Des résurrections étranges à la mort de Jésus (partie 4)

Des « morts vivants » par la mort de Jésus : étrange. Nous continuons nos réflexions sur les choses étranges concernant la résurrection. L’évangile de Matthieu rapporte que des tombeaux ont été ouverts et que des morts ont ressuscité et marché dans Jérusalem : étrange! Comment devons-nous comprendre ce passage que nous trouvons dans l’évangile de Matthieu 27.52-53?

52les tombeaux s’ouvrirent, et les corps de plusieurs saints qui étaient décédés ressuscitèrent. 53Ils sortirent des tombeaux, entrèrent dans la ville sainte, après la résurrection (de Jésus) et apparurent à un grand nombre de personnes.

Il faut l’avouer, dans les prédications lorsqu’on parle de ce passage, les idées vont dans plusieurs directions. Il est assez difficile de construire une apologétique historique sur la seule base du texte, et souvent nous voyons les prédicateurs aller dans cette direction. Les athées ne manquent pas d’en faire la critique en soulignant le manque d’évidence et de source, Matthieu étant le seul à rapporter cet événement. Ils ont raison. Ceci dit, cela ne signifie pas qu’il ne s’est rien passé. Il faut quand même poser la question : « Qu’est-ce que Matthieu voulait faire en mentionnant cela? »

D’un point de vue chrétien, la théologie et l’histoire sont intimement liées. Pour nous, Dieu agit dans l’histoire afin de racheter un peuple. Par conséquent, cela signifie aussi qu’un événement peut avoir un sens à la lumière de cette histoire rédemptrice[1]. Comprendre un événement comme celui-là, c’est entré dans l’histoire de la rédemption. C’est aussi entré dans la philosophie de l’histoire biblique. Sans aller trop loin dans ces détails, j’aimerais donc suggérer que :

Cet événement étrange signale au lecteur que la mort de Jésus sur la croix est le commencement de la fin de l’ancienne création et l’inauguration de la nouvelle création.

Le grand récit biblique

Si nous prenons la bible dans son ensemble, structurellement parlant, la bible commence par la création (Genèse 1-2), la chute (Genèse 3) et se termine par la nouvelle création (Apocalypse 21-22). Entre Genèse 1-2 et Apocalypse 21-22, il y a la rédemption : Dieu rachète un peuple, à cause de Genèse 3.

Si nous voyions la bible comme une ligne du temps, nous verrions qu’au centre de cette ligne il y a la croix de Jésus. C’est-à-dire, que tout ce qui vient avant la croix pointe, converge, annonce les événements concernant l’évangile, concernant Jésus.[2] Et tout ce qui a lieu après dans l’histoire est rendu possible à cause de la mort et de la résurrection de Jésus.[3]

Si nous regardons l’histoire de l’Ancien Testament (AT) dans sa relation avec le Nouveau Testament (NT) nous pourrions la décrire comme ceci : Tout ce que l’AT prévoyait se produire à la fin des temps (« derniers jours ») a déjà commencé dans le premier siècle et se poursuit jusqu’à la dernière venue du Christ. L’expression « déjà, mais pas encore » fait référence à deux étapes d’accomplissement de ces « derniers jours ». C’est « déjà », parce que les derniers jours sont venus en Christ, mais ce n’est « pas encore » par ce que les derniers jours ne sont pas encore consommé. Les théologiens appellent cela une eschatologie inaugurée.[4]

La résurrection et la « fin des jours »

Si vous n’êtes pas familier avec les expressions « dernier jour », « temps de la fin » ou « jour à venir »[5], il faut mentionner que ce sont des expressions qui se rapportent dans la bible à partir dans l’AT. Le NT cite ces mêmes expressions souvent tirées des passages de l’AT.

Dans ce cadre, la résurrection a été prédite par l’AT à se produire à la « fin des jours » dans le cadre de la nouvelle création. Dieu fera de l’humanité rachetée une partie de la nouvelle création en recréant des corps par la résurrection.[6]  En appui (voir note pour passage), Daniel 12.1-2 et Ézéchiel 37[7].

À première vue, nous pourrions penser qu’il s’agit de prophéties concernant la fin de toute chose lorsque Dieu reviendra à la toute fin dans le futur. Pour illustrer, nous regardons au jour final où Jésus paraîtra et qu’il nous donnera de nouveaux corps, comme un mariage. Les fiançailles sont faites, mais nous attendons de consommer notre union avec le Christ. Cela signifie donc que la nouvelle création a été placée au début, avec la résurrection de Jésus et non à la fin lors de son retour. Le Christ ressuscité n’est pas simplement l’inauguration spirituelle du nouveau cosmos, mais il est littéralement son commencement, puisqu’il a été ressuscité avec un corps physique et nouvellement créé.

Une telle délivrance finale et complète de la servitude doit être non seulement spirituelle, mais aussi physique. Jean 5.24-29 met ensemble une référence claire et spirituelle de résurrection de Daniel 12.1-2 et Ézéchiel 37. Il l’emploie pour indiquer à la fois une résurrection inaugurée (spirituelle) et par la suite une résurrection physique la fin.

Ézéchiel 37.12-13 Jean 5.28
C’est pourquoi, prononce un oracle et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur DIEU : je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, je vous ramènerai sur le sol d’Israël. 13Vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR quand j’ouvrirai vos tombeaux, et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple. Que tout ceci ne vous étonne plus ! L’heure vient où tous ceux qui gisent dans les tombeaux entendront sa voix,

Bien qu’il y ait beaucoup à dire sur ces sujets, il est important de voir que la première venue de Jésus, et spécialement sa mort et sa résurrection inaugurent les derniers jours. C’est donc une compréhension de l’histoire centrée sur les événements entourant la mort et la résurrection de Jésus.

L’étrange résurrection de Matthieu 27.52-53

À l’intérieur de cette vision de l’histoire, nous pouvons donc apercevoir le sens que Matthieu donne à cet événement. De la même manière, Matthieu 27.52 utilise Ézéchiel 37.12-13 pour décrire une résurrection physique.[8]

Ézéchiel 37.12-13 Matthieu 27.52-53
C’est pourquoi, prononce un oracle et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, je vous ramènerai sur le sol d’Israël. 13Vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR quand j’ouvrirai vos tombeaux, et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple. 52les tombeaux s’ouvrirent, et les corps de plusieurs saints qui étaient décédés ressuscitèrent. 53Ils sortirent des tombeaux, entrèrent dans la ville sainte, après la résurrection (de Jésus) et apparurent à un grand nombre de personnes.

 

Immédiatement après avoir décrit la mort de Jésus (Matthieu 27.50), Matthieu ajoute ces versets 27.52-53. La croyance en la résurrection générale est construite à partir de l’AT lorsque le Messie viendrait.[9] Ce qui était inattendu c’était la mort et la résurrection du Messie avant la résurrection générale et le jugement final. Il est probable que cette poignée de fidèles supplémentaires revenant à la vie devait garantir que la résurrection de Jésus fonctionnait en fait comme les prémices de beaucoup plus à venir (1 Corinthiens 15.20-22).[10]

Conclusion

C’est évident que je n’ai pas prouvé ces résurrections et les tombeaux ouverts de ce passage biblique. Quant à moi, cela ne changerait pas grand-chose, dans la mesure où la résurrection de Jésus est validée beaucoup plus fortement par l’évidence historique. Il vaut la peine en conclusion d’apporter deux nuances nécessaires :

  1. Je ne désire en aucun cas laisser entendre que ces événements ne se sont pas produits. La vie entière de Jésus, sa mort et sa résurrection sont des événements uniques incrustés dans l’histoire. Dieu se révèle à nous et se dévoile dans l’histoire. Et sur cette conviction nous sommes en droit, même en devoir, de rechercher ce que Dieu désire nous dévoiler dans cette histoire. Cela produit un amour plus grand pour l’évangile et une augmentation de mon affection pour Jésus.
  2. Certains théologiens pourraient m’accuser de spiritualiser le texte, à cause que je n’ai pas expliqué le texte de manière historique-littérale-grammaticale. Loin de moi le désir de spiritualiser ces événements. Pourquoi opposé spirituel à littérale? La nouvelle naissance elle-même est une réalité spirituelle et littérale! L’approche que j’ai utilisée pour le texte de Matthieu a l’avantage de faire ressortir ce qui est littérale-historique-grammaticale. Elle nous permet, entre autres, de voir les allusions à l’AT. À la lumière de l’histoire de la rédemption, ce passage devient plus clair.

La cohérence interne à la bible me fascine! L’étude de cet événement rapporté par Matthieu me confirme encore une fois que Jésus a accompli tout ce que prévoyait l’AT. Par son corps ressuscité il inaugure et rend réel les promesses de la vie éternelle dans l’anticipation de notre restauration finale et consommé.

[1] Historico-rédemptrice : C’est l’évangile dans l’histoire. C’est une terminologie consacrée pour parler de ce que Dieu a fait dans son plan qui traverse les siècles de l’histoire.

[2] Voir par exemple, Éphésiens 1.4-6; 2 Timothée 1.9-10

[3] Voir par exemple, 2 Corinthiens 1.20; Romains 8.32; Éphésiens 4.4-8; Hébreux 13.20-21; 1 Pierre 4.11

[4] Gladd L., Benjamin and Harmon, Matthew S., Making all thinks new: inaugurated eschatology for the life of the church. Baker Academic, Grand Rapids, 2016, p.8-11

[5] L’AT utilise ces termes qui ne sont pas toujours eschatologiques, mais quelques fois les auteurs ont réellement l’eschatologie en vue.

[6] Gladd, p.10

[7] Passage sélectionné pour réduire le texte. Il vaut la peine de lire tout le chapitre.

Daniel 12.1-2 Ézéchiel 37.6, 12-14
1En ce temps-là se dressera Michel, le grand Prince,
lui qui se tient auprès des fils de ton peuple.
Ce sera un temps d’angoisse
tel qu’il n’en est pas advenu depuis qu’il existe une nation
jusqu’à ce temps-là.
En ce temps-là, ton peuple en réchappera,
quiconque se trouvera inscrit dans le Livre.
2Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront,
ceux-ci pour la vie éternelle,
ceux-là pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle.

 

6Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, j’étendrai sur vous de la peau, je mettrai en vous un souffle et vous vivrez ; alors vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR. »

12C’est pourquoi, prononce un oracle et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, je vous ramènerai sur le sol d’Israël. 13Vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR quand j’ouvrirai vos tombeaux, et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple. 14Je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez ; je vous établirai sur votre sol ; alors vous connaîtrez que c’est moi le SEIGNEUR qui parle et accomplis – oracle du SEIGNEUR. »

 

[8] Le tremblement de terre rappelle les paroles de Zacharie 14.4-5.

[9] Craig L. Blomberg dans, Carson D.A. and Beale, G.K., Commentary on the New Testament use of the Old Testament, Baker Academic, Appolos, Grand Rapids, Michigan, 2007, p.98.

[10] Blomberg, p.98

Une déclaration étrange après la résurrection (partie 2 suite): Les témoins de Jéhovah et Jean 20.28 

« Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jean 20.28)

Probablement dans votre entourage, vos connaissances, ou quelqu’un au travail, est Témoins de Jéhovah. Nous savons que les Témoins de Jéhovah n’ont pas la même conception de Jésus que nous pouvons l’avoir, nous chrétiens évangéliques. Ils doivent eux aussi interpréter ce passage (Jn 20.28) et en offrir une explication conforme avec leur compréhension de Jésus. Prendre ce verset pour ce qu’il déclare est extrêmement difficile pour eux, car ils croient au mieux que Jésus est une divinité de « second rang », comme on le verra. Enfin, ils donnent quelques explications pour harmoniser avec ce qu’ils croient :

  1. C’est une exclamation de surprise.

« Mon Seigneur ! Mon Dieu! » Il serait surprenant que ce texte s’interprète de cette façon. La première réponse de Thomas serait de nature blasphématoire et vulgaire. Nous savons que chaque culture a ses expressions grossières qui leur sont propres  et ici c’est ce que Thomas ferait. Ce serait invraisemblable pour au moins trois raisons :

  1. Parce que Thomas est un juif dévoué et le mot « Dieu » vient avec son bagage juif de considération.
  2. Même si cela était possible, cette interprétation tombe en considérant le mot « et », qui la rend ridicule.
  3. Advenant que ce soit le cas, cela voudrait dire que Jésus accepte l’adoration de Thomas.

Cette première tentative est plus qu’improbable, car elle ne tient pas en compte du contexte propre au texte, ainsi qu’au judaïsme de l’époque. Elle est plutôt une tentative d’imposer leur théologie sur le texte, au lieu d’être dirigé par le texte.

  1. Thomas s’adresse à Jésus en termes d’une divinité dans une position exceptionnelle devant Jéhovah.

C’est probablement l’explication la plus courante et la plus développée. Voici en quoi elle consiste dans leur livre Comment raisonner à partir des Écritures, dans la citation intégrale :

« Rien ne s’opposait à ce que Thomas appela Jésus ‘’Dieu’’, si c’est bien là ce qu’il a voulu dire? Cela s’harmoniserait avec un texte des Psaumes que Jésus a cité dans lequel des juges puissants sont qualifiés de ‘’dieu’’. (Jean 10;34, 35, Tob; Ps 82.1-6.) Bien entendu, Jésus occupe une position de loin supérieure à celle de ces hommes. En raison de sa position exceptionnelle vis-à-vis Jéhovah. Jésus est appelé ‘’le dieu fils unique’’ en Jean 1 :18 (MN; voir également GL, CT, VB). Par ailleurs, Essaie 9 :6 le qualifie en termes prophétiques de ‘’dieu puissant’’, mais pas de Dieu Tout-Puissant. Tout cela s’accorde avec le fait que Jésus est décrit comme étant ‘’dieu’’, ou un ‘’être divin’’, en Jean 1 :1 (MN, CE). »[1]

Il y a plusieurs éléments à considérer dans ce paragraphe :

  1. La conception de l’argument : En logique nous appelons cela une pétition de principe. Il nous demande de considérer comme admis ce qui doit être démontré. C’est-à-dire, que la réponse est déjà orientée d’une certaine façon vers la conclusion. Voilà la forme de l’argument :
    1. « Rien ne s’opposait à ce que Thomas appela Jésus ‘’Dieu’’ […]»
    2. « […] si c’est bien là ce qu’il a voulu dire? »
    3. « Cela s’harmoniserait avec […] »

En fait cela s’harmoniserait avec leur propre vision à savoir que Jésus n’est pas Dieu. Mais c’est justement cela qu’il faut démontrer. Le psaume cité en Jean 10.34-35 ne concerne pas Jésus directement. Il s’adresse aux juifs qui jugent Jésus justement parce qu’il s’est fait Dieu (Jn 10.33). Les juifs eux-mêmes reconnaissaient qu’ils se faisaient Dieu, et c’est la raison pour laquelle ils voulaient le lapidé (Jn 10.33).

  1. Ils orientent leur interprétation selon deux versets tirés de l’évangile de Jean, qui est évidemment interprété selon eux comme « Jésus = être divin » (Jn 17.3; 20.17). La démonstration n’en est pas faite. Ils ont simplement commencé en supposant la question résolue, en y trouvant ce qui est déjà déterminé. C’est une orientation théologique tendancieuse. À titre d’exemple, il mentionne que le Fils est qualifié en « […] termes prophétiques de ‘’dieu puissant’’, mais pas de Dieu Tout-Puissant. » Il faut simplement lire le verset au complet pour répondre à cela et y voir qu’il est aussi appelé Père éternel:

« Car un enfant nous est né, Un fils nous est donné, Et la souveraineté (reposera) sur son épaule ; On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix.» (Esaïe 9.5 CL [6])

  1. Il commence dans la reconnaissance que Thomas a appelé Jésus « Dieu » [D majuscule] et que rien ne s’y opposait. Par la suite, dans le texte jamais il est appelé « Dieu », mais bien « dieu » [d minuscule]. Malgré cela, leur Traduction du monde nouveau conserve le « D » majuscule[2], ainsi que leur texte grec interlinéaire.[3]

Il semble que rien ne s’opposait à appeler Jésus « Dieu », à l’exception de leur théologie. Suite à ce paragraphe, immédiatement ils nous annoncent que « le contexte nous aide à tirer les bonnes conclusions. »[4] Voilà qui nous intéresse. Cela commence par un rappel de Jean 17.3 ou Thomas aurait entendu Jésus prier qu’à son Père comme « au seul vrai Dieu ».[5] Ensuite,

« Une fois ressuscité, Jésus avait fait dire à ses apôtres, dont Thomas, qui venait de voir Jésus et de toucher Jésus ressuscité, l’apôtre Jean a déclaré : ‘’[Ces signes] ont été [rapportés] pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom.’’ (Jean 20 :31, Tob). Par conséquent, si quelqu’un en était venu à penser, sur la foi des paroles de Thomas, que Jésus lui-même est le ‘’seul vrai Dieu’’ ou ‘’Dieu le Fils’’ au sein de la trinité, il aurait intérêt à reconsidérer la déclaration de Jésus (v.17) et la conclusion très claire que tire l’apôtre Jean. »[6]

Faisons quelques observations encore une fois :

  1. Ils font seulement allusion au contexte du chapitre 20 de Jean, sans les explications contextuelles nécessaires. Le contexte n’est-il pas roi?
  2. Ils font allusion encore une fois à des passages (Jean 17.3) déjà interpréter selon leur théologie. Où est la démonstration? Où sont les autres passages qui parlent explicitement de Thomas dans l’évangile (11.16; 14.5-6) qui établit le portrait de Thomas et de son doute? Nous pourrions faire une tout autre liste qui mentionne la divinité de Jésus et le fait que c’était le motif de mise à mort par la lapidation. D’ailleurs ce motif est explicitement mentionné dans les passages comme Jean 10.33 [cf. motif Jn 8.58; 11.8]. Les Témoins de Jéhovah refusent de voir que Jésus lui-même se faisait Dieu, les juifs eux-mêmes l’ayant compris.
  3. Par conséquent, la conclusion, c’est que si nous ne pensons pas comme eux nous devrions nous interroger et considérer la conclusion de Jean 20.17, 31. Dresser une christologie sur la base de deux versets, sans le contexte, c’est très difficile.

Sans revenir à tout ce que nous avons dit dans l’article précédent[7] sur le contexte du passage, nous devons admettre le caractère très personnel de la confession de Thomas, lui, juif monothéiste du premier siècle. L’évidence textuelle, historique et contextuelle ne va pas dans le sens de la compréhension des témoins de Jéhovah.

Conclusion

En traçant les grandes lignes d’une réponse aux témoins de Jéhovah, j’espère avoir rendu clair mon amour pour eux. Loin de moi l’idée des ridiculisé. Mon désir est de rendre clair l’évangile de Jésus-Christ, la bonne nouvelle de tout ce que Dieu a fait en Jésus-Christ. Cet essai tente donc d’ouvrir une brèche pour questionner les témoins de Jéhovah, mais surtout, les amené dans le texte biblique et non par la compréhension de la société des témoins de Jéhovah. Une compréhension de la divinité de Jésus est certainement nécessaire, et cela commence sans aucun doute dans les textes mêmes de la bible qui nous rapporte les événements entourant la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Le texte est Roi!

En terminant, Jésus disait en Jean 5.39 : « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. »

 

 

 

 

 

 

[1] Comment raisonner à partir des Écritures, Watch Tower Bible and Tract society of Pennsylvania, 1986, p.206-207.

[2] Sans entrer dans les détails techniques, il ne respecte pas leur propre règle de grec qui fait mettre un petit « d » à Jean 1.1, 18 [lorsque Dieu est précédé d’un article défini, il faut un grand D, mais pas si l’article n’y est pas]. Il semble que les règles exégétiques sont très sélectives.

[3] The Kingdom interlinear translation of the Greek Scripture: Three bible texts. Watch Tower Bible and Tract society of Pennsylvania and International bible students association, 1985, p.513

[4] Comment raisonner, p.207

[5] Comment raisonner, p.207

[6] Comment raisonner, p.207

[7] https://www.associationaxiome.com/declaration-etrange-apres-resurrection-partie-2/

Une déclaration étrange après la résurrection (partie 2)

« Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. »  Henri Poincaré   Dans le premier article, nous avons regardé la proposition selon laquelle le NT se construit sur l’AT. À partir des récits de la résurrection, nous avons vu que cette proposition est très difficile […]

Les récits étranges de la résurrection (partie 1)

Lorsqu’on se plonge de manière attentive dans les récits de la résurrection – les récits contenus à la fin des quatre évangiles – nous sommes en zone étrange. Combien de femmes y avait-il au tombeau? Combien d’anges ou d’homme? Les disciples qui se demandent qui il est. Et bien d’autres questions. Ces écarts biographiques ont amené certains théologiens, historiens et philosophes à remettre en question la validité des récits sur la résurrection. Manne pour les athées, comme Michel Onfray, on tente d’expliquer la résurrection à partir d’un construit que les auteurs évangéliques se feraient à partir de l’Ancien Testament. Autrement dit, après les événements survenus à la pâque, des années plus tard (selon certains) les apôtres ou une génération après ont examiné les textes de l’Ancien Testament (AT) et ont rédigé leur Nouveau Testament (NT), particulièrement les récits entourant la résurrection. Selon Michel Onfray :

« Les évangiles ressemblent à un grand puzzle rempli d’énigmes, un labyrinthe sans fil d’Ariane unique, un vaste collage de textes de juifs qui piochent dans l’Ancien Testament matière à construire leur Nouveau Testament. » [1]

Les écarts de surface entre les récits ne signifient pas que rien ne s’est passé. Si nous avions un seul récit, au lieu de quatre, on accuserait les chrétiens de ne pas avoir assez d’évidence et de preuve documentaire, ou encore que l’auteur serait influencé par un délire ou une dissonance cognitive. D’un autre côté, s’il y avait quatre textes pareils, ils seraient écartés pour plagiat et rendraient peu probable, historiquement, les récits.

Il est évident que les récits reflètent les intérêts théologiques des auteurs[2] et c’est la raison pour laquelle il faut donner un intérêt particulier à la théorie révisionniste – construire un récit par une relecture de l’AT. Pour offrir une réponse à cette théorie, nous le ferons en plusieurs étapes. Pour le moment, notre attention se tourne vers les récits en eux-mêmes, les quatre évangiles.

Des choses étranges

Afin de répondre à la théorie révisionniste, il faut d’abord relever quelques éléments étranges[3] dans les récits concernant la résurrection. J’aimerais suggérer que ces éléments nous obligent à les prendre au sérieux. Ils sont sérieux, car ce sont des éléments qui sont arrivent tôt, non pas des inventions ultérieures, comme certains le suggèrent.

  1. Étrangement, les récits de résurrection sont silencieux sur les citations, allusions ou échos à l’Ancien Testament.

À part quelques exceptions les récits de la résurrection font rarement référence à l’AT. Sachant que les écrivains du NT citaient abondamment l’AT, c’est un état de choses assez surprenant.

Livre Nombres de versets Passages bibliques Sujets
Matthieu 20 28.1-20 Tombeau vide et apparence
Marc 8 16.1-8 Tombeau vide, sans apparence
Luc 53 24.1-53 Tombeau vide et apparence
Jean 52 20.1-19; 21.1-23 Tombeau vide et apparence

Tableau 1: Répartition des récits de résurrection

Prenons l’évangile de Jean en exemple, souvent considéré plus spirituel, surtout concernant le corps de Jésus. L’évangile de Jean est impressionnant. Lorsque nous dressons une liste des passages qui lient le sujet de la résurrection dans son champ sémantique ou thématique, nous voyons la richesse et l’importance du sujet:

Jean Passage AT Sujet dans Jean
2.17 Ps 69.9 Zèle pour la maison de son Père
2.19-20[4]   Temple détruit en 3 jours
3.5 Ez 36.25-27 Naître d’eau
3.8 Eccl 11.5; Ez 37 Vent qui souffle
3.13 Pr 30.4; Dan 7.13 monté au ciel
3.14 No 21.8-9; Es 52.13 Élévation du serpent
3.16 Ge 22.2, 12, 16 Élévation du Fils
4.10 Nom 20.8-11; cf. 21.16-18 Don de l’eau vive
4.21-24 Deut 11.29; 12.5-14; 27.12; Jos 8.33; Ps 122.1-5; Es 2.3? Vraie adoration ne sera plus sur une montagne
4.36 Amos 9.13? moisson
5.21-24   Dieu ressuscite et le Fils aussi
5.27 Dan 7.13  
5.29 Dan 12.1-2  
5.39-40   Vie provient des Écritures
5.45 Deut 31.26-27  
5.46 (cf. 6.14) Deut 18.15, 18  
6.29 Mal 3.1 Invitation a croire
6.40-51 Es 54.13a (6.45) Celui qui croit sera ressuscité
6.54    
7.38 Neh 9.15, 19-20; cf. Nom 20.11; Ps 77.16, 20 LXX; Es 58.11; Za 14.8 celui qui croit aura la vie selon les Écritures
8.12 Es 9.1-2; cf. 49.6 Jésus lumière du monde qui donne la vie
8.28 Es 52.13 Élévation du Fils et vie
8.55-56   Gloire du Fils donné par le Père
10.8-11 Jer 23.1-2; Ez 34.2.3 Berger donne sa vie pour brebis
10.16 Es 56.8; Ez 34.23; 37.24 Brebis entend la voix du berger et forme un troupeau
11.1-44   Jésus est la résurrection (11.25)
12.32 Es 52.13 Élévation du Fils
19.36-37 Za 12.10; Ex 12.46; Nom 9.12; Ps 34.20 Brisement du Fils, et sa crucifixion

Tableau 2: Allusions probantes à l’AT et la résurrection dans Jean

Le langage de la résurrection[5] dans l’évangile de Jean est assez diversifié et il est en relation avec différents thèmes. Cela nous amène à faire deux observations capitales :

  1. Les allusions à l’AT dans le récit de la résurrection, dans Jean, sont quasi absentes[6]
  2. Ces allusions concernent beaucoup plus sa mort que sa résurrection.

Pourquoi les évangélistes ne réfèrent pas à l’AT? N’est-ce pas le point culminant de l’histoire de Dieu et de son peuple? Ce serait facile pour Mathieu de citer une ou deux prophéties avec une mention « accomplie ». Il ne le fait pas.[7]

  1. Étrangement, le portrait de Jésus ne reflète pas les attentes juives

Spécialement, dans le contexte du second temple, nous devrions nous attendre à ce que les récits reflètent certains passages de l’AT, ou encore expriment la théologie juive à cet égard. Ils ne le font pas. Il commence simplement avec Jésus, pas radiant, ni dans le ciel, comme on attendait.[8] Pas de visions célestes. Nous sommes loin des visions apocalyptiques. Imaginons un scribe chrétien 40, 50, même 60 ans plus tard qui étudie l’Écriture et qui maintenant veut écrire le récit de la résurrection. S’attendrait-on à quelques citations? Quelle Écriture? Peut-être Daniel?

Daniel 12,2-3
2Beaucoup de ceux qui dorment Dans la poussière de la terre se réveilleront, Les uns pour la vie éternelle Et les autres pour la honte, pour l’abjection éternelle.

3Ceux qui auront été des clairvoyants resplendiront Comme la splendeur de l’étendue céleste, Et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude Comme des étoiles, à toujours et à perpétuité.

 

Jésus est plutôt décrit comme un homme dans son corps physique, mangeant du poisson, apparaissant à ses disciples, qu’on touche.

  1. Étrangement, les récits ne renferment pas d’espoir personnel

Simplement dans une tentative d’évaluation historique, il est étrange de ne pas y trouver de mention de notre espérance future en tant que chrétien. N.T. Wright souligne que c’est contre-intuitif, car la majorité de nos hymnes, liturgie, icône, etc. s’est concentré sur la résurrection comme « une vie après la mort ».[9] Au lieu de cela, nous trouvons à la fin, une commission pour le monde présent. Jésus est ressuscité : donc, vous avez du travail à faire et je serai avec vous! La question ne concerne pas la vie post-mortem.

  1. Étrangement, les récits ont comme témoin des femmes

C’est apologétiquement embarrassant. Qu’on aime cela ou non, à cette époque les femmes n’étaient pas considérées comme des témoins crédibles. Les évangiles, même Paul (1 Corinthiens 15), mettent les femmes au centre de leurs témoignages. Les premiers témoins sont des femmes.

Conclusion

Au cœur de la théorie révisionniste, il y a la proposition que le NT se construit sur l’AT. C’est évident que l’histoire biblique a un fil conducteur et qu’il y a des liens nécessaires à faire avec l’AT. Les auteurs du NT le font abondamment, de différentes manières. La théorie révisionniste fait la proposition supplémentaire que les récits de la résurrection sont des relectures de l’AT. Le langage de la résurrection est riche et diversifié et lorsque les auteurs utilisaient l’expression « il est ressuscité d’entre les morts » ce langage signifiait qu’on le veut ou non : il est ressuscité d’entre les morts. S’ils voulaient parler d’apparition de fantôme ou d’esprit, il y a des expressions spécifiques pour cela.

Les évidences pointent dans une autre direction et cette théorie manque de puissance explicative.  Wright nous rappelle justement que la résurrection a effectivement fonctionné comme une métaphore, mais pas comme une métaphore pour une nouvelle expérience religieuse.[10]

[1] Michel Onfray, Décadence : Vie et mort du judéo-christianisme. Flammarion, Villeneuve-d’Ascq, 2017, p.199. Pour Onfray, Jésus existe de manière conceptuelle  et non comme un Jésus historique. « Notre civilisation tout entière semble reposer sur la tentative de donner un corps à cet être qui n’eut d’autre existence que conceptuelle. » Onfray, Décadence, p.45. Encore, « L’origine du christianisme est obscure, opaque : il faut composer avec un Jésus invisible, incorporel, conceptuel. » Onfray, Décadence, p.83. Voir aussi Michel Onfray, Traité d’Athéologie : physique de la métaphysique. Grasset & Fasquelle, 2005, p.157-199. Richard Carrier est un historien athée qui soutient la même hypothèse.

[2] Le récit de la résurrection de chaque évangile reflète les thèmes de leur évangile. L’évangile de Mathieu est particulièrement intéressant.

[3] N.T. Wright discute de ces éléments étranges dans N.T. Wright, The Resurrection of the Son of God. Fortress Press, Minneapolis, p.2003, p.599-608.

[4] Le caractère gras souligne qu’il y a allusion plus directe à la résurrection ou encore à l’Esprit qui donne la vie.

[5] Allusions claires: 2,19-20; 3,1-16; 4,21-24; 5,21-24, 28-29, 39-40, 46; 6,40, 44-51, 54; 7,37-38; 8,12, 28, 55-56; 10,10-18; 11,1-44; 12,32; Jean 19 sur sa mort : 19,14, 28, 31, 36-37, 42; et 20,9. Allusions probantes: 1,12-13; 1,33.

[6] En fait elles sont pratiquement absentes de la deuxième section de l’évangile de Jean, livre de la gloire ou de la passion (13-21).

[7] Paul ne le fait pas aussi. En 1 Corinthien 15.3, il fait simplement mention que cela accomplit l’Écriture, sans référence biblique.

[8] Wright, RSG, p.604

[9] Wright, RSG, p.602-604

[10] N.T. Wright, Surprised by hope: Rethinking heaven, the resurrection and the mission of the church. Harper One, New York, 2008, p.60.

Une vierge, Une souris et la biologie – Réflexion sur la naissance virginale de Jésus

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J’aimerais simplement faire quelques réflexions pour ce temps des fêtes concernant Noël. On proclame beaucoup que « le sauveur est né », mais on se soucie souvent moins du contexte dans lequel il est né. Soyons directs : il est né d’une vierge !

Peut-on croire que Jésus est né d’une vierge? Il est évident que deux visions s’affrontent aujourd’hui. D’une part, ceux qui croient que tout ce qui existe est matériel (matérialiste ou naturaliste) et d’autre part ceux qui croient en l’existence du surnaturel. Et l’argument le plus souvent avancé aujourd’hui contre la naissance virginale de Jésus provient de la science : c’est une impossibilité biologique. Ou encore, c’est hautement improbable.

La biologie aujourd’hui est une science développée qui nous montre pratiquement dans les détails comment un enfant est conçu. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que ça prend toujours un mâle et une femelle pour concevoir un enfant. Une conception virginale demande d’avoir une espèce de génération spontanée du « sperme masculin », ce qui va à l’encontre des lois de la biologie. Aucune expérimentation en laboratoire n’a pu reproduire cela. D’un point de vue purement matériel : Ça ne se peut pas!

Si nous analysons la façon dont un humain est conçu, nous voyons qu’à tous les coups la conception est faite avec mâle et femelle. Et avec la masse d’évidence reproduite des millions de fois nous avons cette loi biologique. Mais est-elle une loi absolue? Le fait qu’une chose ne puisse être reproduite en laboratoire ne signifie pas qu’elle ne se soit jamais produite. Dans chaque cas de reproduction, il existe une tonne de variables à tenir en compte.

Dans le cas d’une naissance virginale, il y a une variable que le modèle matérialiste ne prend pas en compte : Dieu. La réalité de Dieu agissant réellement dans l’histoire. Il faut l’inclure dans notre modèle, car ceux qui revendiquent ce genre de naissance pour Jésus l’incluent. Voyez-vous un scientifique peut discuter de la probabilité ou l’improbabilité d’une théorie, mais jamais son impossibilité. Car pour cela il faudrait qu’il connaisse toutes les lois qui régissent l’univers. Nous sommes en présence d’un événement unique, qui relève beaucoup plus de l’histoire que de la science en laboratoire. La science s’intéresse à ce qui se produit de façon répétitive, non aux événements uniques.

En fin de compte, l’argument contre les chrétiens concernant le miracle, c’est qu’il implique un événement unique. Mais nier un événement parce qu’il est unique n’est pas faire preuve d’un esprit scientifique, mais plutôt de préjugé. Il suffit de penser à l’origine de l’univers qu’ils nomment eux même « singularité ». C’est un terme scientifique pour parler d’un événement unique, pourtant. Peut-on l’étudier? Avant d’étudier des centaines de souris pour voir comment la conception se fait, il faut étudier une souris. De même, avant d’analyser la vie de Jésus il faut accepter le premier. Car la vie au complet de Jésus est une série d’événements uniques. Ceux qui ont entouré Jésus durant sa vie ont été surpris eux aussi de ce qui passait. Beaucoup avaient du mal à croire ce qui se passait, malgré le fait qu’ils étaient dans une société ou la valeur commune était l’existence de Dieu. Ils n’étaient pas matérialistes, alors imaginez nous!

La foi chrétienne tient ferme ou s’écroule avec le caractère unique de Jésus-Christ! Jésus-Christ est unique. Le contexte ne laisse place à aucun doute quant à la parole adressée à Marie. À propos de la conception dans le sein de Marie ainsi que la grossesse de sa cousine Élisabeth, l’ange ajoute : « Car rien n’est impossible à Dieu. » (Luc 1.37) La question de l’impossibilité est soulevée précisément parce que l’annonce faite par l’ange enfreint les lois de probabilité. Les auteurs du Nouveau Testament étaient comme nous, aussi critiques que nous pouvons l’être. Ils savaient eux aussi que pour faire une souris ou un bébé, il faut un mâle et une femelle. Il ne faut pas penser qu’ils étaient tous des épais parce qu’ils n’avaient pas de microscope électronique.

Rappelons-nous ceci :

  1. Un chrétien ne croit pas à une naissance virginale sans Dieu!
  2. Un chrétien, tout comme le non-chrétien, trouve ridicule une naissance humaine virginale, sans Dieu.
  3. Mais, les chrétiens croient en Dieu. Plus précisément un Dieu qui s’investit dans sa création.
  4. La création fournit des évidences fortes en l’existence de Dieu.
  5. Par conséquent, il est probable que Dieu ait agi dans sa création.

Ces événements sont rapportés et validés par la méthode historique, par les témoins oculaires, la diversité des sources, la fiabilité des sources, voire même ceux qui rejetaient Jésus. Tout concorde pour dire que Jésus est unique.

Ce n’est pas seulement un enfant qui naît, c’est l’incarnation de Dieu. Jésus est unique.

 

Un évangile qui donne de la valeur aux femmes!

Jesus_kissing_his_mother_maryLes femmes « dans » la bible (Partie 2)

« La vraie féminité c’est de rendre clair au monde et de manière unique que Dieu est glorieux! »

Dans la première partie, j’ai donné deux arguments afin de répondre à ceux qui disent que la bible dit que la femme est inférieure à l’homme, surtout à partir du livre de la Genèse dans la bible. Dans le présent article, j’aimerais montrer que l’évangile donne énormément de valeur aux femmes. Même que, dans un sens, l’évangile est le fondement de cette valeur accordée aux femmes.

Encore une fois, dire que la bible et plus spécifiquement que l’évangile donne de la valeur aux femmes ne vont pas dans le sens du discours philosophique contemporain. Le célèbre auteur français Michel Onfray popularise l’idée selon laquelle le christianisme est inévitablement castrateur et que cette « […] machine à produire des eunuques, des vierges, des saintes, des mères et des épouses en quantités, s’effectue toujours au détriment du féminin dans la femme. »[1]

On doit cependant concéder avec justesse que la religion, surtout politisée, s’effectue généralement au détriment des femmes. Malheureusement, l’histoire nous le montre trop souvent, peu importe la religion ou la croyance, même athée. Mais c’est une affirmation qui généralise toutes les visions chrétiennes, qui absolutise le message biblique et qui ne tient pas en compte le fait que lui-même prend la première section de son livre à nous raconter son expérience de jeunesse à l’orphelinat chez des prêtres salésiens. Et avec raisons nous devons dénoncer les abus en tous genres et je lui lève mon chapeau de le faire. Cependant, je ne peux généraliser et rendre absolue sa vision du christianisme influencé grandement par son expérience et encore moins réduire l’essence du christianisme à une mécanique inévitablement dénigrante, réductrice et antiféminine.

Mon argument principal est celui-ci : Une des façons que l’on a de considérée la valeur de la femme, dans la bible, est de regarder la relation que Dieu veut que l’homme établisse avec elle.

À quoi ressemble cette relation?

Commençons par lire, en nous limitant à ce que Paul dit en Éphésiens 5.31-32 :

« 31C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair.32Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église.»

Paul dans ce passage considère le mariage et cite un passage de la Genèse (2.24) et il y découvre un grand mystère (5.32). Pourquoi? Au risque de trop simplifier, disons simplement que Paul depuis le début de sa lettre utilise l’image d’un corps pour parler de son Église (1.23; 4.4, 12-16; etc.). Tous ceux qui mettent leur foi en Christ font partie de son corps. Ils sont l’organisme par lequel Dieu manifeste sa vie.

Paul fait un parallèle avec le mariage : Marie et femme deviennent une seule chair, comme Christ et l’église deviennent un même corps. Paul utilise le mariage comme une image représentant notre union avec Christ. « Une seule chair » versus « un corps ». Et Paul cite Genèse 2.24 en référence directe à l’union de Christ et de l’église. C’est ici que cela devient intéressant, car théologiquement, l’argument de Paul ne bouge pas des relations humaines de mariage vers Christ et l’Église. Plutôt, Christ et l’Église dans leur relation d’amour sont le paradigme pour le mari et la femme dans la genèse.[2] Autrement dit, Paul cite un texte concernant la création et le mariage et il dit : J’ai conçu le mariage sur le modèle de l’amour que Christ a pour son Église.

 

L’amour de Christ pour son Église : Notre modèle

Inévitablement, cela soulève la question : quel est donc le modèle d’amour? À quoi ça ressemble? Qu’est-ce ça mange en hiver? En fin de compte nous pouvons le résumer assez rapidement : « […] l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang. » (Actes 20.28). L’Église est précieuse au point de donner sa vie!

L’évangile vous donne de la valeur d’au moins deux façons :

  1. Dans la joie que nous devons y trouver. La bible énonce une vérité étonnante : « Que chacun aime sa femme comme lui-même » (Eph 5.33). Tous nous cherchons notre joie et notre bonheur. Et voici une vérité biblique : c’est que l’amour véritable recherche sa joie dans celle de l’être aimé. Nous sommes appelés à trouver notre joie dans notre relation. Le Seigneur ne nous demande jamais de nous réjouir en quelque chose qui n’a pas d’importance.
  2. La relation d’amour que nous devons avoir avec nos femmes est semblable à celle de Christ et de l’église (5.25). Quelle valeur elle a pour la comparer à l’amour de Christ envers l’église. Il s’est donné. Il avait un plan et il avait comme dessein pour de nous racheter au prix de son propre Fils. Et c’est exactement ce qu’il nous dit : tu l’aimeras exactement comme cela.

Tu vas l’aimer au point que jour après jour tu te donneras pour elle. Jésus s’est donné pour vous. Vos femmes de même ont une si grande valeur que tu te donneras pour elle.

Mettre les pièces ensemble!

Mettons les choses en ordre : Dieu n’existe pas pour rendre gloire à la femme. La femme existe, afin de rendre Gloire à Dieu. Elle existe afin de rendre clair au monde que Dieu est merveilleux. Quand Dieu a dit ses intentions concernant sa création en Es 43, il a dit que ce qu’il a créé est pour sa gloire. La femme existe pour la gloire de Dieu. Et donc, la place privilégiée, c’est celle d’être une image de Dieu qui reflète sa gloire. C’est privilégié non pas parce qu’elles sont supérieures. Mais parce que Dieu les a créés aussi pour sa gloire et il leur accorde une grande valeur.

Si vous tentez de réduire la féminité à des caractéristiques physique et/ou à des fonctions biologiques, à une place dans la société à travers les compétences, vous diminuer l’évangile, et par conséquent votre valeur. C’est un message qui est faux. Les femmes ne sont pas des compétitrices avec nous, contrairement aux messages féministes qu’on entend trop souvent. Elles sont nos égales en nature, mais différentes dans leurs expressions!!! À de trop nombreuses places dans le monde on met les femmes plus bas que des animaux, mais

« Il existe une différence énorme entre la contemplation d’une aurore boréale avec votre conjoint et l’observation du même phénomène en compagnie de votre chien[3]. »

La bible est littéralement contre cette pensée. Un des plus beaux passages de la bible concernant nos femmes, est sans doute le proverbe 31.10 : « Qui trouvera une femme de valeur? Son prix dépasse beaucoup celui des perles. » Vous avez de la valeur, plus que la beauté d’une perle. Plus que sa richesse. Malheureusement, nous rendons souvent très mal cette valeur que Dieu vous accorde.

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Onfray, Michel, La puissance d’exister : Manifeste hédoniste, Grasset & Fasquelle, 2006, p.150.

[2] O’BRIEN, Peter T., The Letter to the Ephesians, Pillar New testament commentary, Apollos, Eerdmans, Grand Rapids, 1999, p. 433

[3] Piper John, Prendre plaisir en Dieu: Réflexions d’un hédoniste chrétien, Éd. La Clairière, Coll. Sentier, Québec, 1995, p.170

Les femmes « dans » la bible (Partie 1): Une réponse à ceux qui pensent que la bible dénigre les femmes!

Ce que je m’apprête à faire est dangereux, c’est-à-dire, écrire un article sur la valeur des femmes dans la bible. Nous sommes en terrain glissant, car nous entendons tellement de préjugés et de critiques que souvent on considère comme vraie, tel que « que la bible donne peut de valeur à la femme ». Mais j’aimerais donner une réponse à ce préjugé. Au contraire, la bible accorde une grande valeur aux femmes.

Plusieurs mouvement aujourd’hui attaque directement l’identité féminine ou la déforme complètement. Encore dernièrement, j’entendais une entrevue ou on a discuté de la femme dans les religions. Et lors de l’entrevue on a parlé de la création (dans la Genèse) et on nous traitait de fondamentaliste et la bible, disait-on, est le pire livre religieux et le plus détaillé concernant l’identité de la femme. Du point de vue de la bible, d’après ce point de vue, la femme est inférieure depuis le début. Après tout, elle est tirée de l’homme, et cela la rend inférieur!

Je ne veux pas minimiser les actes de tous les groupes à travers le temps qui ont réduit les femmes à un simple objet ou encore sur le dos de la bible ont justifié des actes qui sont carrément aberrants. Et il faut le dire. Mais cela n’est pas le fruit d’une conception biblique.

Quelques réflexions :

  1. Ce genre de commentaire reflète premièrement une ignorance du contexte et un rejet du texte dans son contexte littéraire.
  2. Cela souligne une ignorance du genre littéraire et mène à de mauvaises interprétations, si au minimum, ils ont lu le texte.
  3. En plus d’être tendancieux, c’est le genre d’argument qui est orienté vers un préjugé que l’on qualifie de religieux et comme c’est religieux c’est nécessairement dévalorisant pour les femmes.
  4.  On nous demande d’accepter comme vraie[1] leur conclusion humaniste, sans même nous démontrer soit que nous avons tords ou encore qu’ils ont raison. C’est toujours facile de prendre des extrêmes et de ridiculiser les chrétiens.
  5. Souvent, la ligne de pensée est fortement influencée et dirigée par l’image véhiculée dans la tradition ou la culture, sans référence au texte. Autrement dit, on interprète la bible avec le Journal de Montréal.

1reréfutation : C’est hors contexte

Dans le contexte de Genèse 2 : Dieu a d’abord créé Adam et là placé seul dans le jardin et lui a donné son commandement de ne pas manger le fruit (2.16-17). Puis au verset 18 il dit :

« L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis. » (2.18)

Cela indique que Dieu a créé Adam comme un être de communication et de partage. Dieu nous a créés pour être des communicateurs et ce dont une personne a besoin dans le contexte de ce chapitre, c’est d’une autre personne avec qui il peut partager l’amour de Dieu. Et comme il ne trouve pas dans la création, Dieu va lui apporter comme un cadeau (2.22). Il faut que l’autre soit autre et non pas un animal (2.19-20). Il y a une très grande différence entre contempler une aurore boréale avec votre conjoint et l’observation du même phénomène avec votre chien.

J’attire votre attention sur 2.23 :

« Et l’homme dit : Cette fois c’est l’os de mes os, La chair de ma chair. C’est elle qu’on appellera femme. Car elle a été prise de l’homme. »

1)      La femme est de même nature que l’homme.

2)      La joie subjective d’Adam en face de celle qui os de ses os. Nous avons tendance à lire ce passage comme si c’était le texte le plus monotone qui soit. Mais il y a un contraste établi avec sa recherche avec les animaux. Si on lit le verset « littéralement »[2] :

« WATATOW… TU M’AS-TU VU LA BEAUTÉ… WOW »

Et de là, la bible tire la conclusion[3] sur le mariage de l’union avec elle. Dieu a créé l’homme et de là il a tiré la femme et lui a amené une femme devant lui pour découvrir c’est quoi être une seule chair dans une communion vivante. Il quittera son père et sa mère, parce que Dieu lui  amené quelqu’un d’autre[4] (2.24).

Bien qu’il existe plusieurs débats sur le genre littéraire (poésie, historique, symbolique, etc.) ça n’importe peu pour voir que le texte est empreint d’amour de l’homme envers sa femme et de Dieu envers sa création. Nous devons donc rejeter les arguments faciles hors contexte pour penser que Dieu n’accorde pas valeur à la femme à partir de ces textes.

 

2e réfutation : C’est illogique

Le raisonnement dans la Genèse est le suivant :

1)      Tout ce qui est créé dans l’image de Dieu à une grande valeur

2)      La femme est créée dans l’image de Dieu

3)      Donc, la femme a une grande valeur

 

Ce qui est créé à l’image de Dieu dans la bible a une grande valeur et le texte est clair sur cela et il donne plusieurs indications à cet effet[5]. Il est donc capable de relation, de communication et de connaissance. Et le texte est clair que ce n’est pas seulement l’homme qui porte l’image de Dieu, mais « homme et femme » (1.27). En plus, cela indique une valeur, une importance et une dignité égale et l’auteur va ajouter à deux reprises que la femme est son « vis-à-vis » (2.18, 20), littéralement « face à face ». L’auteur rend clair que nous sommes égaux dans notre nature, mais différent dans notre expression. Nous sommes donc complémentaires.[6] Homme et femme reflètent de manière différente, pour ainsi dire, l’image de Dieu.

 

Conclusion :

Mes conclusions sont simples et directes :

 

  1. On doit rejeter l’idée que « le livre de la Genèse dit que la femme est inférieure à l’homme. » C’est hors contexte et illogique.
  2. On ne doit pas baser notre jugement sur un préjugé fallacieux et tendancieux.
  3. On doit dénoncer les extrémistes chrétiens ou autres, qui voudraient diminuer la femme en importance, en stature ou en valeur.


[1] En philosophie, on parle d’une  « pétition de principe ».

[2] Blague… C’est pour noter la joie d’Adam.

[3] 2.24 commence par « C’est pourquoi » s’appuyant sur le verset 2.23.

[4] Le verset à la base du mariage.

[5] 1)          Dans la progression du texte, la création de l’homme est le pinacle de la création.

2)            Il est le seul à qui est introduit de façon personnelle de la part de Dieu. « Faisons l’homme à notre image »

3)            Dans les versets 1.26-27, « image de Dieu » revient à 3 reprises.

4)            Utilisation d’un terme différent pour créer l’homme. Il désigne un potier qui façonne l’argile de ses mains.

5)            Il est donné la place de direction sur la création

6)            Il est consacré un chapitre supplémentaire sur leur création avec plus de détails.

[6] C’est ce que l’on appelle le complémentarisme, qui dit que nous sommes égaux dans notre nature et différent en notre expression. Homme et femme sont complémentaire et non en opposition.

Réprobation, libre arbitre, et théisme sceptique

Comment peut-on réconcilier un Dieu d’amour avec l’idée qu’il décrète que certaines personnes (voire-même un grand nombre d’entre elles) périssent au final?

Cette question est probablement l’une des plus difficiles adressées aux partisans de la théologie réformée, dite calviniste, selon laquelle la providence divine est telle que Dieu décrète souverainement et de manière unilatérale tout ce qui se passe dans le monde. Elle mérite donc une bonne réflexion de la part des théologiens et philosophes calvinistes.

L’amour et la volonté divine

La question soulève le souci qu’il pourrait y avoir une incompatibilité entre la doctrine calviniste de la réprobation, et un certain attribut de Dieu, à savoir le fait (sans aucun doute biblique), que Dieu est amour. Lorsque la question est énoncée sous la forme d’un argument, on voit qu’il s’agit en fait d’un cas particulier de l’argument du mal, formulé par le syllogisme suivant, que j’appellerai “miséricorde pour tous”:

-Prémisse 1: Si Dieu est amour, alors il désirera de manière maximale, empêcher la condamnation (éternelle) de toute personne,love

et

-Prémisse 2: Si le Calvinisme est vrai, (c’est à dire que les humains n’ont pas un libre arbitre tel que Dieu ne puisse pas déterminer l’issue de leurs choix), alors Dieu pourrait faire en sorte que tous les humains se repentissent librement et croient.

Ainsi, étant donné que Dieu est amour, il s’ensuit que tous les humains devraient se repentir librement et croire. Mais en réalité pas tous les humains ne se repentissent librement et ne croient, donc l’une de nos prémisses doit céder.

La réponse des arminiens est bien sûr de rejeter l’antécédent de la prémisse 2 et son affirmation que le calvinisme est vrai: ils répondent plutôt que Dieu ne sauve pas tout le monde, parce que Dieu ne peut pas sauver tout le monde, en vertu du fait que les humains aient un libre arbitre libertarian.

Dans le camp opposé, la réponse des calvinistes est plutôt de rejeter la première prémisse, à savoir l’affirmation que si Dieu est amour, alors il désirera de manière maximale empêcher la condamnation (éternelle) de toute personne.

Tout d’abord, remarquez bien le qualificatif “de manière maximale” dans cette prémisse. Pour que l’argument fonctionne, il ne suffit pas que Dieu soit enclin dans une certaine mesure envers le salut de tous–une thèse affirmée par de nombreux calvinistes, moi inclus, (ce qui, je me permets d’ajouter, rend l’utilisation de 1 Tim. 2:4 par les arminiens impertinente dans ce débat)–mais plutôt, pour que l’argument “miséricorde pour tous” fonctionne, il faut que le salut de tous les pécheurs soit, dans tous les cas, ce que Dieu désire de manière maximale. C’est uniquement cette thèse que les calvinistes rejettent. Les calvinistes sont tout à fait d’accord que l’attribut de l’amour divin incline Dieu dans le sens de la miséricorde dans une mesure certaine (après tout, selon eux, Il élit gratuitement pour le salut, des pécheurs qui ne le méritent pas le moins du monde!), mais ils maintiennent juste que son amour n’implique pas que le salut soit toujours ce qu’il désire de manière maximale dans tous les cas. Et en ce sens, gardez à l’esprit que techniquement, les arminiens eux-aussi, affirment que la volonté divine maximale n’est pas de sauver tous les pécheurs dans tous les cas: selon eux, au final, Il condamne bel et bien un grand nombre d’entre eux. Oui, il s’agit de ceux qui le rejettent librement en utilisant leur libre arbitre libertarian, mais il n’en reste pas moins que Dieu désire leur donner un libre arbitre libertarien, plus qu’Il ne désire sauver tout le monde. Et de manière intéressante, c’est précisément ce que les arminiens répondraient aux universalistes qui emploient l’amour divin dans des arguments contre eux, en disant que si Dieu aimait vraiment tout le monde, alors il sauverait simplement tout le monde, qu’ils aient la foi chrétienne ou pas. Lorsqu’ils ne sont pas universalistes, les calvinistes et les arminiens répondent d’une seule voix: “Dieu est amour, mais il ne s’ensuit pas qu’il doive pardonner tous les pécheurs au détriment de toute autre chose”. Les arminiens disent qu’Il met plus de valeur dans le libre arbitre libertarien, et les calvinistes doivent dire qu’Il a plutôt d’autres raisons.

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Que peut-on alors dire au sujet de ces “autre raisons”? D’abord, les calvinistes disent que l’amour divin incline Dieu vers le salut, mais ils maintiennent que Dieu a d’autres attributs qui rentrent en jeu également dans la décision du jugement éternel d’un individu donné. En particulier, ils disent que Dieu est juste, saint, droit, en colère contre le péché, etc… tous des attributs incontestablement bibliques, bien sûr–ce n’est pas à ce niveau que se trouve la controverse. Mais ainsi, les calvinistes maintiennent que pour un pécheur donné, Dieu a la liberté d’exercer son amour pour le sauver, ou sa justice pour le condamner. Un pécheur reçoit la miséricorde, un autre reçoit la justice, et tous deux sont cohérents avec le caractère de Dieu.

À la lumière de ces faits, les calvinistes pourraient même offrir un contre-argument réfutant l’argument “miséricorde pour tous”, sous la forme d’un reductio ad absurdum, se basant sur l’attribut de la justice divine. Ils pourraient dire qu’il existe un argument pertinemment similaire (et également incorrect), se basant sur la justice et la droiture divines, supportant la conclusion qu’aucun pécheur ne sera jamais sauvé. Il prendrait la forme suivante, l’argument “et la justice pour tous”:

-Prémisse 1: Si Dieu est juste, alors il désirera de manière maximale, condamner tous les coupables

-Prémisse 2: Dieu sera le juge qui siègera au jugement final de tous les pécheurs coupables

Par conséquent, tous les pécheurs seront condamnés. Bien sûr, cet argument est incorrect, étant donné que la prémisse 1 est fausse, mais il a pour but de souligner l’erreur de l’argument “miséricorde pour tous”: on ne peut pas prendre un attribut de Dieu en isolation de tous les autres, et spéculer sur ce que Dieu ferait sur la base de cet attribut seulement.

Cela étant dit, je pense que les arminiens pourraient offrir une réponse plutôt honorable et maintenir l’argument “miséricorde pour tous”, tout en rejetant de manière cohérente l’argument “et justice pour tous”. Ils pourraient dire que lorsque Dieu pardonne les pécheurs, sa justice n’est en fait pas compromise du tout, puisque même si le pécheur qui reçoit la miséricorde n’est pas condamné pour ses péchés, la justice est quand même exercée dans la mesure où Jésus reçoit leur punition sur la croix. Cette réponse est tout à fait acceptable, et si les arminiens prennent cette position, je pense que les calvinistes auront beaucoup de mal à réfuter l’argument “miséricorde pour tous”, sur la seule base de l’argument “et justice pour tous”, mais voila le problème: le fardeau de la preuve n’est pas sur les épaules des calvinistes. Ils n’ont pas besoin de démontrer que l’argument “miséricorde pour tous” est incorrect, ils ont simplement besoin de défendre la cohérence de leur réjection de sa première prémisse. Pour cela, ils n’ont ainsi pas besoin de fournir la raison (ou les raisons) qui incline(nt) Dieu vers la justice plutôt que la miséricorde pour un pécheur donné. Les calvinistes peuvent (et je pense qu’ils devraient) offrir dans une certaine mesure la réponse appelée “théisme sceptique”, qui dit ceci: “Dieu a des raisons moralement suffisantes pour ce choix qu’Il fait, et même si je ne suis pas personnellement capable de vous donner ces raisons, il ne s’ensuit pas un instant que ces raisons suffisantes n’existent pas”.

“Et que dire si Dieu…?”

A vrai dire, lorsque Dieu en arrive à nous donner un certain niveau d’explication dans Rom ains 9, son explication se trouve être fondée précisément sur la démonstration des attributs divins de la justice et la puissance, tel que je l’ai suggéré ci-dessus. whatifDans ce fameux chapitre, Paul anticipe que certains vont objecter à ses enseignements difficiles sur le choix divin souverain de l’élection, et il répond comme ceci: “Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras: Pourquoi blâme-t-il encore? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté? O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé: Pourquoi m’as-tu fait ainsi? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil? Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire?”

Cela semble assez clairement enseigner que la colère de Dieu contre les vases préparés pour la destruction, le glorifient dans une certaine mesure, et amplifie sa miséricorde pour ceux qu’Il a préparés d’avance pour la gloire. Ce que je trouve fascinant, cependant, c’est que même Paul formule sa réponse avec un “et que dire?” Sa formulation attentive est plus modeste que de dire “voici la seule et unique réponse, entièrement satisfaisante à cette objection, ou encore voici la raison pour la réprobation. Au contraire, il semble lui-même employer la réponse du “théisme sceptique” dans une certaine mesure. Il semble offrir une défense, plutôt qu’une théodicée complète. Il dit: “vous objectez à cette doctrine, vous prenez sur vous ce lourd fardeau de la preuve, mais “que dire”, si ceci et cela étaient le cas? Si “ceci et cela” étaient le cas, l’objection échouerait dans son but d’établir qu’il y a une incohérence dans les enseignements de Paul, et les calvinistes n’ont pas même besoin de s’engager sur le fait que la démonstration de la justice de Dieu soit la seule raison pour laquelle il abandonne les réprouvés dans leur péché. Ainsi, bien que je pense que la réponse de Paul offre en effet un point de départ solide pour une explication fondée sur la démonstration des attributs divins, il est aussi tout à fait acceptable de dire “je ne connais pas complètement les raisons dont Dieu dispose, mais j’ai de bonnes raisons indépendantes de penser d’un côté que Dieu est amour, et d’un autre côté qu’il élit certains et pas d’autres, et donc je vais juste avoir confiance en le fait que ces deux enseignements sont en harmonie l’un avec l’autre”. Après tout, la meilleure façon de démontrer que deux propositions sont compatibles, est de montrer que ces deux propositions sont vraies! La Bible enseigne que Dieu est amour, et la Bible enseigne que Dieu nous a choisis avant la fondation du monde (Eph. 1), prédestine, justifie, sanctifie et glorifie tous ceux qu’Il appelle (Rom. 8), montre sa miséricorde à ceux qu’Il veut et endurcit ceux qu’Il veut, ne dépendant ni de celui qui veut ni de celui qui court, mais uniquement de sa miséricorde (Rom. 9),etc. Ainsi, bien que j’espère que ma discussion ci-dessus ait offert un peu plus en terme d’explication, je ne pense pas qu’il soit inapproprié de dire “je crois que Dieu a révélé ces choses, et même s’il me manque une explication complète de comment elles s’harmonisent les unes avec les autres, je vais placer ma confiance dans le fait qu’Il est Saint et droit, et que lorsque le jour du jugement sera venu, “celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice?”

Cela me semble bien être une idée biblique à affirmer ou à chanter: notre Dieu est un sauveur puissant, et son amour dure pour toujours.

Qu’est-ce que l’évangile? – Partie 2 (L’évangile est-il tolérant en condamnant?)

Dans l’avant-propos du commentaire « The death of death in the death of Christ » écrit par John Owen, J.I. Packer souligne l’urgence de retrouver l’évangile:

« Sans nous en rendre compte, nous avons, au cours du dernier siècle, troqué l’évangile pour un substitut qui lui ressemble à plusieurs égards, mais qui dans son entité, constitue une notion tout à fait différente. De là tous nos troubles, car le substitut ne peut arriver au même résultat que l’évangile authentique qui a si puissamment fait ses preuves dans le passé.»[1]              

L’observation de Packer est plus que pertinente. Si l’évangile est le fondement de la vie chrétienne et qu’il doit diriger l’église, le ministère, la sainteté, l’évangélisation, l’édification, la discipline et la vie en générale, alors c’est un véritable problème de changer cet évangile. Ce « nouvel évangile »[2] pour reprendre l’expression de Packer, échoue à la transformation du chrétien. Quel est donc le problème? Selon Packer :

« Il n’amène pas les hommes à être centré sur Dieu dans leurs pensées et n’inspire pas la crainte de Dieu à leurs cœurs, car ce n’est pas son but premier. En d’autres termes, la différence entre l’ancien évangile et le nouveau est que ce dernier s’intéresse exclusivement à « aider » l’homme – lui apporter la paix, le réconfort, le bonheur, la satisfaction – et se soucie trop peu de glorifier Dieu. »[3]

Cela met la table pour regarder le contenu de l’évangile dans la lettre de Paul aux Galates. Pourquoi? Parce qu’à la première lecture cette lettre, nous constatons qu’il y a un problème sérieux concernant l’évangile. Rapidement dans la lettre le sujet y est apporté avec un langage unique que Paul n’utilise nulle part ailleurs dans ces écrits. En effet, il y a une damnation attachée à ce sujet (1.9).

A.        Le problème des Galates concernant l’évangile

C’est une épître qui contient un avertissement que nous ne trouvons nulle part ailleurs :

« Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » (1.8)

Selon ce verset si nous n’avons pas le bon évangile, nous sommes damnés. Le problème n’est pas seulement que les Galates se sont trompés doctrinalement, mais bien qu’ils se sont détournés de celui qui les « […] a appelés » (1.6) pour passer à un autre évangile. C’est donc un évangile différent de celui prêché par Paul et approuvé des apôtres et par conséquent, ce n’est donc pas l’évangile (1.7)[4].

Le fait que Paul parle d’un « autre » évangile (1.6, 7) ou d’un « évangile différent » (1.8, 9), suggère qu’il y a un contenu à l’évangile. Un contenu tellement important que si nous le manquons nous ne sommes pas seulement dans l’erreur, mais on se détourne de Dieu lui-même. À première vue ce ne semble pas être une bonne nouvelle.

B. L’évangile dans Galates

Quel est donc le contenu de l’évangile, dans le contexte de l’épître aux Galates? Paul souligne un contenu minimum et irréductible commun aux autres écrits du Nouveau Testament[5]. Le langage utilisé par Paul dans son introduction, ainsi que le fait que Paul souligne qu’ils se sont détournés vers un « autre » évangile (1.6), laisse entendre que les versets qui précèdent 1.6 sont déterminants en ce qui concerne le contenu irréductible de l’évangile, car il y fait référence dans le reste de la lettre. La formulation du contenu diverge selon l’auteur, mais nous sommes capables de tracer un contenu minimum. Par exemple, F.F. Bruce souligne deux points[6] :

  1. Que Jésus-Christ s’est donné lui-même pour nos péchés (1.4a)
  2. Et que l’objectif de ce sacrifice était de nous délivrer du présent siècle mauvais (1.4b)

D’un autre côté, D.A. Carson dans un cours sur Galates[7] souligne la compréhension que Paul a de l’évangile en trois points[8] :

  1. Sa mort
  2. Sa résurrection
  3. Un certain point de vue eschatologique qui accomplit quelque chose à la fin par Jésus-Christ

Nous revenons encore à notre résumé[9] de l’évangile: « L’évangile est la bonne nouvelle de tout ce que  Dieu a fait pour nous, par son Fils unique à la croix et la résurrection. »[10] On peut ajouter beaucoup de détail[11], mais jamais moins que cela. Le contenu de l’évangile et le sérieux avertissement adressé par Paul nous font dire que « la croix est la seule voie de salut; aucune autre partie des Écritures ne le dit plus explicitement que l’épître aux Galates. »[12] C’est une déclaration d’exclusivité!

C. L’évangile est-il tolérant en condamnant?

Les religions ne se valent-elles tous pas? Par définition l’évangile en condamnant, n’est-elle pas intolérant? Il vaut la peine de rectifier quelques informations :

1)      Tout système de pensée est implicitement ou explicitement exclusif. Tout système de pensée religieux ou philosophique[13] va se réclamer d’une certaine forme d’exclusivisme.

2)      La tolérance présuppose d’abord qu’il y a au moins quelque chose de négatif (ou de faux) dans la pensée de l’autre. En dénonçant la fausseté d’une pensée (religieuse ou philosophique) nous pourrions croire que c’est intolérant, surtout pour celui qui le reçoit, mais elle peut aussi être la marque du plus grand amour qui soit! D’ailleurs, beaucoup de chrétiens par amour son mort pour annoncer l’évangile, car ils croyaient que le monde courrait à la perdition.

3)      Beaucoup réclament la tolérance par ignorance, par refus de croire, par rejet d’évidences ou par doute. Cela dispense donc de remettre en question ma propre philosophie. Il y a longtemps qu’Henri Poincaré nous disait :

« Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. »

Il faut l’avouer, souvent ceux qui rejettent le christianisme ont raison de nous accuser. Le problème que nous rencontrons souvent de la part des chrétiens, c’est le manque d’amour. D’ailleurs, je pourrais vous raconter plusieurs moments ou moi-même j’en ai manqué. Cependant, le manque d’amour dans la communication n’est pas gage de fausseté. D’ailleurs, Paul, malgré son affirmation percutante, fait preuve d’un grand amour pastoral afin d’éviter la dérive des chrétiens de Galatie. C’est la raison pour laquelle il faut toujours lier vérité et amour.

L’évangile met en lumière nos péchés (souvent considérer condamnant), mais c’est à la fois un message de grâce disponible pour tous ceux qui croient. L’évangile est sérieux et rempli d’amour. Gardons l’équilibre dans la proclamation de la vérité et l’amour exprimé :

« […] mais en disant la vérité avec amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ. » (Éphésiens 4.15)


[1] John Owen, La vie par sa mort, Édition SEMBEQ, 2010, p.10.

[2] Ibid., p.10

[3] Ibid., p.10

[4] Le problème ne se limite pas au contenu doctrinal seulement. Car nous agissons en fonction de ce que nous croyons. C’est pour cela que Paul ajoute que la vie chrétienne doit être vécue selon la vérité de l’évangile (2.14).

[5] Malgré que nous devions faire souvent la distinction entre la bonne nouvelle elle-même et sa proclamation, il n’en demeure pas moins que Paul souligne un contenu minimum irréductible, un contenu commun à son utilisation.

[6] F.F. Bruce, The epistle to the Galatians, NIGTC, Eerdmans, 1982, p.33.

[7] D.A. Carson, cours Sembeq : Épître aux Galates (2014).

[8] Dans le contexte de Galates. Voir aussi de façon plus détaillé e1 Corinthiens 15.1-8.

[9] Qu’est-ce que l’évangile, partie 1 : https://www.associationaxiome.com/quest-ce-que-levangile-partie-1/

[10] Ibid.

[11] Entre autres l’espérance que nous avons dans les promesses futures, comme ici dans Galates.

[12] D.A. Carson et Douglas Moo, Introduction au Nouveau Testament, Excelsis, Charols, 2005, p.439.

[13] Même en science. Si nous disons que tout ce que l’on peut connaître provient de la science, je rejette à la fois les systèmes qui y font moins référence ou pas du tout, à tort ou à raison.

Qu’est-ce que l’évangile? – Partie 1

L’association Axiome est une association d’apologétique qui a pour mission de donner une défense raisonnée du théisme[1] chrétien. L’apologétique vise parfois sur des questions particulières, comme l’existence de Dieu, ou encore la question de la souffrance. Mais l’appel à défendre notre foi dans la bible, n’est pas un appel à défendre uniquement une vision particulière du théisme. Ultimement, nous sommes appelés à défendre l’évangile. L’évangile est pour le chrétien, entre autres, ce qui le sauve (Romains 1.16; 1 Corinthiens 15.1-3; Galates 1.6-9; Éphésiens 1.13),  son espérance (1 Pierre 3.15), ce qui doit être annoncé (1 Corinthiens 15.1; Galates 3.1; 6.14) et ce qu’il doit défendre (Galates 2.5; 1 Pierre 3.15)[2]. C’est l’arrière-plan sur lequel l’apologétique travaille.  Autrement dit, chaque élément d’apologétique devrait construire ultimement et idéalement[3] à exposer l’évangile. La raison pour cela est celle-ci :

Le christianisme n’est pas fondé seulement sur l’affirmation de l’existence de Dieu. Mais sur l’affirmation supplémentaire que Dieu s’est révélé en la personne de Jésus.

Si nous sommes appelés à défendre et à présenter l’évangile, il convient de se poser la question : « qu’est-ce que l’évangile? » Cet article cherche à donner une compréhension biblique de l’évangile, sans défendre nécessairement chacun des aspects qui s’y attachent.

 

Comment trouver l’évangile dans la Bible?

 

Plusieurs approches seraient possibles :

  1. Nous pourrions regarder ce que l’église (catholique, orthodoxe, protestante, etc.) dit de l’évangile. Dans ce cas, nous pourrions donner l’autorité à l’église afin de définir « l’évangile ». Mais il y a des risques à utiliser cette méthode. À commencer par un éloignement du véritable évangile transmis à la base par les apôtres dans les textes bibliques. Cela est avéré dans l’histoire.
  2. Nous pourrions ouvrir nos bibles et voir qu’il y a quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Est-ce cela l’évangile? Il ne faut pas oublier qu’au premier et second siècle, nous ne parlions jamais de « quatre » évangile. Il n’y a qu’un seul évangile concernant Jésus. Alors, on dit plutôt l’Évangile « selon » Matthieu, ou « selon » Marc, ou « selon » Luc, ou « selon » Jean.
  3. Nous pourrions faire l’étude du mot « évangile » en regardant le nombre de fois qu’il revient dans les textes bibliques, ou encore dans la littérature antique. Mais il faut noter que ce n’est pas un terme technique qui a toujours la même signification (terminus technicus)[4]. L’étude serait incomplète en ne tenant pas compte du contenu de l’évangile.

Évidemment nous pourrions ajouter à cette liste de nombreuses méthodes. Voici la suggestion de Greg Gilbert[5], que j’affectionne particulièrement : il suggère d’approcher la tâche en définissant le contour principal de l’évangile en regardant qu’est-ce que les premiers chrétiens disaient à propos de Jésus et la signification de sa vie, sa mort et de sa résurrection[6]. Cela évitera de donner autorité à une église, une personne, ou autres pour définir l’évangile, mais plutôt de regarder ce que Jésus et ses témoins disaient de l’évangile. Ainsi nous évaluerons les églises et les personnes à la lumière du véritable évangile[7].

 

La nécessité de traiter ce sujet

C’est tellement primordial pour les auteurs bibliques que Paul réserve ses plus sévères paroles pour les personnes qui annoncent un « autre » évangile. La lettre de Paul aux Galates dit ceci :

« Mais si vous-même, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème! » (Galates 1.8)

C’est une lettre qui contient un avertissement que nous ne trouvons nulle part ailleurs (1.8). Selon ce verset si nous n’avons pas le bon évangile, nous sommes damnés. Le problème n’est pas seulement que les Galates se sont trompés doctrinalement, mais bien qu’ils se sont détournés de celui qui les « […] a appelés » (1.6) pour passer à un autre évangile. C’est donc un évangile différent de celui prêché par Paul et approuvé des apôtres. Quand Paul parle d’un « autre » évangile, cela suggère qu’il y a un contenu tellement important concernant l’évangile, que, si nous le manquons nous ne sommes pas seulement en train de torde le message, mais on s’éloigne de Dieu. Ce n’est donc pas l’évangile. Ne pas avoir le véritable évangile, selon Paul, c’est s’éloigner de Dieu. Dieu et évangile son connecté. Cela soulève la question encore une fois : « qu’est-ce que l’évangile? »

La majorité s’entend pour dire que « l’évangile » est une « bonne nouvelle ». Et la première chose que l’on fait avec une nouvelle, c’est l’annoncer. Mais quel est le contenu de cette nouvelle? Malgré le fait que plusieurs livres du Nouveau Testament, par exemple l’évangile selon Jean, n’utilisent pas le terme « évangile », nous voyons que dans une perspective thématique ils ont autant de « bonne nouvelle » à dire que d’autres qui abondent dans l’utilisation du terme[8].

Dans cet article je vous propose une réflexion sur le langage de l’évangile. L’avertissement de Paul dans l’épître aux Galates est tellement sérieux, que dans une deuxième partie nous regarderons son contenu dans le contexte de cette lettre de Paul aux Galates. Enfin, dans une troisième partie nous regarderons le contenu plus large de l’évangile.

 

Le langage de « l’évangile »

Le terme grec pour « évangile » est « euangelion » (εὐαγγέλιον). Le tableau ci-dessous montre les occurrences du nom et du verbe dans la septante[9] (LXX) ainsi que dans le Nouveau Testament (NT)[10] :

Nom « euangelion » (εὐαγγέλιον) Évangile / bonne nouvelle LXX   1x NT   76x
Verbe « euangelizomai »   (εὐαγγελίζομαι) Proclamer / annoncer LXX   23x NT   54x

 

Premièrement, le terme « euangelion » signifie « bonne nouvelle ». Le verbe « euangelizomai »  renferme donc l’idée de Proclamer / annoncer cette nouvelle. C’est premièrement une nouvelle à proclamer. C’est avec justesse que Douglas Moo observe :

« Le nom [εὐαγγέλιον, « évangile »] dans le Nouveau Testament signifie la « bonne nouvelle » de l’intervention salvifique de Dieu en Christ, se référant généralement au message de Christ (1 Co 15.1; Ga 1.11; 2.2) et, par extension, à l’acte de prêcher ce message (1 Co 9.14 [deuxième occurrence]; 2 Co 2.12; 8.18; Phil 1.5 [?]; 4.3 [?]). »[11]

Deuxièmement, dans la Bible nous remarquons qu’il y a une certaine transformation dans l’utilisation d’un terme. Par exemple, le terme « évangile » peut devenir tellement compréhensif qu’il devient plus ou moins l’équivalent du « Christ » (Romains 1.9). Autrement dit, on utilise un terme « raccourcie » qui englobe l’œuvre de rédemption de Jésus à la croix[12]. Ce qui signifie que l’auteur peut expliquer ce qu’est « l’évangile » en détaillant son contenu à un endroit particulier et par la suite utilisé d’autre expression y faisant référence, sans être obligé de tout énumérer le contenu minimal en plusieurs points. Considérez ces deux passages :

« Car je n’ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon   Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. »

1 Corinthiens 2.2 

 

Paul mentionne qu’il ne veut rien d’autre à   déclarer que Jésus-Christ crucifié.
« Souviens-toi de   Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, issu de la descendance de David,   selon mon Évangile. »

2 Timothée 2.8 

 

Paul dit que ce qui est en ligne avec   l’évangile est la « résurrection   d’entre les morts, issue de la descendance de David […] », mais il   ne mentionne pas la croix.

 

Voyez-vous le contraste entre les deux? À mon sens, une des raisons pour utiliser ce « raccourcie », c’est que l’évangile est le point central sur lequel repose tout le reste. Ce n’est pas le point en marge qui est sous-entendu dans le texte. Autrement dit, un auteur va attacher d’autres thèmes et d’autre contenu autour de l’évangile en gardant celui-ci central.

Prenons la première lettre de Pierre. Pierre dresse un portrait assez clair de l’évangile en dressant une liste de son contenu (1 Pierre 1.1-12) :

  • le sang de Jésus (1.2),
  • sa résurrection (1.3)
  • et cela en vue de notre espérance (1.3).
  •  Il nous parle de notre héritage à venir (1.4)
  • Tout cela s’inscrit dans le plan de rédemption (« rachat ») de Dieu depuis les prophètes de l’Ancien Testament (1.10-12) à qui ont reçus des révélations.
  • Ces prophètes cherchaient les circonstances se rapportant à ces révélations. Mais aujourd’hui, c’est révélé par les apôtres et ceux qui prêchent (1.12).

Après avoir dressé un portrait de l’évangile dans son contenu, Pierre va attacher tous les autres sujets autour de ce thème principal. Il commence directement par les termes  « C’est pourquoi » (1.13) et voici quelques sujets qui sont vu à la lumière de l’évangile qui est notre espérance (1.3) :

  • Pierre commence des exhortations à la sainteté, vigilance et l’amour (1.13-2.10).
  • Il parlera des relations entre époux et épouses (3.1-7),
  • de la souffrance (4.1-19)
  • et des leaders (5.1-5).

 

Conclusion

Si nous devions résumer l’évangile en une phrase, elle irait comme ceci :

« L’évangile est la bonne nouvelle de tous ce que  Dieu a fait pour nous par son Fils unique à la croix et la résurrection. »

On peut ajouter beaucoup de détail autour de la mort et résurrection de Jésus, comme nous avons vu avec Pierre, mais nous ne pouvons jamais aller moins que cela. Le genre littéraire « les évangiles » nous parle de ce que Dieu a fait Jésus pour nous sur la croix et la résurrection. C’est le cas de Paul, Pierre et les autres auteurs du Nouveau Testament. Enfin, nous avons brièvement vu qu’il est en ligne avec les écrits de l’Ancien Testament dans le plan rédempteur de Dieu pour nous racheter. La Bible est le livre qui nous montre comment Dieu rachète des humains qui sont séparés de lui et les auteurs, comme Pierre et Paul, préservent ce plan qui commence à la création, culmine dans le ministère et l’œuvre de Jésus à la croix, jusqu’à la consommation ou Jésus rétablira toute chose.


[1] Le théisme (du grec theos, dieu) est un terme qui désigne toute croyance ou doctrine qui affirme l’existence d’un Dieu et son influence dans l’univers, tant dans sa création que dans son fonctionnement. La particularité du théisme chrétien, c’est qu’il fait référence au Dieu de la Bible, et non pas n’importe quelle divinité.

[2] Nous trouvons cet appel dans de nombreux livre du Nouveau Testament comme Romains, 1 Corinthiens, Galates, 2 Pierre, Jude, etc. Nous le voyons sois par des exemples, exhortation, avertissement.

[3] Cela s’effectue souvent par cumul et avec du temps.

[4] Erreur  d’interprétation qui veut qu’ « un interprète suppose à tort qu’un mot a toujours ou presque toujours une certaine signification technique. » D.A. Carson, Erreurs d’exégèse, Trois-Rivières, Édition Impact, 2012, p.46.

[5] Gilbert Greg, What is the gospel? 9marks, Crossway, 2010.

[6] L’élément commun des quatre évangiles du Nouveau Testament tourne autour de ces événements. Et les prédications des apôtres contenus dans la bible tournent autour de ce sujet.

[7] Je ne traite pas de la validité de l’évangile comme vérité. Je la présuppose dans un sens. Mais il doit, comme n’importe quelles religions et philosophie répondre aux tests de vérités. Minimalement, on pourrait reporter ces tests à trois :

1)       cohérence logique

2)       justification empirique

3)       le bien-fondé expérimental

Comme il se base sur la réalité historique de la mort, l’ensevelissement et la résurrection physique de Jésus, l’évangile peut se démontrer dans l’histoire et se valider sur un plan logique rigoureux dans ses affirmations, sans compté le bien-fondé expérimental (historique ou personnel).

[8] D. A. Carson. “The Biblical Gospel.” in For Such a Time as This: Perspectives on

Evangelicalism, Past, Present and Future. Edited by Steve Brady and Harold Rowdon.

London: Evangelical Alliance, 1996, p.75.

[9] C’est une version de la bible hébraïque en langue grec, qui date d’environ de 270 av. Jésus-Christ.

[10] D.A. Carson, What is the Gospel? – Revisited, in Sam Storm and Justin Taylor and all, For the fame of God’s name: Essays in Honor of John Piper, Wheaton, Crossway, 2010, p.148.

[11] D.A. Carson, What is the gospel?: Revisited, in STORMS, SAM and TAYLOR, JUSTIN and all, For the fame of God’s name: essays in honor of John Piper, Crossway, 2010, p.157.

[12] Ibid. p.157