L’apologétique historique est le domaine de l’apologétique chrétienne qui considère les affirmations de la Bible et de l’église de la pointe de vue historique. On peut considéré, entre autres, l’historicité de Jésus, l’histoire l’église, et les questions concernant la résurrection de Jésus.

Une déclaration étrange après la résurrection (partie 2)

« Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. »  Henri Poincaré   Dans le premier article, nous avons regardé la proposition selon laquelle le NT se construit sur l’AT. À partir des récits de la résurrection, nous avons vu que cette proposition est très difficile […]

Les récits étranges de la résurrection (partie 1)

Lorsqu’on se plonge de manière attentive dans les récits de la résurrection – les récits contenus à la fin des quatre évangiles – nous sommes en zone étrange. Combien de femmes y avait-il au tombeau? Combien d’anges ou d’homme? Les disciples qui se demandent qui il est. Et bien d’autres questions. Ces écarts biographiques ont amené certains théologiens, historiens et philosophes à remettre en question la validité des récits sur la résurrection. Manne pour les athées, comme Michel Onfray, on tente d’expliquer la résurrection à partir d’un construit que les auteurs évangéliques se feraient à partir de l’Ancien Testament. Autrement dit, après les événements survenus à la pâque, des années plus tard (selon certains) les apôtres ou une génération après ont examiné les textes de l’Ancien Testament (AT) et ont rédigé leur Nouveau Testament (NT), particulièrement les récits entourant la résurrection. Selon Michel Onfray :

« Les évangiles ressemblent à un grand puzzle rempli d’énigmes, un labyrinthe sans fil d’Ariane unique, un vaste collage de textes de juifs qui piochent dans l’Ancien Testament matière à construire leur Nouveau Testament. » [1]

Les écarts de surface entre les récits ne signifient pas que rien ne s’est passé. Si nous avions un seul récit, au lieu de quatre, on accuserait les chrétiens de ne pas avoir assez d’évidence et de preuve documentaire, ou encore que l’auteur serait influencé par un délire ou une dissonance cognitive. D’un autre côté, s’il y avait quatre textes pareils, ils seraient écartés pour plagiat et rendraient peu probable, historiquement, les récits.

Il est évident que les récits reflètent les intérêts théologiques des auteurs[2] et c’est la raison pour laquelle il faut donner un intérêt particulier à la théorie révisionniste – construire un récit par une relecture de l’AT. Pour offrir une réponse à cette théorie, nous le ferons en plusieurs étapes. Pour le moment, notre attention se tourne vers les récits en eux-mêmes, les quatre évangiles.

Des choses étranges

Afin de répondre à la théorie révisionniste, il faut d’abord relever quelques éléments étranges[3] dans les récits concernant la résurrection. J’aimerais suggérer que ces éléments nous obligent à les prendre au sérieux. Ils sont sérieux, car ce sont des éléments qui sont arrivent tôt, non pas des inventions ultérieures, comme certains le suggèrent.

  1. Étrangement, les récits de résurrection sont silencieux sur les citations, allusions ou échos à l’Ancien Testament.

À part quelques exceptions les récits de la résurrection font rarement référence à l’AT. Sachant que les écrivains du NT citaient abondamment l’AT, c’est un état de choses assez surprenant.

Livre Nombres de versets Passages bibliques Sujets
Matthieu 20 28.1-20 Tombeau vide et apparence
Marc 8 16.1-8 Tombeau vide, sans apparence
Luc 53 24.1-53 Tombeau vide et apparence
Jean 52 20.1-19; 21.1-23 Tombeau vide et apparence

Tableau 1: Répartition des récits de résurrection

Prenons l’évangile de Jean en exemple, souvent considéré plus spirituel, surtout concernant le corps de Jésus. L’évangile de Jean est impressionnant. Lorsque nous dressons une liste des passages qui lient le sujet de la résurrection dans son champ sémantique ou thématique, nous voyons la richesse et l’importance du sujet:

Jean Passage AT Sujet dans Jean
2.17 Ps 69.9 Zèle pour la maison de son Père
2.19-20[4]   Temple détruit en 3 jours
3.5 Ez 36.25-27 Naître d’eau
3.8 Eccl 11.5; Ez 37 Vent qui souffle
3.13 Pr 30.4; Dan 7.13 monté au ciel
3.14 No 21.8-9; Es 52.13 Élévation du serpent
3.16 Ge 22.2, 12, 16 Élévation du Fils
4.10 Nom 20.8-11; cf. 21.16-18 Don de l’eau vive
4.21-24 Deut 11.29; 12.5-14; 27.12; Jos 8.33; Ps 122.1-5; Es 2.3? Vraie adoration ne sera plus sur une montagne
4.36 Amos 9.13? moisson
5.21-24   Dieu ressuscite et le Fils aussi
5.27 Dan 7.13  
5.29 Dan 12.1-2  
5.39-40   Vie provient des Écritures
5.45 Deut 31.26-27  
5.46 (cf. 6.14) Deut 18.15, 18  
6.29 Mal 3.1 Invitation a croire
6.40-51 Es 54.13a (6.45) Celui qui croit sera ressuscité
6.54    
7.38 Neh 9.15, 19-20; cf. Nom 20.11; Ps 77.16, 20 LXX; Es 58.11; Za 14.8 celui qui croit aura la vie selon les Écritures
8.12 Es 9.1-2; cf. 49.6 Jésus lumière du monde qui donne la vie
8.28 Es 52.13 Élévation du Fils et vie
8.55-56   Gloire du Fils donné par le Père
10.8-11 Jer 23.1-2; Ez 34.2.3 Berger donne sa vie pour brebis
10.16 Es 56.8; Ez 34.23; 37.24 Brebis entend la voix du berger et forme un troupeau
11.1-44   Jésus est la résurrection (11.25)
12.32 Es 52.13 Élévation du Fils
19.36-37 Za 12.10; Ex 12.46; Nom 9.12; Ps 34.20 Brisement du Fils, et sa crucifixion

Tableau 2: Allusions probantes à l’AT et la résurrection dans Jean

Le langage de la résurrection[5] dans l’évangile de Jean est assez diversifié et il est en relation avec différents thèmes. Cela nous amène à faire deux observations capitales :

  1. Les allusions à l’AT dans le récit de la résurrection, dans Jean, sont quasi absentes[6]
  2. Ces allusions concernent beaucoup plus sa mort que sa résurrection.

Pourquoi les évangélistes ne réfèrent pas à l’AT? N’est-ce pas le point culminant de l’histoire de Dieu et de son peuple? Ce serait facile pour Mathieu de citer une ou deux prophéties avec une mention « accomplie ». Il ne le fait pas.[7]

  1. Étrangement, le portrait de Jésus ne reflète pas les attentes juives

Spécialement, dans le contexte du second temple, nous devrions nous attendre à ce que les récits reflètent certains passages de l’AT, ou encore expriment la théologie juive à cet égard. Ils ne le font pas. Il commence simplement avec Jésus, pas radiant, ni dans le ciel, comme on attendait.[8] Pas de visions célestes. Nous sommes loin des visions apocalyptiques. Imaginons un scribe chrétien 40, 50, même 60 ans plus tard qui étudie l’Écriture et qui maintenant veut écrire le récit de la résurrection. S’attendrait-on à quelques citations? Quelle Écriture? Peut-être Daniel?

Daniel 12,2-3
2Beaucoup de ceux qui dorment Dans la poussière de la terre se réveilleront, Les uns pour la vie éternelle Et les autres pour la honte, pour l’abjection éternelle.

3Ceux qui auront été des clairvoyants resplendiront Comme la splendeur de l’étendue céleste, Et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude Comme des étoiles, à toujours et à perpétuité.

 

Jésus est plutôt décrit comme un homme dans son corps physique, mangeant du poisson, apparaissant à ses disciples, qu’on touche.

  1. Étrangement, les récits ne renferment pas d’espoir personnel

Simplement dans une tentative d’évaluation historique, il est étrange de ne pas y trouver de mention de notre espérance future en tant que chrétien. N.T. Wright souligne que c’est contre-intuitif, car la majorité de nos hymnes, liturgie, icône, etc. s’est concentré sur la résurrection comme « une vie après la mort ».[9] Au lieu de cela, nous trouvons à la fin, une commission pour le monde présent. Jésus est ressuscité : donc, vous avez du travail à faire et je serai avec vous! La question ne concerne pas la vie post-mortem.

  1. Étrangement, les récits ont comme témoin des femmes

C’est apologétiquement embarrassant. Qu’on aime cela ou non, à cette époque les femmes n’étaient pas considérées comme des témoins crédibles. Les évangiles, même Paul (1 Corinthiens 15), mettent les femmes au centre de leurs témoignages. Les premiers témoins sont des femmes.

Conclusion

Au cœur de la théorie révisionniste, il y a la proposition que le NT se construit sur l’AT. C’est évident que l’histoire biblique a un fil conducteur et qu’il y a des liens nécessaires à faire avec l’AT. Les auteurs du NT le font abondamment, de différentes manières. La théorie révisionniste fait la proposition supplémentaire que les récits de la résurrection sont des relectures de l’AT. Le langage de la résurrection est riche et diversifié et lorsque les auteurs utilisaient l’expression « il est ressuscité d’entre les morts » ce langage signifiait qu’on le veut ou non : il est ressuscité d’entre les morts. S’ils voulaient parler d’apparition de fantôme ou d’esprit, il y a des expressions spécifiques pour cela.

Les évidences pointent dans une autre direction et cette théorie manque de puissance explicative.  Wright nous rappelle justement que la résurrection a effectivement fonctionné comme une métaphore, mais pas comme une métaphore pour une nouvelle expérience religieuse.[10]

[1] Michel Onfray, Décadence : Vie et mort du judéo-christianisme. Flammarion, Villeneuve-d’Ascq, 2017, p.199. Pour Onfray, Jésus existe de manière conceptuelle  et non comme un Jésus historique. « Notre civilisation tout entière semble reposer sur la tentative de donner un corps à cet être qui n’eut d’autre existence que conceptuelle. » Onfray, Décadence, p.45. Encore, « L’origine du christianisme est obscure, opaque : il faut composer avec un Jésus invisible, incorporel, conceptuel. » Onfray, Décadence, p.83. Voir aussi Michel Onfray, Traité d’Athéologie : physique de la métaphysique. Grasset & Fasquelle, 2005, p.157-199. Richard Carrier est un historien athée qui soutient la même hypothèse.

[2] Le récit de la résurrection de chaque évangile reflète les thèmes de leur évangile. L’évangile de Mathieu est particulièrement intéressant.

[3] N.T. Wright discute de ces éléments étranges dans N.T. Wright, The Resurrection of the Son of God. Fortress Press, Minneapolis, p.2003, p.599-608.

[4] Le caractère gras souligne qu’il y a allusion plus directe à la résurrection ou encore à l’Esprit qui donne la vie.

[5] Allusions claires: 2,19-20; 3,1-16; 4,21-24; 5,21-24, 28-29, 39-40, 46; 6,40, 44-51, 54; 7,37-38; 8,12, 28, 55-56; 10,10-18; 11,1-44; 12,32; Jean 19 sur sa mort : 19,14, 28, 31, 36-37, 42; et 20,9. Allusions probantes: 1,12-13; 1,33.

[6] En fait elles sont pratiquement absentes de la deuxième section de l’évangile de Jean, livre de la gloire ou de la passion (13-21).

[7] Paul ne le fait pas aussi. En 1 Corinthien 15.3, il fait simplement mention que cela accomplit l’Écriture, sans référence biblique.

[8] Wright, RSG, p.604

[9] Wright, RSG, p.602-604

[10] N.T. Wright, Surprised by hope: Rethinking heaven, the resurrection and the mission of the church. Harper One, New York, 2008, p.60.

« Détournement de Jésus » Conclusion chrétienne sur l’athéisme ‘fidèle’ – Partie 15 de ma critique de « L’esprit de l’athéisme » d’André Comte-Sponville

<<< Partie 14

André Comte-Sponville se décrit comme un « athée fidèle ». « Athée » parce qu’il affirme que Dieu n’existe pas, « fidèle » parce qu’il se revendique des valeurs traditionnellement chrétiennes qui l’ont influencé et qu’il apprécie visiblement beaucoup. La quasi-totalité de ma critique de son livre s’est concentrée sur son athéisme (le comprendre et le réfuter), mais j’aimerais conclure avec quelques remarques sur sa « fidélité » aux valeurs chrétiennes.

Contrairement à un bon nombre d’athées contemporains qui affirment que le théisme n’est pas juste faux, mais qu’il est aussi nocif, André Comte-Sponville, lui, a beaucoup de bien à dire du christianisme. Il décrit sa fidélité ainsi (p.70) :

fidélité à ce que l’humanité a produit de meilleur. Qui ne voit que les Evangiles en font partie ?

Qui ne le voit pas ? Beaucoup d’athées ! Mais tant mieux si Comte-Sponville apprécie les évangiles. Il dit aux chrétiens (p.72) :

je ne me sens séparé de vous que par trois jours – les trois jours qui vont, selon la tradition, du Vendredi saint à Pâques. Pour l’athée fidèle que j’essaie d’être …, une grande partie des Evangiles continue de valoir. A la limite, presque tout m’y paraît vrai, sauf le Bon Dieu.

Voyons ce qu’il reste des évangiles si l’on tente cette extraction du « Bon Dieu ». André Comte-Sponville dit qu’il reste l’amour, et que c’est l’essentiel du message de Jésus, pas l’existence de Dieu et du surnaturel:

Jésus est autre chose qu’un fakir ou qu’un magicien. L’amour, non les miracles, constitue l’essentiel de son message (p.73)

Je suis d’accord que l’amour du prochain est un élément central du message de Jésus, mais ses miracles, selon le Nouveau Testament, avaient pour fonction d’authentifier le message comme vrai, car venant de Dieu. Jésus dit « quand même vous ne me croyez point, croyez à ces œuvres, afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père » (Jn. 10 :38) et encore, « Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces œuvres » (Jn 14 :11). Le même principe se trouve chez Paul, qui dit que la résurrection de Jésus, constatée par de nombreux témoins oculaires, témoigne de la vérité du christianisme (Actes 17:31, 1 Cor. 15:4-9).

André Comte-Sponville paraphrase Jésus (p.73) disant que « la primauté de l’amour » est ce « à quoi se ramènent « toute la loi et les prophètes » », mais la citation est arrachée de son contexte. Elle vient de Matthieu 22:36-40, dans lequel il est demandé à Jésus quel est le plus grand commandement de la loi. Jésus en donne deux en réponse, dont dépendent « toute la loi et les prophètes », et oui, le deuxième est bien « tu aimeras ton prochain comme toi même », mais Comte-Sponville saute le premier, et le plus grand ! « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée ». Drôle de méthode pour nous montrer ce qui est « essentiel » chez Jésus, que de sauter le commandement qu’il nous dit explicitement être le plus important, pour ne citer que le deuxième.

Pour comprendre l’essentiel du ministère de Jésus, il y a deux questions fondamentales à poser : 1-Qui est-il, et 2-Qu’a-t-il accompli ?

Je vous donne en une phrase la réponse du Nouveau Testament : 1-Il est le Messie, le divin Fils de Dieu, et 2-Il est venu annoncer le royaume de Dieu, et nous permettre d’y entrer.

La réponse de Comte-Sponville (p.73) diffère quelque peu : « Qu’il se soit pris pour Dieu, voilà ce que je ne puis croire ». Ironiquement je suis d’accord : Jésus ne s’est pas « pris » pour Dieu, puisque la formulation suppose qu’il ne l’était pas (je ne me prends pas pour le mari de ma femme si je suis le mari de ma femme). Mais passons sur ce détail : les documents du Nouveau Testament, qui sont nos meilleures sources historiques sur la personne de Jésus de Nazareth s’accordent à dire que Jésus était le divin Fils de Dieu, le Messie prophétisé dans l’Ancien Testament, un homme qui reçoit l’honneur et la louange de Dieu, qui affirme faire l’œuvre de Dieu, qui existait avant le monde, qui est même le créateur du monde, « Le Seigneur » dont parle l’Ancien Testament sous le nom de Yahweh, l’ « Emmanuel, Dieu avec nous », et le juge ultime des hommes au dernier jour disposant du pouvoir divin de pardonner les péchés. Un athée peut dire qu’il n’est pas d’accord avec la vue de Jésus, mais affirmer que Jésus lui-même ne croyait pas cela, n’est pas responsable historiquement et textuellement.

André Comte-Sponville adopte plutôt la vue de Spinoza (p.41), qui dit que Jésus était un « bon maître », mais pas divin:

Même leçon chez Spinoza. Il n’était pas plus chrétien que moi ; il était peut-être aussi athée que moi … cela ne l’empêchait pas de voir en Jésus-Christ un maître de premier ordre. Un Dieu ? Assurément pas. Le Fils de Dieu ? Pas davantage. Jésus, pour Spinoza, n’était qu’un être humain, mais exceptionnel, « le plus grand des philosophes »

Non. Etant données les affirmations radicales faites par Jésus telles qu’on les découvre dans nos meilleures sources historiques, si Jésus n’était pas le Fils de Dieu, il n’était certainement pas un bon maître. C’est une remarque célèbre de C.S. Lewis, qui disait que Jésus devait être Liar, Lunatic, ou Lord : un menteur, un malade, ou le Seigneur, mais certainement pas « le plus grand des philosophes ».

Comte-Sponville poursuit au sujet de Jésus:

Celui, en matière d’étique, qui a le mieux su dire l’essentiel. A savoir quoi ? Ceci, que Spinoza appelle « l’esprit du Christ » : que « la justice et la charité » sont toute la loi.

Non. Comme on l’a vu ci-dessus, pour Jésus, toute la loi est d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même.

qu’il n’est d’autre sagesse que d’aimer

aimer Dieu !

ni d’autre vertu, pour un esprit libre, que de « bien faire et se tenir en joie »

Non, non, et non. Jésus dit rendre à Dieu ce qui lui appartient (Mat. 22:21), et dit faire sa volonté en toute chose (Jn. 5:19, 12:49). Soyez en désaccord, n’acceptez pas les enseignements du Christ, mais ne réquisitionnez pas Jésus pour une morale laïque et relativiste. Spinoza parlait de « la justice et la charité » au niveau purement humain, mais dans les enseignements de Jésus, ces deux vertus sont annoncées au sujet de Dieu. Dieu est effectivement parfaitement juste, ce qui, pour nous qui sommes tous pécheurs, est une nouvelle particulièrement mauvaise ! Jésus lui même refocalise sur la justice (au premier abord terrifiante) de Dieu : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Mat. 10:28). Sans arrêt, Jésus annonce l’arrivée d’un jugement, et prône la nécessité d’entrer dans le royaume de Dieu, recevoir son pardon, être réconcilié avec Dieu, en bref, se trouver dans sa grâce.

La question se pose alors impérativement : comment un homme coupable peut-il se tenir devant un juge parfaitement droit, et espérer s’en sortir sans condamnation ? Cette question cruciale nous amène à notre deuxième interrogation centrale au sujet de Jésus : « qu’a-t-il accompli ? »

La réponse est au cœur du message merveilleux que les chrétiens appellent « l’évangile », à savoir la bonne nouvelle : Jésus est mort sur la croix, pour payer le prix de notre péché à notre place, absorbant en lui-même la colère de Dieu qui nous était destinée, de telle sorte que malgré notre culpabilité, nous puissions être pardonnés gratuitement, simplement en nous repentant de notre péché, et en plaçant notre foi en lui pour recevoir son sacrifice. Jésus le dit en ces mots : « le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs » (Mc. 10:45) et : « La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn. 6:40), ou encore:

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n’est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu (Jn. 3:16-18).

Voilà l’évangile, la bonne nouvelle : ce n’est pas par nos bonnes œuvres que nous obtenons la vie éternelle, le paradis, la réconciliation avec Dieu, mais par la foi en Jésus ! C’est un cadeau, reçu gratuitement par la foi, par tout ceux qui placent leur confiance en Jésus Christ.

C’est cette bonne nouvelle que Paul explique ensuite en détail dans ses épitres inspirées. Aux romains, il écrit : « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce ; c’est un don que Dieu leur fait par le moyen de la délivrance apportée par Jésus Christ, que Dieu a offert comme une victime destinée à expier les péchés, pour ceux qui croient en son sacrifice » (Rom. 3:23-25). Et aux Galates il dit encore : « sachant que ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi » (Gal.2:16).

Jésus meurt sur la croix, nous plaçons notre foi en lui, Dieu nous pardonne nos péchés. Voilà l’essence de l’évangile, accompli par Jésus Christ et proclamé par ses apôtres. Alors évidemment, si la vie éternelle se joue dans la balance, il est absolument essentiel pour les hommes de comprendre cette bonne nouvelle et de l’accepter. André Comte-Sponville note bien que c’est l’enjeu, lorsqu’il parle (p.74) des « trois jours » (entre la mort de Jésus et sa résurrection) qui le séparent des chrétiens :

Je sais bien que ces trois jours ouvrent sur l’éternité, par la Résurrection, ce qui fait une sacrée différence, qu’il ne s’agit pas d’annuler

Le problème est qu’il l’ « annule » quand même, en disant que l’éternité n’est pas essentielle dans les enseignements de Jésus :

Ainsi l’essentiel est sauf, qui n’est pas le salut mais « la vérité et la vie ».

Non. Encore une fois, le fragment « la vérité et la vie » est arraché de son contexte en tronquant la toute première chose que Jésus listait dans cette triade. Jésus dit être le chemin, la vérité et la vie. Le chemin qui mène où ? À Dieu ! Tout est expliqué dans ce même verset de Jean 14:6 si on respecte un tant soit peu le texte : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi ». Jésus explique encore qu’il est le moyen par lequel nous rejoignons Dieu le Père. Comte-Sponville passe à côté de l’essentiel chez Jésus :

ce que j’ai retenu de la lecture des Evangiles, c’est moins ce qu’il dit sur Dieu ou sur une éventuelle vie après la mort (il n’en dit d’ailleurs pas grand-chose) que ce qu’il dit sur l’homme et sur cette vie-ci (p.65).

Une lecture des évangiles qui trouve que Jésus ne dit pas grand-chose sur Dieu ou le jugement final, est irrémédiablement distraite, pour ne pas dire aveugle.

En conclusion : soit Dieu existe, soit il n’existe pas. En aucun cas le salut n’est-il un « non-essentiel ». Si Dieu n’existe pas, le salut n’est pas un « non-essentiel », c’est un impossible. Et si Dieu existe et rend l’éternité possible, alors évidemment que le salut et la vie éternelle sont essentiels. Dans cette critique de livre, j’ai tenté d’expliquer comment les arguments d’André Comte-Sponville en faveur de l’athéisme échouaient (parfois de manière flagrante), et j’ai défendu plusieurs arguments justifiant l’existence d’un être maximalement excellent, créateur et designer de l’univers, source des valeurs morales objectives, et dont Jésus affirmait être la révélation ultime. La question du salut se pose alors, et il faut nous décider sur l’identité de Jésus. À quel Jésus croire? André Comte-Sponville s’invente le sien, et confesse ouvertement (p.73) :

disons que je me suis forgé une espèce de Christ intérieur, « doux et humble de cœur », en effet, mais purement humain, qui m’accompagne ou me guide.

Malheureusement, un Jésus imaginaire peut éventuellement accompagner ou guider, mais ne sauve pas. Ce constat concerne le croyant autant que l’athée, car bibliquement, Comte-Sponville n’est pas plus perdu que le « fidèle » qui n’est chrétien que de nom, va peut-être à l’église mais n’y croit pas vraiment, ou n’a pas reçu la bonne nouvelle du pardon des péchés pour lui-même. Pour chacun d’entre nous, la question de Jésus se pose : adopterons nous le Jésus déformé de notre « culture aux valeurs chrétiennes » qui ne sauve pas, ou le Jésus de l’histoire, le Jésus de la Bible, le divin Fils de Dieu qui pardonne les péchés et donne la vie éternelle à ceux qui se repentent et croient en lui ?

Il me semble que le choix est clair, et je témoigne ayant moi-même placé ma foi en lui, que Jésus est celui qu’il affirmait être : le chemin, la vérité et la vie.

Guillaume Bignon, Avril 2016.

Moins de preuves (et plus de respect) que le Jésus historique

codexsinaiticusEn critiquant le niveau excessif de scepticisme historique mis en oeuvre par ceux qui nient que Jésus ait existé, un argument assez standard consiste à montrer du doigt le fait que Jésus a davantage de preuves historiques qu’un bon nombre de figures d’antiquité dont on ne doute pas l’existence. Si c’est le cas, celui qui accepte ces personnes historiques mais doute de l’existence même de Jésus démontre qu’il emploie un standard injustifié à deux poids deux mesures.

Je proposai cet argument parmi d’autres dans ma réponse au “traité d’athéologie” de Michel Onfray, en ces termes:

« Le problème avec cet argument, c’est que l’absence en question est la même pour un nombre incalculable de personnes historiques dont l’existence ne fait pas l’ombre d’un doute »

onfrayUn lecteur chrétien m’a alors demandé si je pouvais fournir quelques noms.
A vrai dire, l’argument principal derrière ma phrase n’utilisait pas nécessairement de personne connue, retenue par l’histoire; c’était principalement la remarque que pour toutes les personnes (anonymes ou pas) ayant vécu à cette époque, le manque de preuve archéologiques n’est pas du tout un bonne raison de penser qu’ils n’ont pas existé, dans la mesure où on n’a de preuves archéologiques pour pratiquement personne. Pour que l’argument de Michel Onfray soit satisfaisant, il aurait fallu que deux choses soient vraies:
Prémisse 1 – Si Jésus avait existé, alors on devrait avoir des preuves archéologiques de son existence
Prémisse 2 – On n’a pas de preuve archéologique de son existence
Donc Jésus n’a pas existé.
Ma réponse était donc de réfuter la prémisse 1, en montrant le fait incontestable que si une personne a existé au premier siècle, il ne s’ensuit pas un instant qu’on devrait avoir de telles preuves archéologiques.
licona habermasMais pour répondre plus spécialement à la question qui m’est posée, je pense qu’il y a en effet quelques noms intéressants à considérer dans l’histoire; des personnes dont l’existence est attestée par des preuves comparables ou inférieures à celles que l’on a pour Jésus. N’étant pas un historien moi-même, j’ai posé la question à Gary Habermas et Mike Licona, qui m’ont suggéré les candidats suivants:
-Diogène Laërce (suggéré à Mike Licona par Tim McGrew), un Biographe daté quelque-part entre le 1er et le 4e siècle, dont on ne sait virtuellement rien d’autre, mais dont le travail est une source importante historique d’information sur des personnes d’antiquité. Il va de soi que l’on a largement moins de preuves pour Diogène que pour Jésus, et pourtant personne ne nie l’existence de Diogène.
-Un professeur de classiques ami de Mike Licona lui a suggéré un certain nombre de personnalités romaines, telles que les Scipions, ainsi que des généraux et des consuls, bien que certains d’entre eux aient quand même quelques inscriptions en leur faveur (les Scipions). Le héros Caius Servilius Ahala, à qui l’on attribue en 439 av JC la tâche d’avoir déjoué un plan de Spurius Maelius, de se faire tyran de Rome. Une partie des informations sur Ahala est légendaire, mais l’existence de la personne ne fait pas de doute, et il est clair que les preuves de l’existence de Jésus sont largement supérieures.
evangelists-Gary Habermas suggère également l’exemple d’Alexandre le Grand. Les deux meilleures sources pour Alexandre sont Plutarque et Arrien, qui écrivent tous deux plus de 400 ans après la mort d’Alexandre. Il avait quelques écrivains contemporains, mais à notre connaissance, leurs écrits ont été perdus. Parmi les écrits que l’on a, Diodore, Strabon, Curce, Arrien et Plutarque, le plus tôt a été écrit un peu moins de 300 ans après la mort d’Alexandre, et les deux derniers (les meilleurs), datent aux alentours de 425-450 ans après sa mort.

En bref, les sources historiques attestant de Jésus sont particulièrement tôt, multiples, et indépendantes. C’est un calibre exceptionnel pour une personne d’antiquité, et nul ne peut nier son existence sans déployer un niveau de scepticisme tel qu’il lui faille rejeter l’existence d’une foule de personnes d’antiquité, un pas qui reste intellectuellement coûteux à franchir.

« Déplorer des ‘chrétiens’ et apprécier Michel Onfray » : une conclusion optimiste – Partie 12 de ma critique du « traité d’athéologie » de Michel Onfray

<<< Partie 11

Nous voici arrivés à la dernière partie de ma critique, et il me reste pourtant de larges quantités de notes sur le matériel historique discuté par Michel Onfray concernant les chrétiens dans l’histoire. Tâchons ainsi d’être bref, car j’aimerais conclure ci-dessous sur une note plus personnelle. Onfray dédie une large portion de son livre à expliquer tout le mal qu’ont fait les croyants dans l’histoire de la planète. vadorL’apôtre Paul est contre l’éducation, bête, et lui même non éduqué (p.183-184), Jean Chrysostome justifie la violence physique (p.196-197), Augustin en prend pour son grade également, accusé de justifier « le pire dans l’église » (p.244), Constantin est superstitieux, infanticide et uxoricide (p.187-192), Adolf Hitler est un « disciple de St Jean » (p.216), le Vatican collabore avec les Nazis (p.237) ; Onfray blâme les chrétiens pour Hiroshima (p.247), l’esclavagisme moderne (p.247), le colonialisme (p.250), et passe en revue : « l’inquisition, la torture, la question ; les Croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations ; la traite des Noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes, des enfants ; les génocides … » etc. etc. (p.235) Vous voyez le genre. Plutôt que d’écrire une dizaine de pages supplémentaires en traitant chaque accusation individuellement, je souhaite simplement faire quelques remarques générales importantes, pour répondre au cœur de l’argument unique qu’Onfray applique à différents individus au fil des siècles. Il s’agit en fait d’un argument déductif qui dit cela :

1 – Si des chrétiens font du mal, cela reflète négativement sur le christianisme

2 – Ces gens sont chrétiens,

3 – Ces gens ont fait du mal,

4 – Conclusion : cela reflète négativement sur le christianisme

L’argument est logiquement valide : si les prémisses 1, 2 et 3 sont vraies, alors la conclusion 4 s’ensuit. La réponse du chrétien va alors avoir plusieurs composantes disponibles:

Rejeter 2, rejeter 3, ou accepter 4 et le déplorer.

augustinePour Adolf Hitler, par exemple, il est clair qu’il n’est pas chrétien si le mot est défini un tant soit peu bibliquement. Pour d’autres tels qu’Augustin, il n’est pas net qu’ils soient coupables des maux qu’Onfray leur prête, et étant donné qu’il ne nous donne pas de référence en bas de page, il est difficile de vérifier. Et enfin, pour d’autres chrétiens qui ont effectivement agi de triste manière, le chrétien moderne se doit d’admettre que l’histoire de l’église n’est pas toute rose, et que même ses héros du passé sont des pécheurs ayant besoin du pardon de Jésus. Rien de cela ne discrédite la Bible, l’existence de Dieu, ou la divinité de Jésus, et je peux me joindre à Michel Onfray dans un bon nombre de ses critiques historiques.

Ceci étant dit, il me faut tout de même ajouter que son analyse est entièrement polarisée et ‘quelque peu’ diabolisante. Si les péchés des chrétiens reflètent négativement sur le christianisme, leurs bonnes œuvres devraient être prises en compte au même titre, mais ce n’est pas Michel Onfray qui vous parlera de la fondation chrétienne des hôpitaux, des universités, et de leur participation massive à l’aide humanitaire. Le traité d’athéologie vous parle des vilains chrétiens de l’histoire, mais où sont les Martin Luther King, les Dietrich Bonhoeffer et les William Wilberforce ? L’argument fonctionne dans les deux sens.

Par ailleurs, la prémisse 3 de l’argument ci-dessus présuppose que des chrétiens ont fait du mal. Du vrai mal. Or, un peu plus tôt dans cette critique, lorsque nous discutions de l’argument moral pour l’existence de Dieu, nous remarquions que si Dieu n’existe pas, alors il n’existe pas de valeurs morales objectives. Il s’ensuit donc que si des chrétiens on fait du mal, objectivement, alors il existe au moins certaines valeurs morales objectives par lesquelles Onfray juge les chrétiens, et donc Dieu existe. L’argument n’est donc pas disponible pour un athée cohérent.

Enfin, il reste une accusation proférée par Onfray avec laquelle le vrai chrétien ne peut qu’être d’accord : il dénonce la pratique de forcer la conversion : « obligation pour les païens de se faire instruire dans la religion chrétienne, puis d’obtenir le baptême sous peine d’exile ou de confiscation de leurs biens ; interdiction de revenir au paganisme pour les convertis à la religion d’amour ; » (p.198-199)

MEDION DIGITAL CAMERAMa réponse est sans équivoque : « Oui ! », toutes ces choses sont mauvaises et, j’ajoute, entièrement incompatibles avec le christianisme biblique. On ne peut pas faire un chrétien par coercition. Un chrétien est un pécheur qui se repent sincèrement de son péché, et place sa foi sincère en Jésus, pour recevoir son pardon gratuitement, par la foi et non pas par les bonnes œuvres. Il s’ensuit que par définition, le choix de devenir chrétien doit être complètement libre, sinon ce n’est pas une foi qui sauve. Le chrétien partage avec joie les raisons pour lesquelles il est chrétien, il explique en termes clairs l’enjeu de la question (la vie éternelle !), et il encourage le non-croyant à recevoir ce pardon gratuit (quelle bonne nouvelle !), mais en aucun cas ne doit il forcer qui que ce soit. J’espère que cette critique du traité d’athéologie aura été comprise dans cet esprit : une offre d’arguments rationnels pour encourager le lecteur, et une invitation au lecteur à réfléchir librement à ces choses : si le christianisme est vrai, l’enjeu est énorme.

A bon entendeur.

onfrayEnfin, permettez-moi de conclure sur une note positive. Après 12 parties d’une critique passées à dire du mal des arguments invalides de Michel Onfray, j’aimerais finir par dire du bien de l’homme, que j’apprécie en fait beaucoup. Il est souvent bien sympathique, il s’exprime de manière captivante, il aime la langue française et l’emploie joliment, et l’histoire de sa vie est tout simplement fascinante. En bref, je dois confesser être un fan (est-ce si terrible d’apprécier grandement quelqu’un avec qui l’on est fondamentalement en désaccord ?)

Je me permets d’ajouter que la plupart de ses adversaires qui le critiquent, même sur le sujet de l’athéisme, offrent des arguments que je trouve affligeants, et Onfray les démolit habituellement dans ses interviews avec brio, en offrant souvent les réponses exactes que j’aurais offertes moi même si j’étais un athée. Le monsieur a de la répartie ! J’espère donc que les arguments que j’ai offerts dans cette critique aient été d’un autre calibre, et sans avoir la prétention de penser que Michel Onfray les lira, je me prête à croire qu’ils auraient un meilleur effet.

Mais est-ce naïf de penser qu’un athée célèbre, publié sur le sujet, puisse changer d’avis sur la question ? À cela, je répond que ce ne serait pas la première fois. Le plus célèbre philosophe athée du siècle dernier, Antony Flew, sous le poids des arguments (particulièrement l’accord fin des constantes de l’univers, mentionné dans cette critique), a fini par changer d’avis, et annoncer sa croyance en un créateur de l’univers. Un de mes bons amis philosophes chrétiens, David Wood, est un ancien athée psychopathe, condamné pour tentative de meurtre barbare, qui a découvert le Jésus de l’évangile en prison, et s’engage maintenant en débats académiques sur la vérité du christianisme. Et enfin, je suis moi-même ancien athée, devenu chrétien et philosophe académique par un concours de circonstances improbables, et une réflexion sur les documents du Nouveau Testament. Alors si Dieu peut rattraper l’apôtre Paul, ou Antony Flew, ou David Wood, ou moi même, pourquoi pas Michel Onfray ?

…Et pourquoi pas vous, cher lecteur ?

Amicalement,

Guillaume Bignon, Mai 2015.

« Hormis toutes nos preuves, il n’y a aucune preuve » : Inventer un débat impossible sur l’existence de Jésus – Partie 8 de ma critique du « traité d’athéologie » de Michel Onfray

<<< Partie 7

Dans les parties précédentes de cette critique, nous remarquions que Michel Onfray niait l’existence de débats académiques sérieux sur les arguments logiques concernant l’existence de Dieu. Ils ont lieu à grande échelle dans la littérature académique, sont vivement encouragés par les philosophes chrétiens de calibre, et Onfray niait leur existence. Sur le sujet vers lequel on se tourne maintenant, l’existence de Jésus de Nazareth, Michel Onfray fait le contraire : il n’y a pas de controverse agitée dans les milieux académiques sur la question, et Michel Onfray en invente une. Il revendique la thèse « mythiste », plus populaire sur l’internet que dans les presses académiques, qui affirme que Jésus de Nazareth n’a jamais existé, et que les documents historiques relatant son existence sont des documents mythologiques fictionnels, semblables aux mythes païens relatant les histoires de « l’Ulysse d’Homère, l’Apollonios de Tyane de Philostrate, ou l’Encolpe de Pétrone . . . héros de péplum ». (p.164)

ulysse

Onfray n’offre pas vraiment d’argument en faveur de cette thèse, mais il déclare que la question de l’existence de Jésus est un « débat impossible », et procède ainsi (p.158) : « laissons aux amateurs de débats impossibles à conclure la question de l’existence de Jésus et attelons-nous à celles qui importent : qu’en est-il de cette construction nommée Jésus ? pour quoi faire ? dans quels desseins ? afin de servir quels intérêts ? qui crée cette fiction ? de quelle manière ce mythe prend-il corps ? comment évolue cette fable dans les siècles qui suivent ? » En bref, Onfray nous dit vouloir sauter le débat car il est impossible, présuppose que sa position est correcte, et ensuite spécule sur les intentions des supposés inventeurs de Jésus. Il n’y a pas grand-chose que je puisse réfuter ici !

Quelques phrases tentent cependant de soutenir la thèse, alors passons-les en revue. Il nous dit (p.157) « L’existence de Jésus n’est aucunement avérée historiquement. Aucun document contemporain de l’événement, aucune preuve archéologique, rien de certain ne permet de conclure aujourd’hui à la vérité d’une présence effective. » Le problème avec cet argument, c’est que l’absence en question est la même pour un nombre incalculable de personnes historiques dont l’existence ne fait pas l’ombre d’un doute. Ces exigences ne sont pas raisonnables. Il n’y a aucune raison de penser que l’existence de Jésus rende probable que l’on ait des « preuves archéologiques ». Alors de manière plus raisonnable, qu’a-t-on au sujet de Jésus ? On a des documents historiques relatant son existence, écrits à des dates très proches de sa vie (bien qu’écrits quelques dizaines d’années après sa mort, et donc pas de son vivant ; mais il est rare de raconter historiquement la mort d’un individu avant sa mort !) avec du matériel provenant de différentes sources indépendantes, dans des écrits chrétiens, juifs, et païens.

josephusQue fait Michel Onfray de tout ce matériel historique (d’une abondance rare pour une personne relativement obscure et si ancienne que Jésus de Nazareth) ? Il le rejette exhaustivement. Le matériel juif (Flavius Josèphe) et païen (Suétone, Tacite) est rejeté avec une accusation générale d’interpolation (p.159-160) : les chrétiens auraient soi-disant tout fabriqué, et inséré leur Jésus dans les manuscrits de ces historiens juifs et romains. Mais l’affirmation est bien trop rapide. A ma connaissance, aucun historien (athée ou pas) spécialisé sur ces auteurs n’admet un tel scepticisme radical. Il est généralement reconnu que le texte de Josèphe contient une interpolation partielle car il est improbable qu’un juif déclare que Jésus fût le Messie comme le fait ce texte ; mais les érudits spécialistes de Josèphe (non-chrétiens !) affirment essentiellement tous que le passage n’est pas complètement interpolé, et qu’au minimum il fait bien référence à Jésus de Nazareth et aux évènements que ce dernier a causés en Judée au premier siècle. Quant à Suétone et Tacite, l’accusation d’interpolation est entièrement injustifiée. Il n’y a aucune raison textuelle ou contextuelle de douter des passages, et il est même improbable de penser que des chrétiens auraient inséré ces textes qui sont insultants vis-à-vis de Jésus et de ses disciples.

Mais de toutes façons, nos sources historiques principales et certainement les plus fiables sur Jésus de Nazareth sont les documents chrétiens : les quatre biographies anciennes de Jésus qui ont été plus tard regroupées sous une même couverture sous les noms de Matthieu, Marc, Luc et Jean, ainsi que les épîtres de Paul, Pierre, Jean, Jacques, relatant les traditions chrétiennes anciennes au sujet de Jésus. Onfray les rejette d’un tour de main puisqu’écrits par les chrétiens à qui on ne peut apparemment pas faire confiance, mais même là, sa thèse à leur sujet semble incohérente. Il nous dit que toutes leurs histoires ne sont que des « fables », mais qu’ils les croient honnêtement : « La création de ce mythe est elle consciente chez les auteurs du Nouveau Testament ? Je ne le crois pas …  Marc, Matthieu, Jean et Luc ne trompent pas sciemment . . . Aucun n’a rencontré physiquement Jésus. » (p.169) Le problème est que ces auteurs, dans leur texte, prétendent au contraire nous rapporter précisément un témoignage oculaire, le leur ou celui des disciples mêmes de Jésus. Matthieu et Jean sont des Apôtres, Luc et Marc sont leurs compagnons. Paul connaissait l’apôtre Pierre lui même, ainsi que Jacques (le frère de Jésus, lui-même un non-croyant jusqu’à ce que Jésus lui apparaisse en personne après sa résurrection). Étant donné que ces individus n’avaient rien à gagner, et tout à perdre en prêchant la résurrection de Jésus ; et que certains ont même perdu la vie pour cela, Onfray sent bien qu’il est improbable de dire qu’ils trompent sciemment, mais alors il n’est pas plus probable de dire qu’ils se trompent honnêtement sur un élément aussi fondamental que l’existence même de leur maître et Seigneur Jésus Christ ! Par ailleurs, s’ils copient soi-disant les mythes païens de l’époque pour créer un héros de péplum, comment pourraient-ils rester honnêtes dans leurs affirmations qu’il s’agit de la vérité historique sur les évènements relatés ? (cf. Luc 1) La thèse mythiste est aussi complètement improbable du fait que les juifs du premier siècle, fidèles à la Torah, haïssent le polythéisme de leurs voisins païens, et n’auraient jamais adopté leurs histoires idolâtres pour concocter leur version chrétienne à la sauce Jésus.

ehrmanOnfray conclut que la question de l’existence de Jésus est tellement controversée que le débat fait rage «  sans qu’aucune conclusion définitive n’apparaisse et n’emporte définitivement l’avis général » (p.160) A ce niveau, c’est de la désinformation : « l’avis général » ne fait aucun doute ; la presque totalité des érudits spécialistes publiés dans des revues académiques (incluant bien-sûr les athées et les ultra-libéraux, sceptiques radicaux) sur le sujet, maintiennent l’existence de Jésus. La position mythiste sceptique est tellement minoritaire que de l’appeler « marginale » est encore un euphémisme monumental. Même un polémiste tel que Bart Ehrman, critique textuel du Nouveau Testament, et auteur de nombreux livres attaquant tous les aspects imaginables du christianisme, s’est senti obligé d’écrire un livre pour défendre le fait que Jésus existait, et affirmer que la position mythiste est embarrassante. Alors évidemment, on ne détermine pas la vérité en comptant les têtes, mais le débat n’est clairement pas celui qu’Onfray nous dépeint.

eccehomoDans son attaque de la fiabilité des textes chrétiens, Michel Onfray avance alors quelques allégations d’erreurs historiques, mais elles trouvent toutes aisément des réponses. Il trouve improbable que Pilate, « un gouverneur haut de gamme de l’Empire romain » s’occupe de Jésus, mais c’est au contraire aisément explicable par le fait que Pilate cherche à éviter l’émeute qui se profile dans sa province lorsque les foules s’emparent de Jésus. Onfray nous dit que « Pilate ne peut être procurateur selon le terme des évangiles, mais préfet de Judée, car le titre de procurateur apparaît seulement vers 50 de notre ère » (p.172). C’est correct, sauf qu’aucun des évangiles n’appelle Pilate « procurateur » ! Il est appelé « gouverneur » en Mat. 27 :15, ἡγεμών (hégémon), ce qui est l’équivalent grec du latin praefectus. Onfray nous dit que Pilate n’était pas doux, mais cruel et cynique. Là encore, les évangiles ne le disent pas doux non plus, ils disent simplement qu’il objecte initialement aux demandes de crucifixion ; il n’est en effet pas disposé à se faire manipuler par les foules pour tuer Jésus sans preuves. Le portrait brutal de Pilate est par ailleurs donné par Luc lui-même dans une autre anecdote mentionnant un massacre (Luc 13 :1). Onfray trouve ensuite la crucifixion invraisemblable, car « à l’époque, on lapide les juifs, on ne les crucifie pas » ; c’est encore historiquement incorrect : les juifs étaient crucifiés à tout bout de champ dans l’antiquité, l’historien John Dickson dit même que c’était probablement le peuple le plus crucifié de l’histoire ancienne. Onfray continue : « la crucifixion suppose une mise en cause du pouvoir impérial, ce que le crucifié ne fait jamais explicitement » (p.173). Oui, Jésus ne le fait jamais ; en d’autres termes, il est innocent. Mais c’est l’accusation qui est portée contre lui, il est donc parfaitement logique que lorsqu’on le condamne (à tort !) ce soit le châtiment prévu pour ce chef d’accusation. Enfin, Onfray dit qu’après la crucifixion, une « mise en tombeau est exclue. Fictions… » Mais au contraire, il y a des exemples chez Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe de crucifiés mis en tombe.

pierreEn bref, l’analyse historique de Michel Onfray est irresponsable, et le chrétien qui fait confiance au témoignage historique des documents du Nouveau Testament est largement dans son droit, et intellectuellement justifié. Ces documents historiques sont tôt, multiplement attestés, concèdent parfois des faits embarrassants attestant de leur sincérité, une sincérité qui est en outre demandée par le témoignage des martyrs allant jusqu’à la mort en proclamant leur témoignage du Seigneur ressuscité : nul ne maintient jusqu’à la mort une proclamation dont on l’accuse, s’il sait qu’il s’agit d’une fable de son invention.

Alors évidemment, aucune des ces preuves historiques n’est entièrement irréfutable. Tout peut être nié avec un peu de mauvaise volonté, en élevant simplement le niveau de scepticisme mis en œuvre lors de l’étude de ces textes historiques ; mais la question se pose alors : ce scepticisme est-il justifié, et est-il appliqué sur toute la ligne par Michel Onfray au sujet d’autres personnes historiques d’antiquité? C’est à mon tour de douter.

>>> Partie 9

Quand l’apologétique ne peut se passer de l’éthique (partie 2)

INTRODUCTION

Nous avons vu dans la première partie de cet article que des liens existent entre l’apologétique et l’éthique. Nous y avons brossé un tableau du présuppositionalisme afin de montrer la réalité de ces liens. Nous considérerons dès à présent la nature de ces liens. Nous examinerons la façon dont l’éthique a des implications apologétiques et, inversement, la façon dont l’apologétique a des implications éthiques. Mais tentons d’abord de circonscrire notre sujet à l’aide des questions suivantes :

  • Si, comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, toute attaque à l’encontre de la foi biblique est fondamentalement de nature éthique, est-il juste d’affirmer que le moyen de défense de cette même foi doit aussi se situer sur un plan éthique?
  • En plus d’être une défense raisonnée du christianisme (ce qui est tout à fait correct), l’apologétique doit-elle être une défense éthique de la foi chrétienne?
  • Est-il même possible de défendre le christianisme de façon éthique?
  • À l’inverse, est-il légitime de dire que des implications apologétiques découlent de l’éthique?
  • Une éthique chrétienne peut-elle et doit-elle faire œuvre apologétique?

Nous répondons par l’affirmative à toutes ces questions. Nous croyons en effet que l’apologétique et l’éthique sont inséparables. Nous examinerons d’abord le rôle que joue l’amour, fondement de l’éthique chrétienne, dans la démarche apologétique. Nous considérerons ensuite la vie de l’apologète comme critère de vérification. Nous aborderons également la question de la place que tient la doctrine biblique dans la défense de la foi chrétienne. Viendra enfin une section qui expliquera comment l’apologétique est l’affaire de tous les chrétiens.

Amour et apologétique

Selon nous, le chrétien doit défendre la foi qu’il professe non seulement en faisant la démonstration intellectuelle que sa foi repose sur de solides arguments, mais également en menant une vie sainte pour démontrer la véracité de cette foi. Une des caractéristiques d’une vie sainte, c’est l’amour pour Dieu et le prochain (1 Jean 2.9-11). Comme le fait remarquer C. Spicq, la dilection fraternelle (dilection: amour spirituel et pur) est au cœur de la morale chrétienne:

L’institution chrétienne se résume en deux articles principaux, chacun récapitulant la foi et la morale: croire au Christ (…) et manifester de la dilection fraternelle[1].

Mais l’amour dont il est question dans le Nouveau Testament ne se distingue pas uniquement par la morale qu’il récapitule. Il dévoile également une facette apologétique : il sert de tremplin à la proclamation de la foi. Même Jésus a insisté sur l’implication apologétique de l’amour, lorsqu’il a fait l’éloge de l’amour fraternel comme outil de persuasion:

C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres (Jean 13.35)[2].

L’amour chrétien sert donc la proclamation du message évangélique et, par ricochet, sa défense. Au sens de la Bible, aimer, c’est « apologiser »!

Curieusement, certains apologètes redoutent que cette invitation à l’amour fraternel comme outil de persuasion les contraigne à renoncer à leur arsenal d’arguments rationnels et à n’avoir d’autre choix que de défendre la foi en sortant de leur fourreau « l’épée de bois » qu’est leur vie sanctifiée. Il se trouve en effet certaines personnes qui dénoncent toute forme de défense rationnelle de la foi, ce qui explique l’origine de cette crainte qu’il arrive à des apologètes d’exprimer. Cependant, une telle crainte donne la fâcheuse impression qu’une vie sainte n’a que peu ou très peu de poids dans la balance des preuves en faveur du christianisme et qu’elle ne peut donc pas contribuer à la tâche apologétique!

Soyons cependant assurés de ceci: l’amour que Jésus réclame des siens ne s’oppose pas à la défense rationnelle de la foi. Bien au contraire, cet amour trace le chemin qui mène à l’arène de la lutte apologétique. En effet, l’apologète doit être animé d’un amour similaire à celui qui a jadis inspiré Dieu à lutter contre Jacob, allant même jusqu’à lui infliger une blessure, afin de mieux le rallier à sa cause (Genèse 32.25-33). Un tel amour, certes marqué par la lutte, est pourtant d’une tendresse inouïe, puisqu’il est entièrement mû par une affection sincère et désintéressée; il s’agit d’un amour dont l’intention n’est rien d’autre que le salut de celui qui bénéficie de cet amour (au v. 30, alors qu’il attribut un nom à l’endroit où il a livré un combat contre Dieu, Jacob s’écrira: « J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée »). C’est un amour qui s’efforce de gagner l’autre et non de triompher de lui, qui s’intéresse à l’autre au lieu de lui opposer une défense opiniâtre.

L’amour dont parle Jésus n’est donc pas un amour qui nous tient éloignés des « champs de bataille ». Ce n’est pas un amour qui commande que l’on se retire dès le moment où il faut débattre de la foi. Et ce n’est certainement pas un amour qui interdit au croyant de faire usage d’arguments rationnels pour défendre la foi et tenter de convaincre les adversaires. Cet amour, celui-là même qui fonde l’éthique chrétienne, a des visées apologétiques: c’est un amour qui peut convaincre les hommes à se décider pour l’Évangile. En revanche, il s’agit d’un amour dans lequel la discipline apologétique doit faire pénétrer profondément ses racines. En effet, s’il entend gagner le cœur de ses adversaires, l’apologète doit faire preuve de cet amour et leur manifester toute la douceur dont un tel amour est capable. Il doit les gagner en faisant d’abord la démonstration communautaire de cet amour persuasif qui unit les croyants. Mais il faut aussi qu’il conquière leur cœur en leur témoignant un même amour, comme Paul et Pierre exhortent les croyants à le faire:

Il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité (2 Timothée 2.25).

Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous (1 Pierre 3.15).

Celui qui porte le message

John Frame, apologète présuppositionaliste, dit ceci :

Pour déterminer si quelqu’un connaît Dieu, nous ne nous contentons pas de lui donner un examen écrit, nous examinons sa vie[3].

C’est affirmation est fondamentale: elle met en évidence l’implication éthique de l’apologétique. Nous sommes confrontés ici à un fait incontestable : les non-croyants examinent la vie de ceux et celles qui prêchent l’Évangile. Mais cette affirmation suscite également une question: comment examine-t-on la vie d’un chrétien? Comment savoir si le chrétien a « passé le test »? Bref, quels sont les critères d’évaluation qui permettent de vérifier que l’Évangile transforme vraiment la vie des croyants? Et s’il en existe, où les trouve-t-on? Notre conviction est que non seulement ces critères d’évaluation existent, mais aussi qu’ils se trouvent dans l’Écriture. Il s’agit de critères que le croyant et l’incroyant peuvent connaître au moyen de la prédication de l’Évangile. Examinons plus en détail ce point.

L’annonce aux pécheurs du jugement de Dieu, accompagnée du message de la grâce qui leur est offerte en Jésus-Christ, les place devant toute la turpitude de leurs fautes. Mais du coup, cette annonce impose aussi un standard moral que le croyant est tenu de respecter, dans sa communauté de foi et devant les pécheurs auxquels il annonce l’Évangile. En effet, si le croyant est lui-même esclave du péché, de quel droit peut-il prêcher au monde la délivrance du péché? Une telle prédication soulèverait à coup sûr de sérieux doutes quant à l’efficacité du message de délivrance proclamé. Car l’Évangile est un message de délivrance. Lorsque le pécheur reçoit ce message par la foi, il se voit libérer de la puissance du péché, de sorte qu’il peut se mettre humblement et entièrement au service de son créateur. Il est désormais un croyant. Ce nouveau statut s’accompagne cependant de fonctions que le croyant ne peut passer sous silence: il est un héraut de la foi, un ambassadeur pour Dieu, comme le dira l’apôtre Paul (2 Corinthiens 5.20). Le chrétien vit dans ce monde pour y proclamer un message de pardon et de délivrance. La question urgente est donc la suivante: le chrétien est-il lui-même la preuve vivante que l’Évangile qu’il annonce libère véritablement le pécheur des chaînes qui le lient au péché? Démontre-t-il, par un comportement empreint de charité chrétienne et de piété, l’efficacité libératrice de la vérité qu’il proclame? Bref, vit-il ce qu’il prêche[4]?

À la défense de la doctrine biblique

Le chrétien vit-il ce qu’il prêche? Cette question ouvre l’horizon de ce que nous entendons par les implications éthiques de l’apologétique. Elle signifie que le chrétien doit vivre sa vie en conformité avec l’éthique chrétienne qui découle de la doctrine biblique dont il fait l’apologie. Car selon l’apologétique présuppositionaliste, c’est la doctrine biblique qui doit être défendue[5]. Or la doctrine (la théologie) ne se défend pas uniquement sur la base de preuves ou de faits censés être à la disposition tant de l’incroyant que du croyant. Celle-ci se défend également sur le plan de l’éthique. Ce n’est pas par accident que l’apôtre Paul parle de « la doctrine conforme à la piété » , exhortant du même coup Timothée à vivre conformément à cette doctrine (1 Timothée 6.3). En plus de l’exhorter à veiller sur son enseignement (1 Timothée 4.13-16), il lui enjoint de poursuivre les vertus les plus nobles tels la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience et la douceur (1 Timothée 6.11). Paul lui demande également de pratiquer ce qu’il a entendu et vu de lui : « Retiens dans la foi et dans l’amour qui est en Jésus-Christ, le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi. » (2 Timothée 1.13) Et il ajoute : « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme qui a fait ses preuves, un ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité. » (2 Timothée 2.15) En un mot, la vie de Timothée doit traduire l’enseignement qu’il prodigue aussi bien aux croyants qu’aux non-croyants. Sa vie doit être une apologie de la doctrine biblique qu’il enseigne! On le voit, la doctrine biblique, l’éthique et l’apologétique sont comme trois sœurs inséparables; l’action de l’une mobilise les deux autres.

Puisque l’apologétique puise sa source dans la doctrine biblique, il s’ensuit que le croyant, chaque fois qu’il marche en conformité avec cette doctrine, pose une action éthique qui devient à son tour une implication apologétique. Autrement dit, ce n’est pas seulement en parole que l’apologète peut défendre la doctrine biblique, mais aussi par son témoignage de vie. La doctrine biblique que l’apologète entend défendre n’est aucunement déconnectée d’une action engagée et d’une ligne de conduite morale. Bien au contraire, cette doctrine enseigne aux hommes qu’ils doivent en tout temps vouer une obéissance entière et inconditionnelle au Dieu de la Bible. Cet enseignement est très concret et s’incarne dans la vie quotidienne des croyants. Pour cette raison, la foi chrétienne ne se défend pas uniquement sur la base de la raison. On la défend également lorsque notre cœur bat au rythme de l’Évangile. Le christianisme affirme que Dieu agit puissamment en l’homme en transformant progressivement (et parfois abruptement) ce dernier à l’image de son Fils. Serait-il légitime que des chrétiens évoquent cette puissance transformatrice de Dieu lorsqu’ils prêchent l’Évangile aux pécheurs alors que ces derniers ne parviennent même pas à en discerner l’efficacité dans la vie de ces chrétiens? Qui ajouterait foi à une telle « bonne nouvelle » et à un tel message de liberté ? Ne dirait-on pas, à juste titre d’ailleurs, qu’il s’agit d’un message creux, sans âme ni substance?

Une apologétique à la disposition de tous les chrétiens

Certains croyants s’imaginent que l’éthique est l’affaire de tous les croyants, alors que la tâche apologétique revient aux spécialistes, notamment aux évangélistes et aux théologiens. Rien n’est plus faux. Tous les croyants peuvent se consacrer à la tâche apologétique. Certains, il est vrai, se débrouillent mieux que d’autres dans le maniement des arguments rationnels en faveur de la foi chrétienne. Mais un fait demeure: tous les chrétiens peuvent manifester par leur conduite que l’Évangile de Jésus-Christ rend vraiment l’homme libre à l’égard de la puissance du péché. Tous ne sont pas des apologètes au sens restreint du terme; tous les chrétiens possèdent cependant dans leur arsenal apologétique une arme efficace dont le nom est sainteté. Un incroyant refusera peut-être d’accorder crédit à la foi chrétienne parce que le christianisme ne le convainc guère sur le plan intellectuel. Par contre, si on lui présente le témoignage d’une vie chrétienne sainte et irréprochable, il éprouvera sans doute un peu plus de difficulté à trouver à redire de la foi chrétienne. Cela pourrait même semer la confusion dans son esprit (Tite 2.6-8), voire le mener à la foi. En reconnaissant que l’apologétique est avant tout une défense éthique du christianisme, cette discipline devient du coup l’affaire de tous ceux et celles qui font profession de vivre pour Christ.

Il est vrai que certaines attaques dirigées contre le christianisme sont de nature exégétique et doctrinale. Dans de pareils cas, les spécialistes bibliques sont certainement plus aptes à défendre rationnellement la doctrine biblique. C’est pourquoi Paul recommandera à Tite d’établir des anciens qui s’attacheront « à la parole authentique telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de convaincre les contradicteurs » (Tite 1.9). Il est cependant important de faire remarquer que Paul ordonne à Tite de choisir parmi les frères des hommes qui sont irréprochables (Tite 1.6). Il exhortera même Timothée à élire à la charge d’évêque ceux qui reçoivent un bon témoignage de ceux du dehors (1 Timothée 3.7). La saine doctrine est d’une importance capitale, on ne saurait le nier. Et cela est d’autant plus vrai lorsque l’on considère le zèle et la fermeté avec lesquels les ministres de Dieu doivent être en mesure de la défendre. Mais cette défense doctrinale de la foi doit, selon le Nouveau Testament, reposer entièrement sur un fondement éthique, c’est-à-dire sur le témoignage d’une vie pieuse et irréprochable[6].

CONCLUSION

Comme nous l’avons établi dans le présent article, l’apologétique est l’affaire de tous les chrétiens. Cela est vrai non seulement parce que l’éthique a des implications apologétiques, mais aussi parce que l’apologétique repose sur un fondement éthique. D’ailleurs, ces deux disciplines sont si étroitement liées, qu’il est difficile de dire laquelle des deux précède l’autre. En réalité, on ne peut déterminer laquelle sert de préalable à l’autre. Ce qui nous fait dire que l’apologétique n’est pas sans l’éthique et que l’apologétique n’est pas sans l’éthique. Et toutes deux, bien entendu, ont pour fondement la doctrine biblique (la théologie).

Lorsque le croyant prend conscience de l’importance que sa vie revêt dans la défense de la foi chrétienne, il devient plus attentif à la façon dont il se conduit. S’il est un apologète aguerri, il aura sans doute l’impression d’ajouter à son arsenal apologétique un nouveau fer de lance, à savoir la sainteté. Quant au croyant qui n’ose pas s’aventurer dans une défense plus rationnelle de la foi, il se réjouira à l’idée que sa vie peut efficacement contribuer à la défense de la foi chrétienne.

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[1] C. SPICQ, Théologie morale du Nouveau Testament, Tome II, Paris, J. Gabalda et Cie Éditeurs, 1965, p. 509.

[2] Lorsqu’il commente ce passage, Carson ne passe pas à côté du caractère apologétique du commandement nouveau (l’amour) dont parle Jésus: « Le commandement nouveau (…) est aussi un privilège qui, bien vécu, proclame le vrai Dieu face au monde qui observe. »; D. A. CARSON, Évangile selon Jean, Trois-Rivières, Éditions Impact, 2011, p. 635.
[3] John M. FRAME, The Doctrine of the Knowledge of God, Phillipsburg, Presbyterian and Reformed Publishing Co., 1987, p. 44. « To determine if someone knows God, we do not merely give him a written exam; we examine his life. »
[4] Bien entendu, nous ne pensons pas que les chrétiens doivent d’abord atteindre la perfection avant de pouvoir défendre et démontrer l’authenticité du christianisme sur la base d’une éthique chrétienne. Cela est d’ailleurs impossible tant et aussi longtemps que notre habitat sera ce corps mortel. Cependant, notre approche souligne fortement la responsabilité morale du croyant devant ses semblables. Sa vie est le reflet de ses croyances.
[5] Cette approche apologétique s’inscrit d’ailleurs dans la notion van tillienne de cohérence que nous avons abordée dans la première partie de cet article.
[6] Les théologiens et les apologètes sont donc également tenus de vivre pieusement, surtout s’ils veulent défendre la saine doctrine.

LES BRANCHES DE L’APOLOGÉTIQUE CHRÉTIENNE : UN SURVOL

Comme les autres écrivains de cette série ont fait remarquer, l’apologétique chrétien n’est autrement que la présentation des raisons pour croire les déclarations de la Christianisme. L’apologétique est la tentative, systématique, de donner un répons à celui qui demande la raison pour l’espérance qui est en nous.[1] À chaque fois qu’on cherche à donner ce répons, que ce soit par un témoignage personnel de comment Dieu aurait changé nos vies, ou que ce soit en présentant des preuves pour l’existence de Dieu ou pour la crédibilité de la Bible, on est en train de faire l’apologétique. Déjà, dans ces trois exemples d’un apologétique, nous voyons qu’il y a des différents types de réponse qui peuvent être donnés. De plus, on peut aussi voir que ces différentes réponses se relient à des types de connaissance différents. Dans ce bref article de blogue j’aimerais présenter un survol des différents domaines de l’apologétique, et comment chaque personne peut faire l’apologétique chrétien d’une manière ou d’un autre.

La Christianisme affirme la vérité d’un grand nombre de propositions. Pour être Chrétien on doit non seulement avoir la foi en Jésus-Christ, pour la justification devant Dieu, et le salut de la colère de Dieu, mais, en plus, pour être capable de faire ceci, on doit, au moins, croire, et si possible, savoir, que ces affirmations sont vraies. Certaines des déclarations de la Christianisme ne peuvent pas être connues et doivent être acceptées par la foi, par exemple, que Jésus est né d’une vierge, que Jésus est Dieu, que Dieu est trois personnes en une nature, etc. D’autres déclarations de la Christianisme peuvent être soit démontrer fausse ou démontrer vrai, par exemple, que Jésus est un véritable personnage historique, que Dieu existe, que Dieu est éternelle, immuable, parfait, etc. L’apologétique Chrétien est capable de défendre la vérité de ces dernières, et présenter des arguments qui démontrent que c’est raisonnable de croire les propositions qui sont sujettes de foi seule (même si on ne peut pas démontrer qu’ils sont vrais sans aucun doute). L’apologétique chrétien a aussi un rôle à jouer pour démontrer l’erreur des autres religions, des fausses philosophies, et des pensées qui vient en contre des déclarations de la Christianisme. Regardons les différents domaines de l’apologétique Chrétien, et comment ils avancent une défense de la foi chrétienne.

L’apologétique Chrétien peut être divisé dans les catégories suivantes : existentielle ou culturelle, scientifique, philosophique, historique, archéologique, théologique, et biblique.

Un apologétique existentiel ou culturel est une défense de la foi chrétienne à partir de l’expérience de l’existence humaine. Techniquement ce type d’apologétique pourrait tomber sous le domaine de l’apologétique philosophique, mais c’est assez important qu’il mérite être mentionné à part. Dans ce domaine d’apologétique on fait appelle à comment l’homme est dans sa vie, et comment sa façon d’être démontre la vérité de la Christianisme. On peut présenter des témoignages personnels pour démontrer comme la Christianisme à changer nos vies. On démontre que ce que la Bible enseigne au sujet de l’expérience humaine est vrai, c’est-à-dire, l’homme est pécheur et dépravé ; l’homme ne semble pas être capable de se sortir de son propre trou toute seul ; l’homme sans Dieu perdre le sens de la vie et tends vers le nihilisme ; l’homme, par sa façon d’être et sa façon de parler, démontre qu’il recherche un être transcendant, etc. Deux apologistes qui sont connues pour un apologétique existentielles ou culturelles sont Francis Schaeffer et Ravi Zacharias.[2]

Un apologétique scientifique présente une défense de la foi à partir des différents domaines des sciences naturelles. Un apologétique scientifique peut défendre le christianisme de plusieurs manières. On peut utiliser la science pour démontrer que les déclarations des autres religions et philosophies sont en erreur, par exemple, plusieurs domaines de la science peuvent se rallier pour essayer de démontrer que l’universel aurait, nécessairement, un début ; que le matérialisme philosophique n’est pas capable d’expliquer plusieurs phénomènes importants des êtres vivants ; que certaines déclarations des autres religions sont impossibles, scientifiquement ; etc. On peut aussi utiliser la science pour démontrer la vérité des déclarations bibliques qui touchent à la science. Par exemple, la zoologie peut certaine des déclarations en Job 38-41 ; la géographie peut examiner les déclarations géographiques de la Bible pour démontrer qu’ils sont exacts ; la médecine peut examiner certains récits bibliques, comme la mort de Jésus sur la croix, pour démontrer que ce que la Bible dit est exact ; la physique peut considérer les miracles et leur possibilité, ainsi que des questions au sujet de Dieu et sa relation avec le temps, ainsi qu’avec les âmes, etc. ; la psychologie peut défendre la perspective biblique de la nature humaine comme étant un être spirituelle ;[3] et la biologie végétale peut considérer les affirmations bibliques qui mentionnent les plantes pour démontrer qu’il n’y a pas d’erreur. Il y a plusieurs scientifiques qui ont examiné les récits de la Bible pour les défendre, ou qui démontrent l’erreur des croyances autres que la Christianisme, comme Stanley L. Jaki,[4] Francis S. Collins,[5] John Polkinghorne,[6] Del Ratzsch,[7] Robert Jastrow,[8] et Michael J. Behe.[9]

Un apologétique philosophique présente une défense de la Christianisme à partir des domaines de la philosophie. Un des premières personnes de présentées un apologétique philosophique était l’apôtre Paul, dans sa prédication aux philosophes à l’aréopage,[10] dans son enseignement à Lystre,[11] et dans son épître aux Romains.[12] La philosophie, par définition, n’est autrement que la recherche active de la vérité entamée par une personne qui est prête à suivre la vérité là où elle l’amène. Le mot philosophie peut, aussi, faire référence aux principes qu’une personne accepte concernant la vie, la réalité, son identité, et son but, mais ceci n’est qu’un deuxième sens du mot. Un apologétique philosophique peut défendre la Christianisme en démontrant que les objets de foi (l’incarnation de Jésus, la trinité, etc.) ne sont pas incohérents, même si on ne peut pas démonter qu’ils sont vrais, ou les comprendre comme il faut. La philosophie peut aussi présenter des arguments pour démontre, par exemple, que Dieu existe ;  que Dieu est éternel, immuable, parfait, bon, tout connaissant, tout-puissant, transcendant et immanente à sa création ; que l’être humain est un être composé de matière et d’esprit ; qu’il y a des normes morales qui doivent être respectées ; que le fait qu’il y a le mal dans le monde ne démontre pas que Dieu n’existe pas ; etc. La philosophie aide à mieux comprendre la parole de Dieu en donnant à l’interprète l’outil de la logique qui le permettre de mieux analyser les paroles écrites de la Bible. L’apologétique philosophique fait aussi un apologétique en démontrant que les autres religions, visions du monde, fausses philosophies, etc. sont en erreur, incohérente, ou contradictoire en soi. Aussi, la philosophie peut aider la théologienne à mieux formuler les doctrines chrétiennes. Ceci n’est qu’une liste incomplète de comment la philosophie apologétique défend, rends fort, et protège les doctrines chrétiennes. Il y a de plus en plus de philosophes chrétiens qui utilisent la philosophie pour défendre la foi chrétienne. Ce qui est souvent oublié est que même des grands théologiens comme Augustine, Jean Calvin, Thomas d’Aquin, Anselm, les théologiens Cappadocians, etc., utilisé la philosophie pour bâtir et défendre les doctrines principales de la foi chrétienne. Voilà quelques philosophes chrétiens qui ont offert un apologétique philosophique dans le 20e et présent siècle : William Lane Craig,[13] Paul Copan,[14] Norman Geisler,[15] C. S. Lewis,[16] John Warwick Montgomery,[17] et Alvin Plantinga.[18]

Un apologétique historique cherche à démontrer la crédibilité des affirmations historiques de la Christianisme. Un des premières personnes de présentées un apologétique historique, dans l’histoire de la Christianisme était l’apôtre Pierre, lors de la première prédication chrétienne sur le jour de Pentecôte.[19] On pourrait aussi mentionner Luc, l’apôtre Jean, et l’apôtre Paul qui ont aussi fait l’apologétique historique.[20] Par exemple, la Christianisme affirme qu’il y avait un homme – Jésus – qui a vécu au début de notre ère, qu’il est mort autour de l’an 30, et qu’il est ressuscité de la mort 3 jours après. Le christianisme affirme que tous les événements, que l’Ancien Testament affirme sont réellement arrivés dans l’histoire, ont vraiment eu lieu, comme, par exemple, le déluge, les voyages d’Abraham, la captivité d’Israël en Égypte et leur exode d’Égypte, le royaume de David et de Salomon. Le christianisme affirme, aussi, que les voyages de Paul ont eu lieu, que les expériences qu’on mentionne dans les actes des apôtres ont vraiment eu lieu, etc. Ce sont toutes des affirmations historiques qui peuvent être étudiées et démontrer par les historiens. Lorsqu’on affirme que ces événements historiques ont vraiment eux lieu, et qu’on cherche à le prouver par les recherches historiques, on fait l’apologétique historique. Il y a plusieurs érudits qui font l’apologétique historique, comme, N. T. Wright,[21] A. N. Sherwin-White,[22] Edwin M. Yamauchi,[23] K. A. Kitchen,[24] Ronald Nash,[25] Ben Witherington III,[26] Michael Grant,[27] Gary Habermas,[28] J. Gresham Machen,[29] et Richard Bauckham.[30]

Un apologétique archéologique est une branche de l’apologétique historique qui cherche à démontrer, par l’archéologie, que la Bible est crédible. Les archéologues défendent la Bible en démontrant, premièrement, qu’aucune découverte archéologique n’a jamais démontré une erreur dans les affirmations biblique, et, deuxièmement, que les découvertes archéologiques viennent démontrer la crédibilité de la Bible. Les archéologues regardent les affirmations bibliques concernant les lieux historiques (par exemple, les villes, les temples, les autels, les lieux des nations qui sont mentionnés dans la Bible), les coutumes culturelles (par exemple, les habitations, les manières de cuisiner, les occupations des peuples mentionnés, les titres des dirigeants des pays), les grands événements mentionnés (comme les guerres, les voyages, etc.), etc. L’archéologie réussie à non seulement défendre les affirmations de la Bible, mais a aussi aidé à la bonne interprétation de la parole de Dieu (par exemple, de comprendre comment un berger dans le temps de Jésus travailler peut nous aider à comprendre les exemples ou paraboles dans lequel un berger est le sujet). Il y a une multitude d’archéologues qui ont défendu la Christianisme, comme, K. A. Kitchen,[31] Edwin Yamauchi,[32] C. H. Irwin,[33] Kathleen Kenyon,[34] E. M. Blaiklock,[35] William M. Ramsay,[36] et Colin Hemer.[37]

Un apologétique théologique est la défense de véritables doctrines chrétiennes contre les faux docteurs. Le premier apologète de présenter un apologétique théologique était l’apôtre Paul, qui, dans quasiment toutes ses lettres aux églises, défend la vérité chrétienne contre ceux qui voudrait le tordre. Noté par exemple son affirmation en Galates 1, « Nous l’avons dit précédemment, et je le répète maintenant : si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! »[38] Il doit y avoir un apologétique chrétien pour chaque branche de la théologie, et, en réalité, nous voyons les théologiens qui travaillent fort pour défendre les doctrines comme la divinité de Jésus, la justification par la foi seule en Jésus-Christ seul, la doctrine de la trinité,[39] l’inspiration de la parole de Dieu, etc. C’est ceci le type d’apologétique le plus fait par les grands penseurs chrétiens. Quasiment tous les théologiens de l’église, dès début jusqu’aujourd’hui ont fait l’apologétique théologique, y compris, Athanase,[40] Augustin,[41] Jean Chrysostome,[42] Thomas d’Aquin,[43] Jean Calvin, Martin Luther, Charles Hodge, B. B. Warfield,[44] etc. Nous pourrions aussi donner des exemples d’apologètes théologiques contemporains, en nommant, Norman Geisler,[45] R. C. Sproul,[46] William Lane Craig,[47] Robert M. Bowman,[48] John Piper,[49] N. T. Wright.[50]

Finalement, il y a l’apologétique biblique qui cherche à défendre la Bible elle-même. Sous cette catégorie on retrouve ceux qui analyse les manuscrits en rapport avec les éléments matériels des manuscrits (le nombre de manuscrits, la corruption ou préservation des manuscrits, les langages utilisés pour les écrire et copiés, etc.), et avec les éléments textuels des manuscrits (c’est-à-dire, la composition de chaque livre, le temps de rédaction, la cohérence intérieure de chaque texte, etc.) pour démontrer qu’il n’y a pas d’erreur ni contradiction dans la Bible ; pour démontrer que les manuscrits sont réellement écrits par ceux à qui on attribue les manuscrits ; pour démontrer que chaque livre du canon devrait être dans le canon ; et, en général, pour démontrer que la Bible aux complètes est digne de confiance et démontre une cohérence incontestable. On retrouve aussi l’exégèse des textes qui cherche à expliquer et défendre la bonne interprétation des textes bibliques. Toutes ceux qui, en faisant l’interprétation de la Bible, propose une interprétation d’un groupe de versets, et qui défendre cette interprétation (si leur interprétation donne le vrai sens du texte) est en train de faire l’apologétique biblique. Quasiment tous les chrétiens qui ont essayé de lire et expliquer la Bible ont engagé dans ce domaine d’apologétique (si tu lis un verset, et donne une raison pour croire qu’il devrait être interprété d’une certaine façon, alors tu as fait l’apologétique biblique), mais on pourrait nommer quelques apologètes bibliques renommés comme Bruce Metzger,[51] F. F. Bruce,[52] David Alan Black,[53] et D. A. Carson.[54]

Dans cet article nous n’avons même pas grafigné la surface des domaines de l’apologétique chrétienne. Le but de cet article est de démontrer qu’il y a plusieurs moyens de donner une réponse de l’espérance que nous avons, et qu’à chaque fois qu’on donne des raisons pour croire une des multiples vérités de la Christianisme on est en train d’offrir une « apologie » – une défense – de la foi chrétienne. Les sciences de nature, les domaines de la philosophie, l’expérience humaine, et les domaines de l’histoire, l’analyse des textes et manuscrits, et l’archéologie peuvent offrir des éléments importants qui, ensemble, présentent une multitude de bonnes raisons pour croire la parole de Dieu. Le défi qui est devant chaque chrétien est de chercher, à la mesure qu’on est capable, d’offrir des raisons à chaque personne qui demande au sujet de l’espérance qui est en nous.[55] Ceci devrait, aussi, encourager les chrétiennes qui sont en train de poursuivre des études post-Cégep (ou secondaire) de rechercher l’excellence dans leurs domaines de recherche, et d’utilisé leurs domaines de recherche pour défendre la Christianisme.

 


[1]1 Pie. 3 :15.

[2]On ne veut pas dire, par ceci, qu’ils ne font pas l’apologétique d’autres manières. Cf. Francis Schaeffer, Démission de la raison, trad. Pierre Berthoud, 5e éd. (Genève : Maison de la Bible, 1993). Francis Schaeffer, Dieu : Illusion ou réalité? (Aix en Provence : Éditions Kerygma, 1989). Ravi Zacharia, L’homme peut-il vivre sans Dieu?, trad. Antoine Doriath (Marne-La-Vallée Cedex 2, France : Éditions Farel, 1997).

[3]Cf. Malcom Jeeves, Minds, Brains, Souls and Gods: A Conversation on Faith, psychology and neuroscience (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2013). Mario Beauregard & Denyse O’Leary, The Spiritual Brain: A Neuroscientist’s Case for the Existence of the Soul (New York: Harperone, 2008). Ce livre est écrit par un Québécois qui enseigne, présentement, en Arizona.

 [4]Stanley L. Jaki, Miracles and Physics, 2e éd. (Front Royal, VA: Christendom Press, 1999). Cf. Frank J. Tipler, The Physics of Immortality: Modern Cosmology, God and the Resurrection of the Dead (New York: Doubleday, 1994).

 [5]Francis S. Collins, The Language of God: A Scientist presents Evidence for Belief (New York: Free Press, 2006). Ce livre défend la Christianisme à partir de l’ADN.

 [6]John Polkinghorne, The Way the World is: The Christian perspective of a scientist (Louisville: Westminster John Knox Press, 2007).

 [7]Del Ratzsch, Science & Its Limits: The Natural Sciences in Christian perspective (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2000).

 [8]Robert Jastrow, God and the Astronomers (New York : W. W. Norton & Company, 1978).

 [9]Michael J. Behe, Darwin’s Black Box: The Biochemical Challenge to Evolution (New York: Free Press, 2003).

 [10]Actes 17 :16-34.

 [11]Actes 14 :15-18.

 [12]Rom. 1 :19-20, 2 :14-15.

[13]William Lane Craig, Foi Raisonnable : Vérité chrétienne et apologétique, trad. Christiane Pagot et Gérald Pech (Villefranche d’Albigeouis, France : Les éditions La Lumière, 2012).

[14]Paul Copan & William Lane Craig, eds., Come Let Us Reason: New Essays in Christian Apologetics (Nashville, TN: B&H Academic, 2012).

 [15]Norman L. Geisler, Christian Apologetics (1976; repr., Grand Rapids, MI : Baker Book House, 2007). Norman Geisler & Peter Bocchino, Unshakable Foundations: Contemporary Answers to Crucial Questions About the Christian Faith (Minneapolis: Bethany House, 2000).

 [16]C. S. Lewis, Les Fondements du Christianisme, trad. Aimé Viala (1979; repr., Valence Cedex, France : Éditions de la Ligure pour la Lecture de la Bible, 2007).

 [17]John Warwick Montgomery, ed., Christianity for the Tough Minded: Essays Written by a Group of young scholars who are totally convinced that a spiritual commitment is intellectually defensible (Minneapolis: Bethany Fellowship, 1973).

 [18]Alvin Plantinga, Warranted Christian Belief (Oxford: Oxford University Press, 2000). Alvin Plantinga, God, Freedom, and Evil (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdmans Publishing, 1977).

 [19]Actes 2:14-36.

 [20]Luc 1:1-4, Jn. 20: 30-31, 1 Jn. 1:1-4, 1 Cor. 15:1-8.

 [21]N. T. Wright, The Resurrection of the Son of God (Minneapolis: Fortress Press, 2003).

 [22]A. N. Sherwin-White, Roman Society and Roman Law in the New Testament (1963; repr., Oxford : Oxford University Press, 2000).

 [23]Edwin M. Yamauchi, Persia and the Bible (Grand Rapids, MI: Baker Book House, 1990).

 [24]K. A. Kitchen, Ancient Orient and Old Testament (1966; repr., Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 1975).

 [25]Ronald H. Nash, The Gospel and the Greeks: Did the New Testament Borrow from Pagan Thought?, 2nd ed. (Phillipsburg, NJ: P&R Publishing, 2003).

 [26]Ben Witherington III, The Jesus Quest: The Third Search for the Jew of Nazareth, 2nd ed. (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1997).

 [27]Michael Grant, Jesus: An Historian’s Review of the Gospels (New York: Charles Scribner’s Sons, 1977).

 [28]Gary R. Habermas, The Historical Jesus: Ancient Evidence for the Life of Christ (1996; repr., Joplin, Missouri : College Press Publishing Co., 2008). Gary R. Habermas & Kenneth E. Stevenson, Verdict on the Shroud: Evidence for the Death and Resurrection of Jesus Christ (Ann Arbor, MI: Servant Books, 1981).

 [29]J. Gresham Machen, The Origin of Paul’s Religion: A Classic Defense of Supernatural Christianity (1923; repr., Birmingham, Alabama: Solid Ground Christian Books, 2006). J. Gresham Machen était professeur à Princeton avant d’aider dans la fondation de Westminster Theologial Seminary.

 [30]Richard Bauckham, Jesus and the Eyewitnesses: The Gospels as Eyewitness Testimony (Grand Rapids, MI : Wm. B. Eerdmans Publishing, 2006).

 [31]K. A. Kitchen, The Bible in its World: The Bible & Archaeology Today (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1977).

 [32]Edwin Yamauchi, The Stones and The Scriptures (Philadelphia, PA: J. B. Lippincott Co, 1972).

 [33]C. H. Irwin, The Bible, The Scholar and the Spade: A Summary of the Results of Modern Excavation and Discovery (London: The Religious Tract Society, 1932).

 [34]Kathleen Kenyon, Archaeology in the Holy Land, 3rd ed. (London: Ernest Benn Limited, 1970).

 [35]E. M. Blaiklock, The Archaeology of the New Testament (1970; repr., Grand Rapids, IL : Zondervan Publishing House, 1977).

 [36]William M. Ramsay, St. Paul The Traveler and Roman Citizen, 15th ed., ed. Mark Wilson (Grand Rapids, MI: Kregel Publications, 2001).

 [37]Colin J. Hemer, The Book of Acts in the Setting of Hellenistic History, ed. Conrad H. Gempf (Winona Lake, IN: Eisenbrauns, 1990).

 [38]Gal. 1 :9.

 [39]James R. White, The Forgotten Trinity: Recovering the Heart of Christian Belief (Minneapolis: Bethany House, 1998).

 [40]Athanase, Contre ceux qui juge de la vérité par la seule autorité de la multitude, trad. M. le roi abbé de Hautefontaine (MDCXXX).

 

[41]Augustine, De Trinitate.

[42]Jean Chrysostome, Le Christ est Dieu, en Les œuvres complètes de S. Jean Chrysostome, trad. L’abbé J. Bareille (Paris : Librairie de Louis Vivès, 1865), 1 :478-499.

 [43]Thomas d’Aquin, Summa Contra Gentiles.

 [44]B. B. Warfield, The Inspiration and Authority of the Bible, ed. Samuel G. Craig (Phillipsburg, NJ: P&R Publishing, 1979).

[45]Norman L. Geisler, éd., Inerrancy (1980; repr., Grand Rapids, MI : Zondervan, 1982).

[46]R. C. Sproul, Scripture Alone: The Evangelical Doctrine (Phillipsburg, NJ : P&R Publishing, 2005).

 [47]William Lane Craig, The Only Wise God: The Compatibility of Divine Foreknowledge and Human Freedom (1987; repr., Eugene, OR : Wipf & Stock, 2000). William Lane Craig, Time and Eternity: Exploring God’s Relationship to Time (Wheaton, IL: Crossway, 2001).

 [48]Robert M. Bowman, Jr. & J. Ed Komoszewski, Putting Jesus in His Place: The Case for the Deity of Christ (Grand Rapids, MI: Kregel, 2007).

 [49]John Piper, The Future of Justification: A Response to N. T. Wright (Wheaton, IL: Crossway, 2007).

 [50]N. T. Wright, Justification: God’s Plan & Paul’s Vision (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 2009).

 [51]Bruce Manning Metzger, The Text of the New Testament: Its Transmission, Corruption and Restoration (Oxford: Oxford University Press, 1964). Bruce M. Metzger, The New Testament: Its Background, Growth, & Content, 3rd ed. (Nashville, TN: Abingdon Press, 2003). Bruce M. Metzger, The Canon of the New Testament: Its Origin, Development, and Significance (Oxford: Clarendon Press, 1997).

 [52]F. F. Bruce, Les documents du Nouveau Testament : Peut-on s’y fier?, trad. Marie-Anne Chevreau (Trois-Rivières, QC : Publications Chrétiennes, 2008). F. F. Bruce, The Canon of Scripture (Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 1988).

 [53]David Alan Black, New Testament Textual Criticism: A Concise Guide (1994; repr., Grand Rapids, MI : Baker Book House, 1996).

 [54]D. A. Carson, Exegetical Fallacies, 2nd ed. (1996; repr., Grand Rapids, MI: Baker Book House, 2007).

[55]1 Pie. 3 :15.

L’Apologétique: sa nature, ses méthodes et son but

Qu’est-ce que l’apologétique chrétienne? Pourquoi l’apologétique chrétienne? Comment faire de l’apologétique chrétienne? Plusieurs membres de l’Association Axiome, par le biais d’une série d’articles sur le sujet, désirent offrir des éléments de réponses à ces questions et d’autres encore. Cette série d’articles, qui s’échelonnera du 10 février au 7 avril et qui verra paraître un article chaque semaine, s’intitule L’apologétique : sa nature, ses méthodes et son but. Voici les thèmes qui seront abordés :

9 février – Jean-Luc Lefebvre – Qu’est-ce que l’apologétique ?
16 février – Jean-Luc Lefebvre – Vivre la réponse que l’on donne!
24 février – Benoît Côté – Les visions du monde : Partie 1
3 mars – Benoît Côté – Les visions du monde : Partie 2
10 mars – Guillaume Bignon – Quelques pensées critiques sur les méthodologies d’apologétique chrétienne (et leurs conflits souvent mal placés)
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1 Mai – Daniel Audette – Quand l’apologétique ne peut se passer de l’éthique: Partie 2

Jésus est-il mort sur la croix?

Écrit par Jean-Luc Lefebvre

Pensons-y, qu’est-ce que cela changerait que Jésus soit réellement ressuscité? En fait j’aimerais vous dire que ça changerait tout. Malgré cela, la résurrection semble difficile à accepter aujourd’hui. Dans notre société nous faisons l’éloge de la science. Et communément, on considère qu’il existe seulement le matériel, sans Dieu, la résurrection devient futile, insignifiante, voire même ridicule. Et il faut admettre qu’une grande majorité des chercheurs dans les universités ont adopté une vision du monde matérialiste. Mais cela a des conséquences énormes en ce qui concerne la résurrection de Jésus et notre analyse. Par exemple :

1)      Cela amène naturellement à rejeter cet événement comme ayant réellement lieu.

2)      Cela amène souvent à ne pas prendre au sérieux les données historiques concernant la résurrection, car elles peuvent sembler ridicules.

Il faut inclure dans la discussion au moins deux choses. Premièrement, il faut réaliser que les chrétiens croient en Dieu. Leur vision du monde admet l’existence d’un Dieu qui agit dans l’histoire et il se peut qu’il soit intervenu en ressuscitant Jésus d’entre les morts. Deuxièmement, il faut se rappeler que les chrétiens trouvent ridicule eux aussi une résurrection des morts sans Dieu. Cela va contre l’expérience scientifique ou expérimentale. Quand des scientifiques matérialistes analysent la résurrection, ils oublient souvent dans leur analyse ces deux points. Ils sont importants, car si nous tentons d’expliquer seulement l’événement de la résurrection en dehors de l’existence de Dieu, il y aura inévitablement un non-sens. Il faut donc inclure dans notre analyse l’existence de Dieu[1].

La simple énumération d’une liste d’évidences ne suffit généralement pas pour convaincre dans beaucoup de cas. Mais nous devons néanmoins poser les questions : quels sont les faits établis avec crédibilités? Quelle est la meilleure explication de ces faits historiques?

 Jésus est mort par crucifixion :

J’aimerais regarder dans cet article le tout premier élément de la liste[2]. Avant même de se concentrer sur la résurrection propre, il est de mise de valider que Jésus soit bel et bien mort sur cette croix. Aujourd’hui, à part l’Islam[3] il n’y a pas beaucoup de personnes qui rejettent la mort de Jésus sur la croix. Mais quand même il est important d’établir les faits. Bien que cela relève probablement plus du domaine médical, le supplice de la croix était particulièrement efficace pour donner la mort. Comment et de quoi Jésus est-il mort?

Quand nous considérons le récit de la mort de Jésus, nous voyons plusieurs détails importants qui peuvent nous éclairer sur les circonstances de la mort de Jésus, mais aussi il nous éclaire sur la mécanique de sa mort. Le récit commence dans le jardin de Gethsémané. Nous y voyons que Jésus a vécu une forte angoisse qui a fait éclater les capillaires des glandes sudoripares qui donnaient l’apparence de grumeau de sang (Luc 22.44). Ce phénomène est connu dans le domaine médical et porte le nom « hématidrose »[4]. Malgré la rareté des cas, nous savons qu’elle survient lors de forte angoisse.  Cela produit des effets, par exemple la fragilisation et la sensibilité de la peau.

Ensuite est venue la période de flagellation qui précédait le transport du patibulum[5]. La flagellation a produit des effets sur le corps de Jésus. La nature même de cette punition produisait une perte de sang à cause des lacérations à la peau. Entre autres, elle a produit un choc hypovolémique[6]. Cette baisse du niveau sanguin a aussi des effets sur le corps. Nous pouvons au minimum donner quatre effets physiologiques sur la personne de Jésus :

1-      Le rythme cardiaque s’accélère

2-      Il y a effondrement de la pression sanguine[7]

3-      Les reins cessent de produire de l’urine, afin de maintenir un volume de liquide.

4-      Par conséquent, la personne ressent une soif intense

Maintenant, les données historiques nous permettent de pouvoir regarder d’un point de vue médical la mécanique de la croix. La croix était une des pires morts qu’une personne pouvait subir. C’est un supplice en longueur, douloureux et honteux. Voici quelques données pertinentes afin de pouvoir faire notre diagnostic :

Lors de crucifixion, les Romains utilisaient de clous de 13 à 18 centimètres. Cela avait pour effet d’écraser le nerf médian de chaque main. La douleur était tellement vive qu’ils ont inventé un terme : « fixer à la croix ». Cela avait comme objectif de décrire l’intensité du supplice. Au niveau des pieds, tous les nerfs et tissus étaient déchirés par le clou.

Au niveau des bras, il est probable qu’il y ait un allongement d’environ 15 centimètres des 2 bras et dislocation des 2 épaules. Cela laissait le crucifié dans une position inconfortable de telle sorte que cette mécanique produisait une mort lente, essentiellement par asphyxie.

La lutte chez le crucifié consistait à se redresser dans la douleur extrême afin de respirer. Mais la difficulté augmentait sans cesse, ce qui produisait un ralentissement de la respiration. Si on jumèle le bas niveau de sang avec une diminution de l’activité respiratoire, on en arrive à créer une acidose respiratoire. C’est-à-dire, qu’il y a augmentation du dioxyde de carbone qui se transforme en acide carbonique. De façon générale, quand nous avons cette combinaison, nous sommes conduits à une arythmie cardiaque. Cela nous amène à conclure que la cause la plus probante de la mort de Jésus est l’arrêt cardiaque.

Faisons un pas de plus. Un choc Hypovolémique a quelques autres conséquences sur l’organisme. Entre autres, il y a accélération durable des battements cardiaque, ce qui se traduit par une accumulation de liquide autour des poumons et du péricarde, que l’on appelle un « épanchement péricardique[8] ». Nous voyons cela quand le soldat traverse avec sa lance les poumons de Jésus (Jn 19.34). Il constate un écoulement de liquide et de sang. Dans l’ensemble du scénario, il faut tirer quelques conclusions. Quelle est la meilleure explication de la mort de Jésus?

La meilleure explication de la mort de Jésus, c’est qu’il est mort sur la croix. D’ailleurs, ce constat est fait par les proches du défunt, par les pharisiens, dont Joseph d’Arimathé est venu réclamer le corps (Jn 19.38), mais plus important encore, il a été fait par les soldats. Les soldats romains étaient spécialistes de la mort et ce n’était pas le premier qu’il voyait. Surtout le centurion qui en authentifiant la mort, il se portait garant du verdict.

En considérant les circonstances de sa mort, il est important de souligner l’argument du silence par les autorités juives. En effet, les autorités juives qui avaient revendiqué sa mort par crucifixion n’ont jamais apporté d’argument pour montrer que Jésus n’était pas mort sur la croix. Ce qui était admis par tout le monde de cette époque c’est que Jésus de Nazareth est mort sur la croix. Les évidences pointent toutes vers ce fait. Les arguments apportés par le coran ne peuvent donc pas tenir la route face aux évidences historiques. Autant leur argument ne tient pas en compte du contexte, des données médicales, ainsi que les témoins oculaires (juifs et romains) de ces événements, nous sommes dans l’obligation de tiré la conclusion que la meilleure explication est que Jésus est mort sur la croix.



[1] Il existe de nombreuses raisons de penser que Dieu existe. Le présent texte ne cherche pas à le démontrer. J’aimerais simplement référer à d’autres articles du site. Mais soulignons quand même que la résurrection de Jésus milite aussi dans ce sens, car elle demande l’existence de Dieu pour pouvoir avoir réellement eu lieu et les données historiques nous poussent vers cette explication.

[2] Dans d’autres blogues, nous regarderons d’autres évidences, comme celui du tombeau vide, l’existence de Dieu, les apparitions, ainsi que les explications alternatives.

[3] L’idée selon laquelle Jésus ne serait pas mort sur la croix se retrouve dans le Coran (Sourate IV : 156-157).

[4] Une bonne discussion sur la mort de Jésus se trouve dans le livre : Strobel, Lee, Jésus la parole est à la défense! Un journaliste d’expérience à la poursuite du plus grand événement de l’histoire, Vida, 1998, 217-232. Lee Strobel fit une entrevue avec Alexander Metherell, médecin et ingénieur. En ce qui concerne la mort de Jésus, quelques arguments sont résumés dans le présent texte.

[5] Pièce de bois souvent placer horizontalement, sur laquelle on clouait les bras.

[6] Choc Hypovolémique: Hypo: Bas Vole: volume émique: sang

[7] Produit parfois des évanouissements

[8] Certaine blessures sportives ont produit des effets similaires.