Je suis un chrétien bête et méchant, mais Dieu existe quand même.

traitedatheologie-185x300Au cours des quelques articles de blogue à venir, je vais m’engager dans une critique du livre « un traité d’athéologie » par le philosophe athée Michel Onfray, ayant pour but principal d’évaluer la substance et la validité de ses arguments. (Les numéros de page font référence à la version livre de poche, éditions Grasset & Fasquelle, parue en 2005).

Je commence ici par une brève discussion des accusations disséminées abondamment au travers de l’œuvre, proclamant la bêtise et le vice (parfois les deux) de la population croyante monothéiste. Dans un bref moment d’innocence rempli d’optimisme sincère, je me suis réjoui de lire en page 27 : « Je ne méprise pas les croyants, je ne les trouve ni ridicules ni pitoyables ». Mais à la lecture du reste du livre, j’en vins à me demander ce que Michel Onfray écrirait au sujet de personnes qu’il méprise et trouve ridicules et pitoyables, car des croyants en général ou des chrétiens en particuliers, il nous dit qu’ils sont « naïfs et niais » (p.28), que le christianisme est un ensemble de « névroses, psychoses », de « perversions », une « pathologie mentale personnelle », une « épidémie mentale » (p.29). L’athéisme, nous dit-on, « n’est pas une thérapie, mais une santé mentale retrouvée » (p.30). Les croyants sont des « mineurs mentaux » (p.32), souffrant d’une « névrose obsessionnelle », ou « psychose hallucinatoire » (p.132) ; Dieu « met à mort […] la raison, l’intelligence, l’esprit critique » (p.41) ; en bref, l’église est un endroit où « l’intelligence se porte mal » (p.67).

Onfray-300x225Étant moi même un des patients contaminés par cette maladie intellectuelle qu’on appelle le christianisme, il me sera peut-être difficile de convaincre le lecteur que ma revue rationnelle des arguments de Michel Onfray (un philosophe athée, présumé en parfaite santé mentale, donc) sera digne d’une lecture, mais commençons par appeler un chat un chat : toutes ces affirmations sont entièrement impertinentes vis-à-vis de la question la plus importante qui nous fait face : « Dieu existe-t-il ? ». Si le dessein de Michel Onfray est de nous éduquer par là sur la question de l’existence de Dieu ou la vérité du christianisme, alors cette ligne de pensée commet le sophisme appelé argumentum ad hominem : attaquer le messager au lieu d’attaquer son message. Mais c’est évidemment une stratégie invalide logiquement : même si les chrétiens sont bêtes et méchants, il ne s’ensuit pas un instant qu’ils ont tort ; c’est à dire que Dieu n’existe pas, ou que le christianisme n’est pas vrai. Attaquer les facultés intellectuelles ou le caractère des partisans d’une idée ne dit rien sur la vérité de leur croyance.

Alors évidemment, il serait presque tentant de répondre aux accusations en les battant à leur propre jeu, en listant un grand nombre d’intellectuels chrétiens impressionnants de l’histoire ou vivants aujourd’hui—Dieu sait s’ils sont nombreux—prouvant par là qu’il est possible d’être intelligent et chrétien, mais ne nous engageons pas dans ce débat inutile, et concédons plutôt toutes les attaques de Michel Onfray : tous les chrétiens sont soit mentalement déficients, soit moralement vicieux (soit les deux) ; il en reste que la question de la vérité de leurs croyances est intouchée, et il faudra donc régler cette question indépendamment, en étudiant les arguments rationnels plutôt que l’intelligence et la bonté de la population qui les adopte.

C’est avec cette étude des arguments que nous poursuivrons notre critique dans la partie suivante.

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