Écrit par Gilles Despins

Le mot ‘herméneutique’ est tiré du mot grec herméneia qui signifie ‘interprétation’. Il se réfère à la discipline d’interprétation du texte biblique et aux règles qui dirigent ce processus. Ces règles sont reliées aux mots du texte, à la structure, à la forme littéraire, au contexte et à l’arrière-plan. L’herméneutique est particulièrement déterminée par les présupposés concernant l’inspiration de la Bible et son inerrance[1]. L’herméneutique peut aussi être fortement sous l’influence des présupposés de l’interprète concernant les alliances bibliques, les différentes dispensations et la distinction entre Israël et l’Église.

 Mais c’est en fait notre herméneutique qui devrait déterminer notre système théologique. L’application de principes herméneutiques appropriés renforcera l’objectivité, forçant l’interprète à mettre de côté ses tendances. L’utilisation générale de l’Ancien Testament par Christ et les apôtres laisse comprendre qu’ils l’ont interprété dans son sens normal, c’est-à-dire avec une herméneutique littérale grammaticale-historique et ce, de manière cohérente.

 

L’HERMÉNEUTIQUE LITTÉRALE GRAMMATICALE-HISTORIQUE

Ceci signifie que la Bible devrait être interprétée et comprise dans son sens normatif, en appliquant les règles suivantes : 

  1. Culture – l’arrière-plan historique et culturel.
  2. Interprétation littérale – le sens d’un mot est déterminé par son usage normal.
  3. Contexte – l’étude d’un passage dans le paragraphe, dans le chapitre, dans le livre, et dans la Bible.
  4. Passages parallèles et cohérence théologique – il n’y a pas de contradiction dans la Bible.

QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE L’HERMÉNEUTIQUE LITTÉRALE ET L’HERMÉNEUTIQUE ALLÉGORIQUE ?

L’herméneutique littérale cherche à interpréter les mots dans leur sens normal, selon leur usage normal. À l’opposé, l’herméneutique allégorique “cherche à attribuer aux mots un sens secondaire qui n’est pas exprimé par les mots.”[2] Avec ce genre d’approche, il n’y a pratiquement aucune limite à l’interprétation: on peut faire dire au texte ce qu’on veut qu’il dise. Il n’y a probablement pas de meilleure façon pour justifier des concepts théologiques et des doctrines que d’interpréter le texte allégoriquement. Mais les concepts théologiques et les doctrines doivent provenir d’une approche herméneutique correcte; il faut chercher ce qui sort du texte et non pas ce que nous voulons y trouver.L’approche littérale grammaticale-historique reconnait également les formes littéraires particulières, les figures de style, et le symbolisme; mais ils sont facilement identifiables à l’intérieur de leur contexte. Il est probablement exagéré de qualifier l’interprétation allégorique comme étant ‘satanique’, comme Calvin l’a fait[4], mais elle doit être rejetée en raison de son incohérence.

 

QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE L’HERMÉNEUTIQUE LITTÉRALE ET L’HERMÉNEUTIQUE DE LA SPIRITUALISATION ?

L’allégorisation et la spiritualisation sont souvent confondues. Il est vrai que ces deux méthodes utilisent l’interprétation non-littérale des mots mais elles sont quand même distinctes. Christopher Cone a écrit: “Alors que l’herméneutique allégorique cherche en fait à résoudre les difficultés textuelles soulevées par l’interprétation littérale, la spiritualisation cherche un sens plus profond dans le texte et utilise la méthode allégorique pour y arriver.”[5] La spiritualisation est particulièrement utilisée dans la prophétie, ce qui résulte en un manque d’objectivité.

 

QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE L’HERMÉNEUTIQUE LITTÉRALE ET L’HERMÉNEUTIQUE DU GENRE ?

L’importance de l’étude de la forme littéraire est reconnue par tous les étudiants et érudits de la Bible. La Parole de Dieu nous est parvenue dans plusieurs formes littéraires. Scot McKnight écrit: “Les différents genres méritent tous leur propre manuel de principes d’interprétation.  Mais il ne fait aussi aucun doute que l’analyse grammaticale, les études de mot, la critique textuelle et le contexte culturel et historique doivent tous être considérés peu importe la forme littéraire”[6]. Bien que le genre soit important dans l’herméneutique, il ne doit pas être le principal facteur d’interprétation. L’approche littérale grammaticale-historique doit être constamment utilisée, peu importe la forme littéraire.



[1] L’inerrance des Saintes Écritures signifie que la Bible, ou plutôt, les manuscrits qui sont à l’origine de la Bible, ne contiennent aucune erreur, parce qu’ils ont été directement inspirés. Par contre, la copie et la traduction des manuscrits, étant exécutés par la science et la main de l’homme, ne sont pas absolument exempts d’erreurs. Mais il faut avouer que les erreurs dues à l’intervention humaine sont généralement de peu d’importance. Ces erreurs ne concernent pas les doctrines essentielles de la foi. Elles sont particulièrement mineures et en petit nombre.

[2] Couch, Mal,  AN INTRODUCTION TO CLASSICAL EVANGELICAL HERMENEUTICS, p.37.

[3] Ibid., p.37.

[4] Enns, P. P., THE MOODY HANDBOOK OF THEOLOGY, p.447.

[5] Cone, Christopher, PROLEGOMENA, p.138.

[6] McKnight, S., INTRODUCING NEW TESTAMENT INTERPRETATION, p.9.