième chapitre de ce dialogue, que la philosophie peut amener à la connaissance de Dieu, et, désirant connaître Dieu, il a cherché une éducation philosophique.[8] Il a commencé ses études avec un philosophe stoïque, mais, après un longue période d’étude, n’ayant pas rien appris au sujet de Dieu, il était allé vers un philosophe aristotélicien.[9] L’aristotélicienne demandait qu’on le rémunère pour ses enseignements, alors, après seulement quelques jours, Justin était allé ver un disciple de Pythagore.[10] Après un certain temps avec ce philosophe, n’ayant rien appris de plus, Justin s’est tourné vers un philosophe platonicien.[11] Il a passé un longue période de temps avec les platoniciennes, apprenantes au sujet des formes, et la contemplation des formes. Il a découvert que même les platoniciennes n’avaient pas découvert la vérité au sujet de Dieu.[12] Durant sa période platonicienne, il a rencontré un vieillard avec qui il a commencé une discussion.[13] Le vieillard discute avec Justin au sujet de ce que Platon enseignait dans certains de ses écrits,[14] et finit par l’encourager à lire les prophètes d’Israël.[15] Le vieillard lui à parler du Dieu de la Bible,[16] et de plusieurs d’autres sujets dont Justin ne mentionne pas, et, Justin explique que c’est depuis ce moment qu’il a convertis à la Christianisme.[17] C’est de cette manière que Justin commence sa discussion avec le Juif Tryphon. Certaines pensent que l’histoire racontée, par Justin, de son éducation et conversion n’est qu’une histoire fictive,[18] mais, comme dit, Semisch « cette supposition elle-même n’est rien d’autre qu’une fiction arbitraire ; pour nous ne pouvons pas concevoir sur quelle base la crédibilité historique de cette narrative peut être rejeté. »[19] En effet, Semisch démontre que chacun des éléments de cette histoire peut-être confirmer par d’autres mentionne autobiographiques trouver dans les autres écrits de Justin.[20]

De sa conversion jusqu’à sa mort Justin à enseigner, et défendu devant les païens, les vérités du Christianisme. On nous explique qu’il est devenu, pendant une certaine période de temps, un évangéliste voyageant à Éphèse autour de 130. Droge nous explique que Justin a voyagé à Rome, autour de 150, où il a établi une école de philosophie Chrétienne.[21] Chadwick mentionne que Justin, étant un des premiers penseurs chrétiens de penser et écrire au sujet de la relation entre la philosophie et la Christianisme,[22] et il continuait être considéré, et de se considérer, comme un philosophe professionnel.[23] Selon Justin, en effet, la Christianisme étant la vérité, était ce fin qui était cherché par tous les philosophes, et, donc, c’était la véritable philosophie.[24] Durant ces années il a non seulement défendus la Christianisme des attaques des non-croyantes, mais, aussi, des hérésies de ceux qui se disaient Chrétien. On nomme Justin le Martyr parce qu’il est mort pour sa foi à Rome durant le règne de Marcus Aurelius alentour de 162-168 Apr. J.-C.[25]

Les écrits de Justin incluent sa Première Apologie, écrit après 151 ; sa Deuxième Apologie, le Dialogue avec Tryphon, un discours avec les Grecques, une Adresse oratoire aux Grecs, Sur le Gouvernance unique de Dieu, une œuvre sur la Résurrection de Jésus, et d’autres écrits.


[1]Cf. Arthur J. Droge, “Justin Martyr and the Restoration of Philosophy,” Church History, vol. 56, no. 3 (Sept., 1987), 303.

[2]Justin Martyr, Première Apologie, ch. I, dans Apologies, trad. Louis Pautigny (Paris : Alphonse Picard et Fils, 1904). Cf. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9. Henry Chadwick, “Justin Martyr’s Defence of Christianity,” Bulletin of the John Rylands Library, vol. 47, t. 2 (1965), 276. Charles Semisch, Justin Martyr: His Life, Writings and Opinions, trans. J. E. Ryland (Edinburgh: Thomas Clark, 1843), 1 :7. Selon Semisch on ne peut pas fixer avec certitude la date de naissance de Justin Martyr.

[3]Goodenough, The Theology of Justin Martyr, 57.

[4]Semisch, JMLWO, 1 :7.

[5]Martyr, La Première Apologie, I.

[6]Semisch, JMLWO, 1 :7-8. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[7]Justin Martyr, Dialogue avec Tryphon, ch. II. Cf. Marcus Dods, George Reith, et B. P. Pratten, eds. & trans., “Introductory Notice,” in The Writings of Justin Martyr and Athenagoras (Edinburgh: T & T Clark, 1909), 8. Semisch, JMLWO, 1: 8. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[8]Justin Martyr, Dialogue avec Tryphon, ch. II.

[9]Ibid. Cf. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[10]Ibid. Cf. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[11]Ibid. Cf. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[12]Ibid.

[13]Ibid., ch. III.

[14]Ibid., ch. III-VI.

[15]Ibid., ch. VII.

[16]Ibid.

[17]Ibid., ch. VIII. Cf. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[18]C. J. de Vogel, “Problems concerning Justin Martyr: Did Justin Find a Certain Continuity between Greek Philosophy and Christian Faith?,” Mnemosyne, 4e series, vol. 31, fasc. 4 (1978), 360. Ici de Vogel résume la thèse de N. Hyldahl proposant que ce fût une histoire fictive. Cf. Semisch, JMLWO, 1: 18.

[19]Semisch, JMLWO, 1: 18. Traduction le mien.

[20]Ibid., 1 :19.

[21]Droge, JMRP, 303. Cf. Chadwick, JMDC, 277.

[22]Chadwick, JMDC, 275.

[23]Ibid., 277. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[24]Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

[25]Chadwick, JMDC, 303-304. Bettenson, The Early Christian Fathers, 9.

 

Aristide: Le premier apologiste chrétien

Aristide (c. 100-180 après J.-C.)

Biographie de sa vie et notes sur son œuvre

            Très peu est connu de Marcianus Aristide, ce philosophe chrétien d’Athènes, du deuxième siècle,[1] fût, très possiblement, le premier apologiste chrétien après le temps des apôtres.[2] On connait la vie d’Aristide, principalement, à travers quelques sources anciennes, tel qu’Eusèbe et Jérôme. Jérôme (347-419/420 après J.-C.), dans son tome connu sous le titre Des hommes illustre, mentionne Aristide en disant « Aristide, philosophe athénien d’une grande éloquence, fut disciple du Christ sous le manteau philosophique. Il nous a laissé un volume contenant la raison de notre dogme, à la même époque où Quadrat offrait à l’empereur Adrien l’Apologie des chrétiens. Ce livre, qui existe encore aujourd’hui, est, auprès des philologues, la marque de son génie. »[3] Dans son Histoire Ecclésiastique,  Eusèbe (260/265-339/340 après J.-C.) parle aussi d’Aristide en disant, « Aristides, aussi, un homme dévoué fidèlement à la religion qu’on confesse, comme Quadrat,[4] a laissé pour la postérité une défense de la foi, adressée à Adrian. Cette œuvre est aussi préservée par un grand nombre, jusqu’à même aujourd’hui. »[5] Eusèbe mentionne Aristide, aussi, dans le Chronicon. Alors, on sait qu’Aristide était un philosophe chrétien du deuxième siècle qui a écrit une Apologie—un défense—du Christianisme, adressé à un empereur romain. Helen B. Harris définit une apologie chrétienne comme un « des discours au nom des chrétiens fait par ceux qui se présentaient, soit en personne ou par écrit, comme leurs avocats. »[6]

Une portion d’une version Arménien de l’œuvre apologétique d’Aristide, qu’on pensait avoir perdu,[7] l’Apologie, avait était publier par les Lazaristes de Vénice en 1878,[8] mais on n’a pas pu apprécier pleinement l’Apologie d’Aristide jusqu’à 11 années plus tard quand l’Apologie dans son entièreté était découverte, écrit en Syriaque, par Dr. Rendel Harris en 1889 dans un monastère sur le Mont Sinaï.[9] La découverte d’Harris a permis à une deuxième découverte intéressante : une version Grec de l’Apologie d’Aristides avait était incorporé, dans son entièreté, dans une légende bien connue du moyen âge, la légende de Barlaam et Iosaph.[10] Il y a des débats au sujet de quelle version de l’Apologie (celle découverte par Harris, ou celle qui était insérée dans la Légende) représente l’édition la plus vieille,[11] mais, la comparaison de ces deux versions nous permet de situé la rédaction de l’Apologie comme entre 138 et 147 après J.-C.[12] En 1923 Milne a suggéré que la découverte d’un autre document contenant une portion, en Grec, de l’Apologie, semblerait suggérée qu’il y a des déficiences avec les deux textes.[13] Le texte grec inséré dans la légende semble avoir des sections manquantes, mais est plus fidèle aux mots originels d’Aristides ; la texte syriaque contiens tout l’Apologie, mais la traduction ne transmette pas, à plusieurs reprises, le sens du texte originel.[14] Donc, la meilleure tactique serait de lire les deux textes ensemble.

 

L’Approche Apologétique d’Aristide

          Considère, maintenant, l’approche apologétique de l’Apologie d’Aristide. L’analyse de l’Apologie la plus poussée qu’on retrouve dans la littérature, français du moins, depuis la découverte du manuscrit en 1889 est la thèse de Maurice Picard.[15] Malheureusement son analyse de l’argument de l’Apologie est rendue quasiment inutile par son incapacité de reconnaître les outils (rhétorique et logique) qui sont utilisés par Aristide.[16] Il faut dire que plusieurs des arguments présentés dans l’Apologie auraient pu être beaucoup plus élaboré, mais nous voyons, dans cette œuvre, la main d’un écrivain qui sait utiliser la rhétorique très bien, et qui est alaise avec les arguments traditionnellement grecs contre les aberrances du polythéisme grec. Avant de donner une analyse plus profonde des contenus de l’Apologie, nous allons donner une brève ébauche.[17] Nous allons, par la suite, décortiquer la manière dont Aristide présente son argument (considérant, brièvement, chacun des arguments qu’il présente). Nous allons finir avec quelques observations tirées du texte.

 

Ébauche du texte

Aristide commence (ch. I) son Apologie avec un argument, présenter de manière un peu maladroite, pour l’existence d’un seul Dieu (le monothéisme) qui ne change pas, mais qui est la source de tout changement. Il continue (ch. II) en expliquant qu’il y eut plusieurs manières humaines pour parler de la divinité. Il les divise en trois grands groupes : les polythéistes, les Juifs, et les Chrétiens. Le groupe des polythéistes il divise encore en trois, pour correspondre à ce qu’il dit sont les racines de toutes les religions polythéistes : les Chaldéens, les Grecs et les Égyptiens. Il procède, par la suite, à démontrer l’erreur du polythéisme des Chaldéens (chs. III-VII), l’erreur du polythéisme des Grecs (chs. VIII-XI), l’erreur du polythéisme des Égyptiens (chs. XII),[18] et il finit avec une conclusion, remplie d’arguments, concernant les religions polythéistes en générale (ch. XIII). Il tourne, ensuite, vers une brève section concernant les Juifs (ch. XIV), suivi par une section concernant la suprême excellence de la Chrétien (ch. XV). Il conclut en disant que ce n’est que par la vérité du Christianisme qu’on reçoit la vie éternelle, et il suggère que le lecteur vérifie tout ce qu’il dit concernant le Christianisme dans les écrits chrétiens (ch. XVI).

 

L’argument et les arguments de l’Apologie

Le texte de l’Apologie n’est pas long, mais pour quelqu’un qui a une formation philosophique c’est immédiatement évident quelle stratégie l’auteur utilise.[19] Il faut avouer, quand on lit l’Apologie, le génie de l’auteur qui présente un argument qui a comme but de rejoindre le lecteur là où il est. On pourrait trouver plusieurs fautes factuelles dans l’Apologie, mais l’argument d’Aristides, ainsi que son utilisation de rhétorique, est absolument incroyable (comme nous allons voir). Notre analyse de l’argument de l’Apologie va démontrer que la conclusion de Picard était erronée, et que Jérôme avait raison d’applaudir « l’éloquence et le talent de ce philosophe. »[20]

L’argument d’Aristide est une forme de dilemme à 3 termes : (1) Polythéisme, (2) Judaïsme, (3) Christianisme.[21] Aristide prend les religions les plus connues de son temps et il affirme qu’un des trois doit être vrai, mais qu’ils ne peuvent pas être, tous les trois, vrais. Mais, l’interlocuteur pourrait dire, il y a plusieurs formes de Polythéisme, il se peut qu’une de ces formes soit vraie, même d’autres formes de Polythéisme sont fausses. Démontrant son acumen philosophique Aristides réponds à ce contre-argument en disant, « Ceux qui adorent plusieurs dieux se divisent encore en trois races : les Chaldéens, les Grecs et les Égyptiens. Car ils ont été la cause et les initiateurs pour les autres peuples du culte et de l’adoration des dieux qui ont plusieurs noms. »[22] On pourrait, aujourd’hui, contester ce fait, mais Aristide semble penser que personne (du moins l’empereur) ne contesterait pas ce point, et c’est tout ce dont il a besoin pour continuer. Ce qu’il faut faire, alors, pour démontrer que la Christianisme est la seule vraie religion, est démontrer que le Polythéisme (dans ses trois formes fondatrices), ainsi que le Judaïsme sont des fausses religions. Il y a un point important, à noter, ici. Il ne faut pas démontrer que le Judaïsme est complètement faux (parce que la Christianisme serait, alors, aussi fausse), mais que le Judaïsme s’est dévié de la vérité. C’est justement ceci qu’Aristide va faire.[23] Un autre point à noter est que l’interlocuteur aurait pu répondre qu’on ne pourrait pas démontrer qu’une forme de polythéisme est erronée à moins de démontrer qu’aucun des dieux de cette religion sont des vrais dieux. Une fois encore, Aristide prévoit ce contre-argument, et cherche à considérer tous les dieux possibles des trois formes de Polythéisme. Certains de ses arguments peuvent fonctionner pour tous les dieux, et on le voit répéter plusieurs de ses arguments. Que ses arguments s’avèrent être valides (avec des prémisses vraies) est une question, mais on ne peut pas dire que sa stratégie est fautive.[24]

Aristide pose le fondement pour l’argument qu’il va poursuivre dans le premier chapitre où il présente ce qui se ressemble à un argument à partir du changement dans l’univers, et l’arrangement ordonné de l’univers, pour démontre l’existence d’un Dieu qui ne change pas, mais qui est la source de tout ce qui existe. Même Picard reconnaît ce point, quand il dit, « La preuve qu’il donne de l’existence de Dieu, au début de son Apologie, se rapproche de la preuve aristotélicienne. »[25] Étienne Gilson dit, « Partant de la considération de l’ensemble des choses et de l’ordre qu’on y observe, Aristide fait observer que tout le mouvement réglé qui règne ainsi dans l’univers obéit à une certaine nécessité, d’où il conclut que l’auteur et le régulateur de ce mouvement est Dieu. »[26] Aristide dit,

O Roi, je suis entré dans le monde par la providence de Dieu, et ayant contemplé le ciel, la terre et la mer, le soleil et la lune et le reste, je fus étonné de l’arrangement de ces choses. Voyant le monde se mouvoir nécessairement, je compris que celui qui le fait mouvoir et qui le maintient est Dieu. Car ce qui fait mouvoir est plus puissant que ce qui est mû, et ce qui maintient est plus puissants que ce qui est maintenu. Je dis donc que celui qui a organisé et qui maintient toutes choses est le Dieu sans commencement ni fin, immortelle, sans aucun besoin, élevé au-dessus de toutes les passions et imperfections telles que la colère, l’oubli, l’ignorance, etc. Toutes choses ont été créées par lui. Il n’a besoin ni de sacrifice, ni de libation, ni d’aucune des choses qui existent. Mais tous ont besoin de lui.[27]

            Notez, dans cette section, comment Aristide prévoit tous les critiques qu’il va apporter contre les faux dieux des religions polythéistes. Dans la première section, il décrit l’univers qui s’est présenté à lui, en utilisant les mêmes « éléments » qu’il va regarder lorsqu’il considère la religion polythéiste des Chaldéens (le ciel, la terre, le soleil, la lune, et le reste). Il a observé ces choses, et, sans la révélation divine,[28] il est arrivé à la conclusion qu’il y a un Dieu. Dans sa description du Dieu créateur (« sans commencement ni fin, immortelle, sans aucun besoin, élevé au-dessus de toutes les passions et imperfections telles que la colère, l’oubli, l’ignorance, etc. Toutes choses ont été créées par lui. Il n’a besoin ni de sacrifice, ni de libation, ni d’aucune des choses qui existent. Mais tous ont besoin de lui. »[29]) il prévoit les arguments qu’il va présenter contre les dieux grecs et égyptiens. Helen B. Harris fait remarquer que cette section introductoire est une réponse rhétorique au philosophe grec connu comme Anaxagore.[30]  Notez, finalement, que ces deux arguments, ainsi que la manière dont Aristide exprime ces deux arguments, se ressemblent à ce que Paul dit en Romains 1 :19-20, « car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, car Dieu le leur a manifesté. En effet, les (perfections) invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » On pourrait dire beaucoup plus sur cette œuvre, en décortiquant ces arguments pour l’existence de Dieu, et contre les dieux du polythéisme, par exemple ; mais, nous voulons laisser le lecteur avoir la joie de la découverte.

Vous pouvez consulter une traduction française de cette œuvre, en ligne, sur le site d’un des membres de l’Association Axiome : http://www.samizdat.qc.ca/cosmos/philo/PDFs/ApologiedAristide.pdf.

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[1]B. Aubé, Essai de Critique Religieuse de l’apologétique chrétienne au IIe siècle : Saint Justin, Philosophe et Martyr (Paris : Firmin Didot frères & fils, 1861), 96. À l’exception d’une thèse de bachelier en théologie par Maurice Picard (Maurice Picard, L’Apologie d’Aristide, Thèse (Paris : Noblet et Fils, 1892).), l’introduction à l’Apologie publier avec la traduction anglaise de J. Rendel Harris (Aristide, The Apology of Aristides on behalf of the Christians, 2nd ed., trad. et ed. J. Rendel Harris (Cambridge: Cambridge University Press, 1893).), il n’y a qu’un seul analyse des doctrines de l’Apologie, Helen B. Harris, The Newly Recovered Apology of Aristides: Its Doctrines and Ethics (London: Hodder and Stoughton, 1891). Dans ce livre Helen Harris explique le genre d’écrit qu’on voit dans l’Apologie d’Aristides, les évènements entourant la découverte du document, ainsi que les doctrines théologiques et l’éthique chrétienne qui se trouve dans l’Apologie.

 

[2]Il faut mentionner qu’il y a un certain débat au sujet de l’identité d’Aristides. G. C. O’Ceallaigh propose, dans un article sur l’Apologie d’Aristides, que l’Apologie était écrit « by a proselyte to Hellenist Judaism, probably in the time of Hadrian, not as an apology for Christians at all, but primarily as a counterattack upon polytheists and their religious notions and secondarily, as a defense of the monotheistic worship and morals of the Jews. This definitely Jewish work of the second century was interpolated and ‘edited’ by a Christian writer, probably of the late fourth century, and was thus converted into what passed as an apology for Christianity. (G. C. O’Ceallaigh, “‘Marcianus’ Aristides, on the Worship of God,” The Harvard Theological Review, vol. 51, no. 4 (Oct., 1958), 227.)” Malgré la position d’O’Ceallaigh, des théologiens aussi récents que William Edgar et K. Scott Oliphint se sentent entièrement allaise d’inclure l’Apologie d’Aristides dans leurs livres sur l’histoire de l’Apologétique Chrétien, disant que « Apart from his brief Apology, we do not know a great deal about Aristides. He lived a generation after the apostles and was no doubt the most significant apologist before Justin Martyr. (William Edgar et K. Scott Oliphint, To 1500, vol. 1 of Christian Apologetics Past and Present: A Primary Source Reader (Wheaton, IL: Crossway, 2009), 29.) » Leur inclusion d’Aristide comme un apologète chrétien est probablement juste, malgré les arguments convaincants de O’Ceallaigh. D’autres auteurs récents qui inclus l’Apologie d’Aristide comme un œuvre d’apologétique chrétien inclus : Andrew S. Jacobs, « Jews and Christians », dans The Oxford Handbook of Early Christian Studies, ed. Susan Ashbrook Harvey et David G. Hunter (Oxford: Oxford University Press, 2008), 174. Jacobs présente l’Apologie d’Aristide comme un exemple de l’attitude des chrétiennes primitives face aux Juives (Ibid.), ce qui est intéressant, parce qu’O’Ceallaigh avait considéré l’approche de l’Apologie aux Juives comme l’évidence que l’Apologie était, à l’origine, écris par un auteur juif (O’Ceallaigh, 234.). Mark Edwards, dans un article dans le même livre (“Apologetics”, dans The Oxford Handbook of Early Christian Studies, ed. Susan Ashbrook Harvey et David G. Hunter (Oxford: Oxford University Press, 2008), 551.), affirme (sans interagir directement avec O’Ceallaigh) que les difficultés soulevées par O’Ceallaigh ne sont pas si problématiques, et, alors, que ce texte provient, probablement d’un apologète chrétien. Mark Edwards, dans un autre article, nomme Aristide comme un des premiers apologètes chrétien, dans une considération de l’utilisation chrétienne de la philosophie grecque (Mark Edwards, « Early Christianity and Philosophy, » dans Routledge Companion to Early Christian Thought, ed. D. Jeffrey Bingham (London et New York: Routledge, 2010), 44.). George H. Van Kooten, (“Christianity in the Graeco-Roman World: Socio-political, philosophical, and religious interactions up to the Edict of Milan (CE 313),” dans Routledge Companion to Early Christian Thought, ed. D. Jeffrey Bingham (London et New York: Routledge, 2010), 22.) nomme Aristide dans une liste des premiers apologètes chrétiens. Oskar Skarsaune affirme, aussi, qu’Aristide est clairement un des premiers apologètes chrétiens, même si son apologie n’était pas considérée une véritable « pétition » (Oskar Skarsaune, « Justin and the Apologists, » dans Routledge Companion to Early Christian Thought, ed. D. Jeffrey Bingham (London et New York : Routledge, 2010), 122.). On pourrait aussi mentionner la thèse de Maurice Picard, écrit pour obtenir le Bachlier en Théologie à la Faculté de théologie protestante de Paris, dans lequel il, tout comme les autres, présente Aristide comme un des premiers apologètes chrétiens (Picard, L’Apologie d’Aristide.). On pourrait conclure en mentionnant, aussi, que J. A. McGuckin (« Christ: The Apostolic Fathers to the Third Century, » dans Routledge Companion to Early Christian Thought, ed. D. Jeffrey Bingham (London et New York: Routledge, 2010), 263.), considère, aussi, Aristide comme un apologète chrétien. Il faut dire que les arguments d’O’Ceallaigh n’ont pas étaient retenus, et que c’est rendu une platitude, aujourd’hui, de reconnaître Aristide comme un des premiers apologètes Chrétien.

 

[3]Jérôme, Des Hommes Illustre, tome 3 dans les Œuvres Complètes de Saint Jérôme, trad. et éd. L’Abbé Bareille (Paris : Louis Vives, 1878), 3 :296.

 

[4]Robert M. Grant, dans une chronologie d’apologètes Chrétien Grec nomme Quadratus comme probablement le premier apologète chrétien. Il dit, « The apology of Quadratus of Athens is lost. Only a fragment remains, preserved by Eusebius (H. E. 4, 3, 2), and the fragment is not extensive enough to reveal much more than the semi-philosophical character of his book On behalf of our religion…Perhaps Quadratus’ discussion of ‘saviours’ to be contrasted with the true Saviour is related to this initiation [into the Eleusinian mysteries]. (Robert M. Grant, “The Chronology of the Greek Apologists,” Vigiliae Christiane, vol. 9, no. 1 (Jan. 1955), 25.” Cf. Gilson, La Philosophie au Moyen Âge, 16. Cyril C. Richardson, Early Christian Fathers (1953; repr., Grand Rapids, MI: Christian Classics Ethereal Library, 2000), 164. Aubé, ECRAC, 4. Helen B. Harris, NRAA, 6. F. F. Bruce mentionne Quadratus en disant, « As late as A. D. 133 a Christian apologist named Quadratus, writing a defence of Christianity to the Emperor Hadrian, could refer to the miracles of Jesus as facts which the opponents of Christianity did not dispute. (Bruce, SF, 41.)”

 

[5]Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 4, 3, 3. Traduction le mien. Texte utilisé est : Eusèbe, Histoire Ecclésiastique : texte grec et traduction française, trad. et éd. Émile Grapin (Paris: Alphonse Picard et Fils, 1905), 373.

 

[6]Helen B. Harris, NRAA, 1.

 

[7]Robert Lee Wolff, “The Apology of Aristides: A Re-Examination,” The Harvard Theological Review, vol. 30, no. 4 (Oct. 1973), 238. Picard, L’Apologie d’Aristide, 9.

 

[8]H. J. M. Milne, “A New Fragment of the Apology of Aristides,” Journal of Theological Studies, vol. os-XXV, 97, (1923), 73.

 

[9]Wolff, “The Apology of Aristides”, 237, 240. Cf. Cairns, 115. Rubens Duval, Littérature Syriaque, vol. 2 de Anciennes Littérature Chrétienne, 3e éd. (Paris : Librairie Victor Lecoffre, 1907), 155. Edwards, “Apologetics”, 551. Picard, L’Apologie d’Aristide, 13. La découverte est très bien décrite dans l’œuvre de Helen B. Harris, épouse de celui qui l’a découvert, en Helen B. Harris, NRAA, 8-26.

 

[10]Wolff, “The Apology of Aristides”, 237. Wolff proposes that this legend was composed around the year 978 (Ibid., 247.). Cf. Picard, L’Apologie d’Aristide, 14fn2, 16-21. J. Armitage Robinson, “The Remains of the Original Greek of the Apology of Aristides”, in Aristide, The Apology of Aristides on behalf of the Christians, 2nd ed., trad. et ed. J. Rendel Harris (Cambridge: Cambridge University Press, 1893), 67-68.

 

[11]Ainsi qu’à quel Caesar c’était adressé (cf. Picard, L’Apologie d’Aristide, 49.).

 

[12]Ibid., 241. Cyril Richardson date l’Apologie d’environs 130 après J.-C. (Richardson, Early Christian Fathers, 13.). Picard pense que la date de la rédaction devrait être plus vers 125-126 (Picard, L’Apologie d’Aristide, 49-52.).

 

[13]Milne, “A New Fragment of the Apology of Aristides,” 73-74.

 

[14]Ibid.

[15]Op. Cit.

 

[16]Il était, peut-être, influencer par celui qui à trouver et traduit l’édition en 1889, J. Rendel Harris, qui dit, dans son introduction à sa traduction, que “the writer is more of a child than a philosopher, a child well-trained in creed and well-practised in ethics, rather than either a dogmatist defending a new system or an iconoclast destroying an old one (J. Rendel Harris, « Introduction », in Aristide, The Apology of Aristides on behalf of the Christians, 2nd ed., trad. et ed. J. Rendel Harris (Cambridge: Cambridge University Press, 1893), 3.)”

 

[17]Nous allons utiliser, pour notre analyse de l’Apologie, la traduction française de l’Apologie qui se trouve dans la thèse de Picard (Picard, L’Apologie d’Aristide, 22-39.). Picard semble avoir utilisé majoritairement le texte grec, mais en comparaison avec le texte syriaque (Ibid., 21.).

 

[18]Dans la traduction de Picard le chapitre XII est manquant, mais une comparaison avec l’excellente traduction anglaise de J. Rendel Harris nous démontre que le chapitre XII est belle est bien dans le texte, et commence avec l’analyse des Égyptiens (Aristide, The Apology of Aristides on behalf of the Christians, trad. Harris, 45.).

 

[19]Ce qui rend étrange le commentaire de Picard, “On peut même se demander s’il était philosophe. (Picard, L’Apologie d’Aristide, 53.) »

 

[20]Picard, L’Apologie d’Aristide, 53.

 

[21]Ibid., 23.

 

[22]Ibid., 23-24.

 

[23]Ibid., 36.

 

[24]Une note pour les présuppositionalistes : c’est le même type d’argument qu’on nous propose comme seul argument valide par Van Til. C’est-à-dire, Van Til pense que tout ce qu’on peut faire est de démontrer que les autres « visions de monde » et religions sont incohérentes en eux-mêmes, et d’inviter notre interlocuteur à considérer la cohérence du Christianisme. C’est essentiellement le même exact argument qu’on voit dans l’Apologie d’Aristide. La grande différence entre la présuppositionalisme et l’Apologie d’Aristide est qu’Aristide pense que l’existence de Dieu se voit à partir de nos observations du monde qui nous entoure, et que même les non-croyants peuvent remarquer ce fait.

 

[25]Picard, L’Apologie d’Aristide, 53.

 

[26]Gilson, La Philosophie au Moyen Âge, 16.

[27] Picard, L’Apologie d’Aristide, 22.

 

[28]Picard à bien note qu’Aristide ne fait pas appelle à la révélation divine jusqu’à dans le dernier chapitre lorsqu’il supplie le lecteur de lire la révélation divine du Christianisme (Picard, L’Apologie d’Aristide, 40, 43, 56.).

 

[29]Ibid., 22.

 

[30]Helen B. Harris, NRAA, 27-28.

 

Histoire de l’Apologétique Chrétienne: Jean & Luc

L’Apôtre Jean (c. )

Survol de la vie et ministère de l’apôtre Jean

Nous ne connaissons pas beaucoup concernant la vie de l’apôtre Jean avant qu’il rencontre Jésus. Le Nouveau Testament nous informe que Jean était le frère de Jacques,[1] fils de Zebédée,[2] et il travaillait, comme pêcheur, avec son frère, son père, et les deux frères, Pierre et André.[3] Il y a un certaine nombre d’érudits qui doute que Jean est l’auteur de l’évangile qui porte son nom, mais l’évidence intérieur et extérieur semblerait être majoritairement en accord à dire que l’apôtre Jean est l’auteur, non seulement de l’évangile,[4] mais, aussi, de l’apocalypse, et les trois lettres qui portent son nom. Nous voyons, dans l’évangile de Jean, que Jean connaissait, et était connu par, le souverain sacrificateur du jour.[5] Il est souvent connu, dans l’évangile qui porte son nom, comme le disciple « que Jésus aimait ».[6] Quand Jésus est mort sur la croix, le soigne de Marie, la mère de Jésus, était confiée à Jean.[7] Nous savons, aussi, que Jean est le dernier apôtre à mourir, et le seul de mourir de vieillesse (malgré les nombreuses persécutions qu’il a vécues). La littérature des pères apostolique nous informe qu’après son exile sur l’île de Patmos (où il aurait écrit l’Apocalypse) il est allé à la ville d’Éphèse.[8] On nous dit que Polycarpe aurait était le disciple de l’apôtre Jean.[9] Un autre qui est parfois mentionné comme ayant été un disciple de l’apôtre Jean est Papias.[10]

 

L’approche Apologétique de l’Apôtre Jean

            L’apôtre Jean est reconnu comme l’auteur de l’évangile de Jean, les trois épîtres de Jean, et l’Apocalypse. L’évangile de Jean et l’épître d’1 Jean sont, tous les deux, des écrits à but apologétique. Ces deux livres pourraient être dit une double défense de la personne de Jésus-Christ. L’évangile de Jean était écrit pour défendre la divinité de Jésus-Christ, et un thème clé de la première épître de Jean est que Jésus est venu dans la chair. Nous voyons, dans ses deux livres, deux textes qui sont très important pour comprendre la défense de la foi chrétienne, dans le premier siècle ; et, pour la défense de ces deux affirmations.

Jean 20 : 30-31, « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceci est écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. » Ce verset nous explique le but de l’épître, ainsi que la tactique apologétique adopter par l’apôtre Jean. L’apôtre Jean présente des éléments de la vie de Jésus (comme les miracles et enseignements que Jésus a faits) avec le but de convaincre le lecteur, par ces éléments, de la divinité de Jésus-Christ. Tout la structure de l’évangile est arrangée pour accentuer les affirmations de divinité de Jésus-Christ (les affirmations « Je suis »). Noter que Jean base sa défense de la divinité de Jésus sur des faits historiques qui sont vérifiable auprès des témoins oculaires, ainsi que des artéfacts (tel que la tombeau vide) qui soutiens les témoignages.

1 Jean 1 :1-4, « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de la vie, –et la vie a été manifestée, nous l’avons vue, nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée,–ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ. Ceci, nous l’écrivons, afin que notre joie soit complète. » Juste pour clarifier, en quoi est-ce que ce « communion avec les disciples » se constitue ? Cette communion est une communion de doctrine—de reconnaître que Jésus, Fils de Dieu, est venu en chair, et de pratique—de pratiqué ses commandements (1 Jn. 5 :1-5, 20-21.). Notez, dans ces premiers versets de la première épître de Jean, comment Jean mets l’accent sur le fait que les apôtres sont témoins oculaires des évènements du ministère de Jésus. Il met l’accent sur ce qui était accueillis par les sens—vu, toucher, entendu, et contemplé—concernant Jésus. Pourquoi accentuer les informations sensorielles ? Parce que ce qu’on cherche à démontrer est que Jésus est venu dans la chair—comme un homme—ce qui serait, justement, quelque chose qui est démontrer par les sens des témoins oculaires. Les preuves donner sont ceux qui sont requis pour soutenir les vérités qui sont en question—c’est-à-dire, quand on chercher à démontrer qu’un évènement historique à vraiment eu lieu, on fait appel aux témoins oculaires, et aux fait qui soutiens les affirmations des témoins oculaires.

 

 

Luc

Survol de la vie et ministère de Luc

            Très peu est connu de Luc, auteur de l’évangile de Luc et les Actes des Apôtres. On sait que Luc était le collègue, associé, et ami de l’apôtre Paul,[11] l’accompagnant sur ses voyages missionnaires. William Barclay nous informe que Luc était un païen, et le seul auteur, des livres du Nouveau Testament, qui n’était pas un Juif.[12] William Ramsay est d’accord avec Barclay, et pense que Luc était probablement l’homme de Macédoine qui est apparu à Paul dans un rêve, « un Antiochien de la Syrie, de la tribu Makedones; mais son praenomen Lucius (dans la forme familier Grec, Loukas) démontre qu’il possédé la citoyenneté Romain. »[13] Bruce dit que Luc était un homme Grec d’Antioche.[14] Certaines suggère que Tite, mentionné en Galates 2 :3, était le frère de Luc.[15] Un chose est certain, il était un homme Grec d’Antioche. Paul, en Colossiens 4 :14 le décrit comme une médecine.[16] Il était, de tout évidence, bien éduqué dans la littérature, l’histoire, et le langage Grec,[17] et cette éducation est évident dans ses deux écrits (tous les deux inspirés de Dieu). Barclay souligne le fait que Luc connaissait la littérature et histoire Grec quand il note que l’introduction de l’évangile de Luc « est la même forme d’introduction que tous les grand historiens Grec utilisé. »[18] Il souligne des historiens tel que Hérodote et Denys d’Halicarnasse.[19] Plusieurs érudits, en lisant les deux écrits de Luc, et en les comparant avec les faits, et les autres écrits historiques de son temps, disent que Luc était un des meilleurs historiens de l’époque.[20] William Ramsay, historien et archéologue libérale, est partie dans le moyen-Est pour démontrer que les récits de Luc (dans son évangile et les Actes) était imprécis, et probablement écrit par un auteur du deuxième siècles après Jésus.[21] Il est fini par arriver à la conclusion que « Luc est non seulement digne de confiance mais un historien de la plus haute gamme. »[22] Il date plusieurs des évènements dans ses écrits en faisant référence à des évènements mondiaux.[23] Ses deux livres étaient écrit à une personne qui portait le nom de Théophile.[24]

 

L’approche Apologétique de Luc

            Luc 1 :1-4, « Puisque plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement en ont été les témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la parole, il m’a semblé bon à moi aussi, après avoir tout recherché exactement depuis les origines, de te l’exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçu. » Luc nous explique, au début de l’évangile qui porte son nom, qu’il a fait des recherches soignées de nature historique, auprès des témoins oculaires, pour donner le récit la plus exacte et certain possible des évènements entourant la vie, mort, enterrement et résurrection de Jésus-Christ.[25] Ce qui est sous-entendus, ici, est qu’il y avait des témoins oculaires qui étaient facile d’accès pour celui qui voulait savoir ce qui s’est passé. Pour la rédaction de l’histoire, et la défense de ton récit des évènements, le meilleur argument que tu pourrais présenter est que ton récit se base sur (ou, est) la parole des témoins oculaires fiable. C’est ce que Luc présente comme défense.

Bruce note, concernant son Évangile et les Actes des Apôtres, que « Quand on examine la manière dans lequel Luc développe sa narrative, on ne peut pas passer à côté son emphase apologétique, surtout dans le deuxième volume. Il est préoccupé à défendre la Christianisme contre les accusations qui étaient, en générale, porté contre elle dans la deuxième moitié du premier siècle. »[26] Bruce continue en expliquant que Luc cherche, dans l’évangile qui porte son nom et dans les Actes, à corriger certaines fausses impressions que des lecteurs pourraient avoir contre Jésus, et contre les chrétiens.[27] Ceci pousse Bruce à dire que « Luc est, en fait, un des première apologistes Chrétien. Dans cette forme particulière d’apologétique qui est adressé aux autorités séculières pour établir le caractère des chrétiens comme soumis aux lois il est, absolument, un pionnier. »[28] On sous-entends, aussi, que Luc n’était pas, lui-même, ni un apôtre ou disciple initiale de Jésus, ni un témoin oculaire des évènements entourant la vie de Jésus. Ce point rend sa méthode encore plus intéressante parce que, n’étant pas un témoin occulaire, il a dû faire de longes recherches auprès des témoins oculaire pour avoir accès aux faits concernant la vie, mort et ressurection de Jésus. Est-ce qu’on peut se permettre de faire moins que ca ? Son approche est, comme on vient de remarquer, de raconté les évènements de la manière la plus précise possible, en se basant sur les paroles des témoins oculaires (et, dans le cas des Actes des Apôtres, sur sa propre expérience).

[1]Mc. 5 :37. F. F. Bruce, The Gospel of John: Introduction, Exposition and Notes (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing co., 1983), 4.

[2]Jn. 21 :2. Bruce, Peter, Stephen, James, and John, 126. Stephen S. Smalley, John: Evangelist and Interpreter (1978; Nashville, TN: Thomas Nelson Publishers, 1984), 76. Bruce, The Gospel of John, 4.

[3]Lc. 5:10.

[4]Craig L. Blomberg, The Historical Reliability of John’s Gospel: Issues and Commentary (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2001), 23.

[5]Jn. 18 :15-16.

[6]Jn. 13:23. Cf. Bruce, Peter, Stephen, James, and John, 126. Smalley, John: Evangelist and Interpreter, 75. Bruce, The Gospel of John, 3.

[7]Jn. 19:25-27. Cf. Smalley, John: Evangelist and Interpreter, 76.

[8]Bruce, Peter, Stephen, James, and John, 128-129. Smalley, John: Evangelist and Interpreter, 68.

[9]Bruce, Peter, Stephen, James, and John, 129-130. Smalley, John: Evangelist and Interpreter, 68.

[10]Bruce, Peter, Stephen, James, and John, 131-138. Cf. Bauckham, Jesus and the Eyewitnesses, 12-38. Smalley, John: Evangelist and Interpreter, 73-74.

[11]I. Howard Marshall, The Gospel of Luke: A Commentary on the Greek Text, NIGTC (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing co., 1978), 33. William M. Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, ed. Mark Wilson (Grand Rapids, MI: Kregel Publications, 2001), 23.

[12]William Barclay, The Gospel of Luke, revised ed. (Philadelphia, PA: Westminster Press, 1975), 1.

[13]Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, 7. Cf., Ibid., 23.

[14]Bruce, The Spreading Flame, 91.

[15]Bruce, The Spreading Flame, 106fn3.

[16]Col. 4:14. Cf. I. Howard Marshall, The Acts of the Apostles (1980; repr., Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans publishing co., 1982),44. Barclay, The Gospel of Luke, 1. Bruce, The Spreading Flame, 91, 112.

[17]Ibid., 39-40. Barclay, The Gospel of Luke, 2. Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, 23.

[18]Barclay, The Gospel of Luke, 7.

[19]Ibid.

[20]Cf. Marshall, The Acts of the Apostles, 34-42. Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, 7, 16, 23. Colin Hemer, The Book of Acts in the Setting of Hellenistic History, ed. Conrad H. Gempf (Warsaw, IN: Eisenbrauns, 1990). Barclay, The Gospel of Luke, 2.

[21]Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, 19.

[22]Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, 7.

[23]Barclay, The Gospel of Luke, 3. Ramsay, St. Paul the Traveler and Roman Citizen, 29.

[24]Luc 1:3, Actes 1:1.

[25]Cf. Marshall, The Gospel of Luke, 42-43. Barclay, The Gospel of Luke, 2-3.

[26]F. F. Bruce, The Book of the Acts, NICNT (1954; repr., Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing, 1970), 20.

[27]Ibid., 20-21.

[28]Ibid., 24.

 

Histoire de l’Apologétique Chrétienne: l’Apôtre Pierre

L’Apôtre Pierre (c. -64 après J.-C.)

Survol de la vie et ministère de l’apôtre Pierre

            Il y a déjà beaucoup d’écrits qui parlent de l’apologétique de Paul, alors, nous allons commencer notre survole de l’histoire de l’apologétique avec l’Apôtre Pierre. Commençons avec quelques commentaires au sujet de sa vie et ministère. Nous n’avions aucune idée quand Pierre était né, mais nous savons qu’il est mort dans la persécution de Néron contre les chrétiens.[1] Dans son livre sur Pierre, Oscar Cullman introduit le livre avec l’affirmation que « Les sources pour notre connaissance de Pierre consistent principalement des écrits du Nouveau Testament. »[2] Alors, nous allons bâtir une brève biographie de Pierre à partir des faits qu’on voit dans le Nouveau Testament. Né vers le début de notre ère, Pierre venait, à l’origine, de la ville de Bethsaïda.[3] Pierre était un pêcher de métier et travailler, avec son frère André, dans la mer de Galilée.[4] Pierre et André travaillaient avec Jacques, Jean, et leur père.[5] Son nom était, à la naissance, Simon Bar-Jonas (ou fils de Jonas),[6] mais c’était changé, plus tard, par Jésus à Céphas ou Pierre.[7] C’était normal dans le premier siècle de se marier autour de 13-15 ans, et nous voyons que Pierre était déjà marié quand il a rencontré Jésus, et, qu’un des miracles de Jésus était la guérison de la belle-mère de Pierre.[8] Il semblerait, en plus, que Pierre amenait sa femme avec lui, après l’ascension de Jésus, quand il voyageait pour annoncer l’évangile.[9] On constate, de ce que nous voyons dans les Évangiles, que Pierre était un des disciples les plus importants, et que Pierre était un homme d’action, qui agissait, souvent, avant de penser (ce qui permet à John MacArthur de le décrire comme un homme qui mettait son pied, souvent, dans sa bouche[10]). On pourrait ajouter que, et c’est une platitude, Pierre savait parler et écrire la Grecque et l’hébreu. En fait, Bethaisda, comme note Cullman, est connu comme une place qui était sous l’influence de l’Hellénisme, et c’est, donc, ici que Pierre aurait non seulement appris le Grec, mais, aussi, la culture grecque.[11] C’est devenu quasiment normal de dire que quasiment tous les apôtres étaient illettrés. Le problème avec une telle affirmation est que c’est tellement vague que c’est quasiment faux. C’est-à-dire, être lettrés ou illettrés est une affirmation basée sur une comparaison avec un standard.[12] Par exemple, un diplômé d’école secondaire est illettré comparé à une personne qui à deux doctorats mérités, mais lettrés comparés à son frère ou sœur qui est en école primaire. On oublie, parfois, que les Juifs mettaient beaucoup d’importance sur l’éducation des enfants, parce qu’ils étaient un peuple du livre. C’est-à-dire, la Torah, et la connaissance de la Torah était très important pour eux, donc les enfants devaient être relativement bien éduqué pour pouvoir lire, connaître, cité, et vivre selon, la Torah.[13] Ernest Simon, par exemple, note que « Le peuple juif quasiment seul, de toutes les nations de l’antiquité, fournissait une éducation universelle pour ses enfants. »[14] On serait mieux de dire que Pierre n’était pas éduqué pour être un dirigeant religieux, mais il était éduqué, et il connaissait l’Ancien Testament que la majeure partie de la population contemporaine du monde (y compris les chrétiens et même les pasteurs chrétiens).

 

L’approche apologétique de l’Apôtre Pierre

Pierre est l’auteur, inspiré par l’Esprit-Saint, des deux épîtres générales 1 et 2 Pierre ; et il est, très probablement, la source principale pour l’évangile de Marc. La première prédication Chrétien d’être préservé en écrit est la prédication de Pierre qu’on voit en Actes 2 :14-36, 38-40. D’autres sources qui vont nous aider à comprendre la penser de Pierre sont Actes 3 :2-8, 12-26, 4 :8-12, 18-21, 5 :29-32, 10 :34-43, 15 :7-11, 1 Pierre et 2 Pierre. La manière dont Pierre voyait le ministère de Jésus se voit dans l’évangile de Marc.

Notons, premièrement, la première prédication chrétienne qui est préserver pour nous dans les écrits sainte—la prédication de Pierre en Actes 2, dans cette prédication, trouver en Actes 2 :14-36, Pierre défends : (1) les actions des disciples qui prêchaient l’évangile dans de multiples langages en disant que leurs actions sont l’accomplissement des prophéties,[15] (2) le fait que le ministère et vie de Jésus avait reçu l’approbation divine, en faisant appelle au miracles, prodiges et signes qui étaient fait par Jésus,[16] (3) la résurrection de Jésus en démontrant, premièrement, que c’est l’accomplissement des prophéties en rapport avec le Messie,[17] et, deuxièmement, en affirmant que les disciples de Jésus étaient des témoins oculaires de la résurrection de Jésus (témoignage oculaire d’un évènement historique est une des meilleures preuves que l’évènement historique est réellement arrivé),[18] et, (4) que ces faits étaient l’évidence que Jésus était Seigneur.[19] Sur la base de ces évidences, l’auteur des Actes nous informe, l’audience était touchée,[20] et voulait savoir ce qu’il fallait faire. Pierre, donc, les appelle à la repentance,[21] et il y eut « environ trois mille »[22] personnes qui se sont repenties, et qui ont accepté Jésus comme Seigneur. Quand on considère, alors, les premières prédications chrétiennes, on réalise qu’ils fondés l’appel à la repentance et au salut sur les évidences de la résurrection et divinité de Jésus Christ.[23]

Notez, deuxièmement, la recommandation que Pierre donne aux chrétiens, en 1 Pierre 3 :15-16. Ici, Pierre, parlant aux chrétiens en général, dit « Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur ; soyez toujours prêts à vous défendre contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous : mais (faites-le) avec douceur et crainte. »[24]  Dans ce texte, le mot défendre, qu’emploie Pierre, est la traduction du mot grec ἀπολογίαν (prononcé apologian) qui a comme sens de donner une défense, une raison ou une justification pour quelque chose. Étienne Gilson nous explique que « au sens technique du terme, une apologie était un plaidoyer juridique. »[25] Un apologète/apologiste chrétien est, alors, quelqu’un qui donne une défense de, ou une justification de (ou des raisons pour croire), la foi chrétienne et de le voir comme cohérent et digne de confiance.

Est-ce qu’il y a d’autres observations qu’on peut faire à partir des écrits de Pierre ? Un verset qui saute aux yeux se trouve en 2 Pierre 1 :16-18. Ici il dit, « Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais parce que nous avons vu sa majesté de nos propres yeux ; car il a reçu honneur et gloire de Dieu le Père, quand la gloire plein de majesté lui fit entendre cette voix : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, objet de mon affection. Nous avons entendu cette voix venant du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne. » Il y a plusieurs éléments qu’il faut remarquer ici. Premièrement, Pierre écarte, immédiatement, l’idée que ce que les évangiles racontent pourrait être des mythes ou histoires inventés. Cette affirmation est particulièrement intéressante quand on considère qu’il y eut un mouvement dans les années 1800 qui affirmés que les histoires des évangiles, surtout les éléments miraculeux, n’étaient que des histoires qui était empruntés des mythes des nations qui entouraient Israël. Ce même argument a vu une renaissance dernièrement. Pierre affirme très clairement, ce ne sont pas des histoires inventées ni des fables. Ils sont quoi alors ? Le deuxième point à remarquer est que ces histoires sont les témoignages des témoins oculaires. Pierre met l’emphase sur le fait que les disciples n’ont pas inventé ces histoires, mais qu’ils ont vu et entendu les évènements dont ils parlent. C’est un élément puissant pour la défense de l’évangile. Pierre est en train de dire que ce qui s’est passé était un évènement réel—qu’ils ont expérimenté avec leur sens corporel. Mais est-ce que le témoignage d’une personne est assez pour nous convaincre de la véracité des évènements ? Il faudrait penser que oui, parce qu’une personne peut être déclarée coupable de meurtre sur la parole d’un ou deux témoins oculaires fiable. Dans les évangiles nous avons les témoignages de Matthieu, de Jean, de Pierre (dans l’évangile de Marc), et de ceux qui étaient les plus proches aux évènements, telles que les femmes dans la vie de Jésus, dans l’évangile de Luc. Ici Pierre, base sa défense de l’évangile sur le fait qu’il est, lui-même, témoin oculaire des évènements en question. Autrement dit, il ne dit pas, « C’est vrai, je le sais, parce que Dieu la dit. » Il dit, « C’est vrai, je le sais, parce que je l’ai vu. » Donc, il fait appel à ce qui s’est passé dans l’histoire pour défendre l’évangile.

Dans sa deuxième prédication, en Actes 3 :12-26, Pierre défend l’évangile (que Jésus est le Messie envoyer par Dieu, qu’il est mort, et ressuscité d’entre les morts, et, donc, que les Israelites devraient se repentir et se convertir à Christ), premièrement, en faisant appel au fait qu’ils sont des témoins oculaires de la mort et résurrection de Jésus-Christ (Actes 3 :15b). Il continue sa défense en faisant appel aux prophéties qui étaient accomplies en Jésus-Christ (Actes 3 :18b, 21b-26). Dans sa réponse aux anciens et scribes de Jérusalem, Pierre défend la vérité de l’évangile en disant qu’ils sont témoins oculaires—vus et entendu (Actes 4 :20b). En Actes 5 :29-32 Pierre défend l’évangile, encore, en affirmant qu’ils sont témoin oculaire (Actes 5 :32a) des évènements historiques qu’ils annoncez-la mort, enterrement, et résurrection de Jésus. En Actes 10 :34-43 Pierre prêche l’évangile à Corneille. Dans cette prédication il défend l’évangile, premièrement, en faisant appel à la mémoire de Corneille et ceux de sa maison, « vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée… (Actes 10 :37) ». Il continue, deuxièmement, en affirmant, comme nous avons déjà vu ailleurs, qu’ils sont (les apôtres) les témoins oculaires de tout ce qui s’est passé (Actes 10 :39, 41). Il finit, troisièmement, en expliquant que tous les prophètes parlent de l’évangile (Actes 10 :43). Donc, il défend l’évangile en faisant appel aux connaissances de son audience—ce qu’ils savaient déjà et pourraient vérifier ; au fait qu’il était lui-même témoin oculaire des évènements ; et au fait que les prophètes en parlent.


[1]John Foxe, Fox’s Book of Martyrs, ed. William Byron Forbush (Philadelphia, PA: Universal Book and Bible House, 1926), 5-6.

 

[2]Oscar Cullman, Peter: Disciple—Apostle—Martyr, trad. Floyd V. Filson (Philadelphia, PA : The Westminster Press, 1953), 16.

 

[3]Jn. 1 :44.

 

[4]Mt. 4 :18, Jn. 1 :40. Cf. John MacArthur, Twelve Ordinary Men (Nashville, TN: W Publishing, 2002), 37. Cullman, Peter, 17, 22.

 

[5]Lc. 5:10. Cf. MacArthur, TOM, 35. Cullman, Peter, 22.

 

[6]Mt. 16:17, Jn. 1:42, 21:15-17. Cf. F. F. Bruce, Peter, Stephen, James, and John: Studies in Early Non-Pauline Christianity (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing, 1979), 16. MacArthur, TOM, 33. Bruce note que certaines auraient proposé que le surnom (bar-jonas) indique que Pierre avait était membre d’un groupe de terroristes Juifs (les baryonim), mais que cette théorie est peu probable (Bruce, PSJJ, 16.). Cullman, Peter, 17-18, 21.

 

[7]Lc. 6 :14, Mc. 3 :16, Jn. 1 :42

 

[8]Mt. 8 :14. Cf. MacArthur, TOM, 35, 38. Cullman, Peter, 23.

 

[9]1 Cor. 9 :5.

 

[10]MacArthur, TOM, 29, 31-32.

 

[11]Cullman, Peter, 17. Note, aussi, le remarque suivante, « Anyone brought up in Bethsaida would not only have understood Greek, but would also have been polished by intercourse with foreigners and have had some Greek culture. (Ibid., 22.) » Sur l’influence de l’Hellénisme en Israël on pourrait considérer une multitude de livres et articles. Entre autres, Louis H. Feldman, « How Much Hellenism in Jewish Palestine?” Hebrew Union College Annual, vol. 57 (1986).

 

[12]Cf. Peter Roberts, “Defining Literacy: Paradise, Nightmare or Red Herring?” British Journal of Educational Studies, vol. 43, no. 4 (Dec., 1995). Manzoor Ahmed, “Defining and Measuring literacy: Facing the Reality,” International Review of Education, vol. 57, no. 1/2 (2011).

 

[13]Cf. Nathan Drazin, History of Jewish Education: From 515 BCE to 220 CE (Baltimore: John Hopkins Press, 1940), 11-12.

 

[14]Ernest Simon, “Hebrew Education in Palestine,” The Journal of Educational Sociology, vol. 22, no. 3, Palestine (Nov. 1948), 190.

 

[15]Actes 2 :14-21.

 

[16]Actes 2 :22.

 

[17]Actes 2 :24-31.

 

[18]Actes 2 :32.

 

[19]Actes 2 :33-36.

 

[20]Actes 2 :37.

 

[21]Actes 2 :38-40.

 

[22]Actes 2 :41.

 

[23]On pourrait considérer, aussi, la prédication d’Étienne (Actes 7), etc.

 

[24]1 Pie. 3 :15. Toutes les citations de la Bible vont être prises de La Sainte Bible, Nouvelle Version Segond Révisée (France : Alliance Biblique Universelle, 1978), à moins d’être précisées autrement. Italiques les miens.

 

[25]Étienne Gilson, La Philosophie au Moyen Âge : Des origines patristiques à la fin du XIVe siècle, 2e éd. (Paris : Payot, 1962), 15.

 

Une réflexion sur l’influence

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Je n’ai pas publié beaucoup d’articles dernièrement. Je vais commencer à publier quelques biographies de certaines des apologistes chrétiens les plus importants, mais peu connues. Avant de commencer cette série, de nature historique, j’aimerais publier quelques réflexions au sujet d’un petit terme qui va revenir souvent dans cette série : influence. Un des éléments que nous allons voir dans cette série est l’influence que certains penseurs auraient eue sur d’autres penseurs, que ce soit leurs contemporaines ou, par moyen de leurs écrits, ceux qui les suivent. La question de l’influence peut-être très difficile à régler.

 

Il y a, au moins, trois éléments qui doivent arriver pour qu’on puisse démontrer l’influence d’un penseur sur un autre, tel que : (1) un moyen par lequel les pensées de l’un se sont présentées devant un autre (que ce soit par communication de vive voix, ou par écrit ; que ce soit au moyen d’une source primaire ou secondaire, etc.) ; (2) l’évidence de l’influence dans les écrits de celui qui était influencé (que ce soit des termes définis de la même manière, que ce soit l’utilisation des mêmes concepts de la même manière, que ce soit les mêmes arguments, etc.) ; et (3) qu’il y ait l’évidence d’une dépendance de l’un sur l’autre, et que l’apparence d’influence ne soit pas une simple coïncidence (par exemple, c’est déjà arriver pour moi que j’ai était arriver, par réflexion, à une conclusion, et que, plus tard, j’ai découvert un autre auteur qui est arrivé, avant moi, à la même conclusion. Ici on ne peut pas parler de l’influence, mais de coïncidence. Un exemple bien connu de coïncidence serait l’argument à partir de la raison contre le Naturalisme offert par Alvin Plantinga, qui se ressemble à celui de C. S. Lewis. Plantinga ne savait pas que Lewis avait développé un argument semblable jusqu’après qu’il avait développé son propre argument à partir de la raison contre le Naturalisme.). L’influence est évidente lorsqu’un auteur fait référence à un autre auteur.
Quand on parle de l’effet de l’influence, il faut distinguer entre influence négative et influence positive. Une influence positive arrive lorsqu’un penseur accepte, implicitement ou explicitement, les pensées d’un autre penseur, et utilise ces idées dans le développement de ses propres idées. Donc, nous voyons, par exemple, une influence positive de Platon sur Augustine, de Sénèque le Stoïque sur Jean Calvin, et d’Emmanuel Kant sur Cornelius Van Til. Une influence négative arrive lorsqu’un penseur n’accepte pas, implicitement ou explicitement, les pensées d’un autre penseur, et que ce rejet est intégral au développement de leurs propres idées (autrement dit, que les pensées d’un auteur surgissent, ou se raffinent, en opposition aux pensées d’un autre). On pourrait parler, alors, d’une influence négative d’Héraclite sur Platon, d’Aristote sur René Descartes, et de Thomas d’Aquin sur Guillaume d’Occam ou Jean Duns Scots.
Quand on parle de la manière dont une personne est influencée, on peut aussi distinguer entre une influence directe, indirecte, et ce que je vais appeler une influence subtile. Une influence directe arrive lorsqu’un penseur a lu une source primaire qui l’a influencée dans le développement de ses pensées (positivement ou négativement). Alors, nous pourrions dire que Platon avait une influence directe sur Augustine qui avait lu et étudié les écrits de Platon lui-même. Pietro Martyr Vermigli était directement influencé par Aristote. Jean Calvin était directement influencé par Sénèque.

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Une influence indirecte arrive lorsqu’un penseur a lu une source secondaire expliquant les pensées d’un autre, et que c’est l’interprétation de l’autre penseur qui est proposée par cette source secondaire qui influence le développement de ses pensées (positivement ou négativement). Alors, selon certaines, on pourrait dire que Thomas d’Aquin à une influence indirecte sur les pensées de Jean Calvin, parce que la connaissance que Calvin avait des pensées de Thomas d’Aquin était surtout reçue à travers les thomistes de son jour qui lui présentaient avec leur interprétation de Thomas d’Aquin.
L’influence subtile n’est pas explicite, mais, au contraire, c’est ce qui arrive lorsqu’on n’est pas au courant du fait qu’on est en train de se faire influencer par les pensées d’une personne. Ceci peut arriver de plusieurs manières, telles que les films, émissions de télévision, les annonces, les écrivains des articles de journaux qu’on lit, les nouvelles, la musique qu’on écoute, ce qu’on entend sur la radio, les babillards, la manière que nos parents et amis agissent, nos professeurs d’école primaire, secondaire, etc. Nos pensées sont, en plus, formées non seulement par ce qui est dit ou transmis, mais par la manière dont les informations sont transmises, par exemple, avec mépris, avec joie, avec colère, avec ambivalence, etc. Le côté néfaste de l’influence subtile est qu’à moins d’être au courant de l’histoire de la pensée (autant théologique que philosophique), il se peut qu’on adopte une position qui est contraire à la Bible (qui provient d’un penseur non croyant), tout en pensant que cette position est biblique ; et ceci parce qu’on l’a lu dans un penseur chrétien (dont ses pensées étaient influencées par l’autre penseur non croyant) qui pense trouver cette position dans la Bible. Comme, par exemple, la notion qu’il n’y a pas de lieu commun à partir duquel on peut porter un regard « objectif » sur les idées de la philosophie et théologie pour les vérifies. Cette notion trouve ces racines, non dans la Bible, mais dans la philosophie d’Emmanuel Kant ; et c’était développer, ensuite, par plusieurs penseurs post-kantiens tels que Martin Heidegger dans Être et Temps, Cornelius Van Til dans son système présuppositionaliste, et, en générale, dans des différentes versions du post-modernisme. Un autre exemple pourrait être la notion des idées innées qui est si importantes pour Augustine, Jean Calvin, Charles Hodge, et Cornelius Van Til, mais qui trouve ses racines, à l’origine, chez Platon (et non dans la Bible), et qui était cheminée, à travers l’histoire de la pensée, à travers les écrits platoniciens et néo-platoniciens.
C’est normal qu’une personne soit influencée par plusieurs penseurs ; et, fur et à mesure que l’histoire de la pensée avance, la plus que les penseurs vont avoir plusieurs sources d’influence. Par exemple, Platon était influencé par 4 ou 5 penseurs présocratiques (scientifiques, mathématiciens, philosophes, etc.), des mythes et religions de son temps, et Socrate, et peut-être d’autres sources qu’on ne connaît pas ; donc, on pourrait parler d’une dizaine ou vingtaine de sources. Lorsqu’on arrive à quelqu’un comme C. S. Lewis ou Cornelius Van Til, on est obligé de dire qu’ils sont influencés par des centaines de sources, sinon plus. Van Til, par exemple, était extrêmement influencé (positivement) par Emmanuel Kant, qui était, à son tour, influencé par David Hume, Christian Wolff, René Descartes, et d’autres ; qui étaient, à leur tour, influencés par des multitudes de penseurs, qui étaient influencées par des multitudes de penseurs qu’on peut retracer jusqu’à, au moins, Platon et les prophètes de l’Ancien Testament. Donc, ce n’est pas anormal de dire qu’un commentateur de la Bible, un Pasteur d’une église, un professeur dans un Séminaire Chrétien, ou un professeur d’école de dimanche était non seulement influencer par la Bible (de manière directe et positive), mais, était aussi influencer (de manière indirecte ou subtile, et de manière positive) par les pensées de Friedrich Nietzsche ou d’Emmanuel Kant. Ce qui est dangereux, dans une telle situation, est quand la personne de qui on parle ne sait pas qu’il ou elle est influencée par d’autres penseurs, dans quelle mesure, et sur quel point.
Tous les penseurs humains sont influencés, positivement, négativement, et subtilement, par d’autres penseurs humains. Par exemple, si tu as moins que 30 ans, alors tu es influencé (subtilement du moins) par les pensées de Soren Kierkegaard, Friedrich Nietzsche, et Martin Heidegger, et ceci parce que (1) vos professeurs d’école primaire étaient influencés (dans une des trois formes d’influence) par leurs professeurs d’université, qui était, eux-mêmes influencer (dans une des trois formes d’influence), par ces penseurs ; (2) les médias que vous consommez sont influencés par ces penseurs ; etc. Si tu as entre 30 ans et plus, alors tu es un peu influencé par Kierkegaard, Nietzsche et Heidegger, mais beaucoup plus par Emmanuel Kant, Hegel, René Descartes, etc. La seule manière de diminuer l’effet de l’influence est de (1) connaître ce que ces penseurs enseignaient (2) reconnaître leur influence sur vos propres pensées, et (3) porter un œil critique sur ces points. De là l’importance, même pour les chrétiens (et même pour ces chrétiens qui servent dans une église de manière bénévole), de l’étude de l’histoire de la philosophie.
Il faut faire, à ce point, un avertissement contre une manière dont certaines personnes pourraient comprendre la notion d’influence. Il faut éviter ce qu’on appelle, en logique, l’erreur génétique. C’est-à-dire, ce n’est pas parce que personne 1 est influencer par personne 2 (qu’on voit comme étant en erreur) que personne 1 est en erreur. L’erreur génétique arrive quand on affirme que parce qu’une idée vient de source X l’idée est fausse. Pour prendre un exemple extrême de cette erreur, on pourrait dire que si je cite des paroles d’Hitler, alors, étant donné que ce que je dis provient d’Hitler, et Hitler était en erreur (ou une personne mauvaise), ce que je dis est automatiquement faux. Ou, si on critique l’idée d’une personne parce qu’ils disent l’avoir eu d’un songe. Même si tu penses que les songes ne peuvent pas arriver, ce n’est pas pour ceci que l’idée est fausse. Cette erreur arrive parce qu’on mélange la crédibilité de la source avec la vérité de l’affirmation, idée ou théorie. Des affirmations, idées et théories sont vraies ou fausses indépendamment de leur source. Donc, il ne faut pas écarter les pensées d’une personne sur la simple base qu’il était influencé par un autre penseur qu’on voit comme étant erroné.
C’est important, par exemple, de connaître les penseurs qui nous ont influencés, et de connaître ceux qui influencent nos interlocuteurs, les penseurs qu’on lit, etc. Connaissant l’influence nous aide à mieux comprendre, saisir, et critiquer une position, mais le fait de l’influence, tout seul, ne dit rien au sujet de la vérité ou fausseté d’une idée (qui doit être déterminé sur d’autres bases). Alors, par exemple, le fait que Jean Calvin était influencé par Sénèque, Aristote, Augustine, et les thomistes du 16e siècle ne peut pas être utilisé pour dire que Calvin à soit raison ou tard. En fait, le fait même que les idées de quelqu’un étaient influencées par la Bible n’est pas une démonstration que cette personne à raison. Si le simple fait d’être influencé par la Bible était assez pour avoir raison, alors il faudrait dire que des religions telles que les Témoins de Jéhovah, Islam, et les mormons, ainsi que des penseurs tels que Spinoza, Heidegger, et Pélage avaient tous raison parce qu’ils sont tous influencés, d’une manière ou d’un autre, par la Bible. Si le simple fait d’être influencé par les penseurs protestants était assez pour avoir raison, alors il faudrait dire que Heidegger a raison parce qu’il était influencé par Luther, Kant a raison parce qu’il était influencé par les protestants allemands, etc.